C'est depuis un petit studio niché dans le 13e arrondissement de Paris que trois journalistes font vivre Radio Erena, l'unique média indépendant érythréen. Dans ce pays tristement réputé pour les plus longues détentions de journalistes dans le monde, tous les médias appartiennent à l'État. Mais Radio Erena, qui signifie « Radio notre Érythrée » en tigrinya, pourrait bientôt être contrainte à fermer, faute de financement.
Cela fait presque 15 ans que les journalistes de Radio Erena et leur réseau de correspondants en exil font vivre leur média. Si les difficultés financières sont monnaie courante pour la radio indépendante, celle-là inquiète particulièrement Amanuel Ghimaï, le rédacteur en chef.
« C'est l'une des plus grosses crises que nous ayons connues. Donc, pour le moment, si nous ne pouvons pas obtenir le financement que nous attendons pour fonctionner, comme payer les satellites et les freelances, nous pourrions arrêter dans quelques mois », déplore-t-il.
Fondé par des journalistes exilés
Une fermeture qui mettrait fin à l'une des très rares sources d'information accessible aux Érythréens. Selon le dernier classement de Reporters sans frontières, l'Érythrée est le dernier pays au monde en matière de la liberté de la presse. C'est pour y remédier que Radio Erena a été fondée par des journalistes exilés en 2009 afin d'informer à distance, malgré le contexte compliqué.
« Être loin de ses sources d'information n'est pas un travail facile. Nos sources en Érythrée ne peuvent même pas être dévoilées, elles se contentent donc de nous envoyer des d'informations... Nous avons notre propre façon de vérifier les faits, parfois cela prend une semaine ou deux juste pour vérifier un bout d'information et confirmer si c'est vrai ou non. Donc oui, ce n'est pas un travail facile », note le rédacteur en chef.
Malgré tout, Amanuel Ghimaï et son équipe espère pouvoir trouver les fonds manquants avant la fin de l'année, afin de pouvoir continuer d'informer sur l'Érythrée.