A quelque chose malheur est bon. Alors qu'au Moyen-Orient, la Palestine qualifiée de terre promise aux descendants d'Abraham, d'Isaac et de Jacob subit les bombardements israéliens depuis un an, une autre terre promise est en train de s'ériger à Fieferamanga.
Un petit paradis est en train de se construire dans ce village de la commune d'Arivonimamo, dans le cadre du projet Ankohonana Miarina. Comme son nom l'indique, il s'agit d'un village de réinsertion de familles en difficulté des quartiers insalubres de la capitale. Sept familles se sont déjà installées dans ce village de l'espoir de manière volontaire. À en juger la qualité des dix constructions déjà livrées qui seront suivies de soixante-treize autres, l'offre risque de ne pas suivre la demande.
C'est d'autant plus vrai que le village sera pourvu de toutes les commodités, à l'instar d'une école, d'un hôpital, d'un centre commercial... Un village dans une ville en quelque sorte.
L'objectif est de désengorger la capitale de son trop-plein de population, source de toutes les difficultés comme l'insécurité, les constructions illicites, les incendies, l'embouteillage, les ordures, les épidémies, la pollution... La création de nouvelles villes est la solution appropriée pour libérer et aérer la capitale, quoiqu'on en dise.
Plusieurs tentatives ont été effectuées dans le passé, mais elles ont toutes échoué justement parce que les émigrés n'étaient pas volontaires, ensuite parce qu'ils étaient envoyés dans un désert. C'était le cas d'Amoronimanga, dans le Bongolava, dans les années 80, et d'Andranofeno en 2016, où les victimes de la grande inondation de 2015 ont été installées. Ramassés par camion dans les rues de Tana et « déportés » à Amoronimanga, les « Quatre Mi » sont revenus de la même manière pour squatter de nouveau les rues de la capitale pour mendier, dormir et salir la ville. La tentative était un cuisant échec.
Andranofeno, les cent familles relogées dans ce village à proximité de la RN4 ont quitté une à une l'endroit où le confort promis n'était pas réalisé et où, également, les familles manquaient de ressources. Seules quatre-vingt-huit familles ont essayé de rester, mais le village a été abandonné actuellement malgré les efforts de l'État de le viabiliser à l'époque. Des expériences malheureuses qui ont servi de leçon et qui ont été prises en compte par les promoteurs du projet Ankohonana Miarina.
Alors, cette fois, la terre promise pourrait bien être la bonne, après les projets mirifiques de trente-cinq mille logements par an ou le paradis socialiste des années révolutionnaires. Comme quoi, il faut toujours y croire.