Afrique de l'Est: Relations Internationales - La COI mise sur orbite

Le secrétaire général de la COI figurait parmi les participants du dernier Sommet de la Francophonie à Paris. Un signe de l'importance de cette organisation régionale dans les relations internationales.

Le tapis rouge. Sauf erreur, c'est une première dans les annales. Pour la première fois, un secrétaire général de la Commission de l'océan Indien (COI) figurait parmi les hôtes du président de la République française, Emmanuel Macron, lors du dîner officiel des chefs d'État au palais de l'Élysée, à l'occasion de l'ouverture du dernier Sommet de la Francophonie. Edgard Razafindravahy et son épouse ont ainsi eu droit au tapis rouge et ont été accueillis par le couple présidentiel français.

Un détail qui a toute son importance. Il s'agit là d'une reconnaissance du rôle primordial joué par la Commission de l'océan Indien dans la région et surtout au niveau international. Nommé secrétaire général de la COI cette année et installé il y a quelques jours, Edgard Razafindravahy arrive ainsi à point nommé. Une nouvelle fonction qui va bien avec son credo, son intime conviction, qui est de repartir depuis la base ou refondation.

Sa détermination et sa volonté de donner davantage d'influence, d'envergure et surtout d'efficacité à la COI n'ont visiblement pas échappé au président français. Quarante ans après l'Accord de Victoria et deux ans après la déclaration de Port-Louis qui a donné naissance à la COI, l'organisation prend ainsi un nouvel élan pour concrétiser ses ambitions.

La COI gère aujourd'hui plusieurs projets d'une importance capitale pour le développement de la région, pour la sauvegarde de l'environnement, pour la sécurité maritime, pour la santé publique, pour la gestion durable des ressources naturelles, pour la sécurité alimentaire, pour l'entrepreneuriat et pour les énergies renouvelables.

Des projets de quelques centaines de millions d'euros, résumés sous le slogan « COI, Horizon 2030 » et financés surtout par l'Union européenne et l'Aide française au développement.

Parmi ces projets figurent, entre autres, des thèmes hyper importants comme l'amélioration de la lutte contre la pollution maritime par le plastique, la valorisation des déchets, le développement des industries culturelles et créatives, la lutte contre le réchauffement climatique, la modernisation institutionnelle, la sécurité alimentaire et nutritionnelle.

Lors de son investiture, le nouveau secrétaire général a dévoilé un pan de son programme et de ses intentions. Il entend ainsi concrétiser la sécurité alimentaire dans la région. « C'est la priorité des priorités », a-t-il souligné. Et de l'idée à l'acte, il a tout de suite franchi le pas en annonçant la création d'un espace agricole pour chaque pays membre de la COI. Une mise en commun des ressources foncières pour produire les produits alimentaires essentiels.

La connectivité maritime constitue le second point d'ancrage du programme d'Edgard Razafindravahy. Jusqu'ici, ce domaine est plus ou moins inexploité alors que les cinq pays membres de la COI sont des îles. Une meilleure connectivité et mise en valeur des eaux territoriales de l'ensemble de la COI peuvent profiter à tout le monde.

Pour les autres domaines, le nouveau secrétaire général de la COI compte continuer sur sa lancée. Le moins que l'on puisse dire est que la COI a pris de l'étoffe et se trouve à la place qu'elle mérite.

Les projets en cours au sein de la COI

La Commission de l'océan Indien (COI) est engagée sur plusieurs fronts pour remplir sa mission et répondre aux attentes des États membres. Vingt-deux projets sont actuellement en cours, couvrant des domaines tels que l'économie bleue, la paix et la sécurité, ainsi que la lutte contre le changement climatique. Ci-après quelques exemples. (Source : Site web de la COI)

Le programme Ecofish

Le programme Ecofish contribue à la consolidation des acquis des États de la région en faveur d'une pêche durable, génératrice de croissance et d'emplois. En effet, la pêche reste un secteur moteur des économies régionales, qui contribue significativement à la sécurité alimentaire et nutritionnelle des populations. Cependant, avec l'augmentation des activités en mer et les défis que cela implique, il est nécessaire d'assurer une gestion durable des ressources partagées et de renforcer les différentes pêcheries de la région.

Entrepreneuriat et coopération commerciale

Ce projet, financé à hauteur de 8 millions d'euros par le 11e Fonds européen de développement, vise à promouvoir l'entrepreneuriat dans la région, notamment parmi les femmes, à faciliter les échanges commerciaux dans la région et avec l'Europe, et à améliorer la compétitivité régionale.

Les axes d'intervention du projet incluent la création d'un centre d'affaires européen qui fera le lien entre les opérateurs de la région et ceux de l'Union européenne, facilitant ainsi les opportunités d'affaires. Une ligne de crédit est également ouverte aux PME, avec une priorité donnée aux femmes et aux jeunes entrepreneurs, ainsi que le renforcement des capacités de ces derniers.

Le programme ExpLOI

Le projet ExPLOI, pour "Expédition Plastique Océan Indien", développé par la Commission de l'océan Indien (COI), est un projet innovant et d'envergure régionale d'une durée de 5 ans. Il s'inscrit à la croisée de problématiques économiques, écologiques et scientifiques cruciales pour l'Indianocéanie (région des îles du Sud-ouest de l'océan Indien).

Gestion des déchets

Ce projet consiste en l'élaboration d'un plan d'action pour la gestion des déchets dans la zone COI. L'augmentation des déchets va de pair avec la croissance de la consommation, et les pays membres de l'organisation ne font pas exception au constat mondial. La coopération régionale est une opportunité pour chaque île de travailler ensemble afin de mettre en place des solutions viables et efficaces pour la gestion et le traitement des déchets.

Gouvernance, paix et stabilité en Indianocéanie

Le projet "Gouvernance, Paix et Stabilité en Indianocéanie" vise à renforcer la paix, la stabilité et la gouvernance dans la région de l'océan Indien et au sein des États membres de la COI, tout en répondant aux besoins en matière de prévention des crises et de promotion de la paix et de la stabilité.

Le projet Hydromet

L'objectif de ce projet est de renforcer la résilience et la capacité d'adaptation des communautés régionales et nationales aux impacts du changement climatique dans les États insulaires du Sud-ouest de l'océan Indien. Financé par l'Agence française de développement et l'Union européenne à travers le programme Intra-ACP ClimSA, la COI a également sollicité un cofinancement du Fonds vert pour le climat. Parmi les principaux bénéfices, on compte l'amélioration des équipements hydrométéorologiques, des connaissances et du processus décisionnel, ainsi que des infrastructures de planification pour l'adaptation.

Développement des industries culturelles et créatives

Conformément aux missions premières de la COI, qui visent à renforcer les liens d'amitié entre les peuples de l'Indianocéanie et à bâtir un espace régional de développement durable, l'objectif global de ce projet est de créer des sociétés humaines plus inclusives. À travers la stimulation du secteur culturel régional, on attend une meilleure cohésion sociale, un sentiment d'appartenance régionale et un développement économique local lié à la structuration des acteurs culturels et de leur écosystème.

Le programme METISS

METISS, pour "Meltingpot Indianoceanic Submarine System", est un projet d'infrastructure numérique initié par la COI. Porté par des opérateurs privés de télécommunications de Madagascar, Maurice et La Réunion, ce câble sous-marin à très haut débit reliera Maurice, La Réunion et Madagascar à la bande passante internationale en Afrique du Sud. C'est une infrastructure partagée et ouverte qui participe à l'amélioration de la connectivité et de la compétitivité, ainsi qu'à la démocratisation de l'accès à l'internet.

PRéRAD-OI ou Plateforme régionale en recherche agronomique pour le développement

La Plateforme régionale en recherche agronomique pour le développement (PRéRAD-OI) a vu le jour en 2014, grâce à une volonté partagée entre la Commission de l'océan Indien (COI), l'État français, la Région Réunion et le Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (Cirad).

Elle fédère les principales institutions publiques, notamment les ministères, les organismes de recherche, les établissements d'enseignement supérieur et les instituts techniques chargés du transfert des connaissances dans les cinq pays membres de la COI : Madagascar, Maurice, France-Réunion, les Seychelles et l'Union des Comores.

Projet PRESAN

Le PRESAN est un cadre d'intervention adapté aux enjeux de sécurité alimentaire et nutritionnelle en Indianocéanie. Les États membres de la COI dépendent encore largement des importations pour répondre à leurs besoins alimentaires. Cette dépendance s'explique en partie par la faiblesse du commerce agricole intra-régional, qui ne représente que 4% des importations, ainsi que par les pressions exercées sur la capacité de production des États, notamment en raison des effets du changement climatique.

Cette situation engendre des déséquilibres alimentaires et nutritionnels dans les États membres de la COI. Les effets du fardeau multiple de la malnutrition affectent la santé publique et, par ricochet, le développement humain et économique. L'objectif du PRESAN est de promouvoir une augmentation de la production, de la productivité, de la compétitivité et des échanges inter-îles, afin de garantir une sécurité alimentaire et nutritionnelle à long terme en Indianocéanie. La stratégie repose sur la mise en oeuvre de facilités financières, techniques et réglementaires pour inciter les acteurs publics et privés à joindre leurs efforts, en vue d'atteindre l'Objectif de développement durable n°2 : «Faim zéro ».

Projet Intra-ACP : AMCC+ (Alliance mondiale de lutte contre le changement climatique+)

L'AMCC+, également connue sous son acronyme anglophone GCCA+, est une initiative phare de l'Union européenne pour aider les pays les plus vulnérables à faire face au changement climatique. Lancée en 2008, elle soutient particulièrement les États insulaires en développement et fragiles, en renforçant leur résilience aux effets du changement climatique. La COI a signé un contrat en décembre 2019 avec le Secrétariat de l'OEACP pour mettre en oeuvre un projet de renforcement des capacités de négociation et de mise en oeuvre des engagements pris dans le cadre de l'Accord de Paris. Ce projet, financé à hauteur de 1,6 million d'euros par le 11e Fonds européen de développement (FED), sera mis en oeuvre sur une période de 4 ans.

PSP - Sécurité portuaire et sûreté en mer

Mis en oeuvre par la COI et financé par l'Union européenne, ce programme bénéficie également de l'appui technique de l'Organisation maritime internationale (OMI), de l'Organisation des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC) et d'Interpol. Le projet collaborera avec plusieurs organisations régionales et internationales telles que le Comesa, l'EAC, et la SADC.

RECOS - Résilience des zones côtières de l'océan Indien

L'objectif global de ce projet est de renforcer la résilience des populations et des écosystèmes côtiers face aux effets du changement climatique en restaurant les services rendus par les écosystèmes. Le projet vise également à améliorer la gouvernance régionale et nationale des écosystèmes côtiers et marins, en mettant en place des chantiers innovants de restauration et d'exploitation durable des écosystèmes.

Réseau SEGA - One Health

Le réseau SEGA - One Health de la COI est une plateforme régionale de sécurité sanitaire créée en 2009, à la suite de l'épidémie de Chikungunya. Ce réseau rassemble plus de 400 professionnels de santé des États membres de la COI et est soutenu par l'Agence française de développement (AFD) et l'Union européenne depuis 2020.

Ce réseau favorise l'échange d'informations entre les services sanitaires des États membres et la mutualisation des ressources pour renforcer la surveillance sanitaire, la prévention des risques et les capacités d'intervention.

SANOI : Programme de sécurité alimentaire

Ce programme, financé par l'Union européenne, vise à réduire la malnutrition et l'insécurité alimentaire dans la région de l'océan Indien, en particulier chez les enfants de 0 à 5 ans et les femmes enceintes.

Sécurité maritime

Le programme pour la promotion de la sécurité maritime (MASE Programme), financé par l'Union européenne à hauteur de 42 millions d'euros, a débuté en 2013. Ce programme régional est mis en oeuvre par quatre organisations régionales, dont l'IGAD, qui en est le coordonnateur général.

SSIP ou Programme de renforcement de la sécurité sanitaire en Indopacifique

Ce programme, soutenu par l'AFD, vise à renforcer la sécurité sanitaire dans la région de l'océan Indien, du Pacifique et de l'Asie du Sud-est en promouvant une approche One Health. Il favorise la collaboration entre trois réseaux régionaux de surveillance épidémiologique : le réseau SEGA - One Health, le ROSSP de la Communauté du Pacifique, et le programme Ecomore piloté par l'Institut Pasteur en Asie du Sud-est.

TWENex : Transformation du secteur des déchets vers un lien déchets-énergie

Le projet TWENex vise à dynamiser les systèmes d'innovation nationaux et à renforcer les capacités de recherche et d'innovation dans le domaine de la valorisation énergétique des déchets. Mis en oeuvre par la COI et le Mauritius Research and Innovation Council (MRIC), ce projet bénéficie du financement de l'OEACP et de l'Union européenne.

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