L'une des principales charges des orfèvres merina est la confection des cercueils royaux. Andrianam-poinimerina en décide ainsi: désormais les inhumations des souverains ne se feront plus dans des pirogues de bois, mais dans des cercueils d'argent. Lui-même est déposé dans une bière faite avec des piastres et des chaînes d'argent offertes par les Grands du royaume.
Le cercueil de Radama Ier, son fils et successeur, est confectionné à l'aide de quatorze mille piastres. Ses dimensions considérables- (2m40 de long, 1m35 de large et 1m35 de haut) s'expliquent par l'épaisseur des nombreux linceuls qui entourent le corps.
À la mort de Rasoherina- épouse de Radama II qui, lui, est caché en catimini à Ilafy, pendant qu'on élève à côté du tombeau de Radama Ier, un mausolée de pierre pour recevoir son corps, les orfèvres royaux confectionnent avec vingt-deux mille piastres le précieux cercueil qui doit contenir le « masina ». La fonte du métal se fait dans la cour même du Palais. Selon Sibree, il faut cinquante piastres pour fabriquer chacune des plaques épaisses qui, soudées ensemble, permettent d'obtenir une bière de 2m40 de long.
« La reine Ranavalona II, elle, est inhumée dans le cercueil d'argent qui contenait déjà les restes de Ranavalona Ire» (Robert Valmy, 1958).
C'est Radama Ier qui envoie à La Réunion, en apprentissage, d'anciens orfèvres merina à qui il confie, par la suite, la célèbre décoration de grelots d'argent qui a valu son nom à la Tranovola. Plus tard, ils travailleront sous la direction de Jean Laborde.
Toujours selon Robert Valmy, ces grelots d'argent qui existaient encore en 1898 furent enlevées à cette époque à l'occasion de réparations et ne furent jamais remis en place. Il y a quelques vingt ans (c'est-à-dire vers 1938) nous en avons vus encore une trentaine de spécimens au Musée du Palais de la Reine. En réalité, il s'agissait, non de grelots vrais, mais de petites sphères de métal mince constituées de deux hémisphères emboîtés l'un dans l'autre, et suspendues à une chaînette également en argent pour être accrochées à quelques centimètres d'intervalle.
C'est aux orfèvres aussi que revient la responsabilité de fabriquer les sagaies officielles des « Tsimandoa », porteurs du courrier royal, ainsi que de grands vases dont les premiers sont faits sous Radama Ier. Des échantillons ont été remarqués au Musée du Palais de Manjakamiadana à côté de pots, plats et assiettes en argent.
Il semble du reste que les orfèvres royaux sont plus versés dans les objets de taille car les instruments de musique qu'ils fabriquent sous Ranavalona obtiennent un résultat médiocre. Tandis que les cuillers sont si fines qu'elles se plient rapidement à l'usage et le manche finit par se casser.
Néanmoins, ce ne sont que de rares exceptions puis-que leur habileté à confe-ctionner de délicats bijoux est prouvée. Tels les «sarinomby» des sorciers. Ce sont de petites statuettes de boeufs qui n'ont pas plus de 2 cm de haut et qui sont portées comme amulettes au poignet. On les trouve, du reste, fréquemment en vente sur les marchés.
Tel aussi le « famakivola », minuscule hachette d'argent percée d'un petit trou à suspension et figurant dans un grand nombre de talismans.
Les orfèvres merina ne travaillent que sur l'argent et jamais sur l'or. Il est vrai que seul le gouvernement peut envoyer des ouvriers extraire le métal précieux des alluvions de son royaume et dans le Code des 305 articles de Ranavalona II, à l'article 9, on peut lire: « Ceux qui extraient de l'or, de l'argent, des diamants ou battent monnaie seront mis aux fers pendant vingt ans. »
Dans les années qui précèdent la conquête française, le gouvernement merina accorde à quatre Européens un monopole pour l'extraction de l'or dans certaines régions bien déterminées, à condition de partager la récolte avec le Premier ministre Rainilaiarivony. Ce sont Léon Suberbie pour la région Boeny, Talbot pour celle d'Ankavandra, Harrisson Smith pour l'Antsihanaka et Kingdom pour la région d'Andriamena-Ambolomborona. Quelques parents de la reine et du Premier ministre exploitent aussi l'or, soit pour leur propre compte soit pour celui de l'État.