Le tribunal de première instance de Jendouba a ordonné l'ouverture d'une enquête judiciaire sur des soupçons de corruption financière et administrative dans les domaines agricoles de Bedrouna et Chimtou, relevant de l'Office des terres domaniales (OTD). Cette décision intervient après la réception de signalements faisant état d'irrégularités graves et de pratiques douteuses ayant affecté ces complexes.
Selon Alaa Alaouadi, porte-parole du tribunal, les brigades d'investigation de Ghar Dimaou et de Jendouba ont été mandatées pour mener des enquêtes approfondies. Chaque unité sera chargée de collecter les preuves nécessaires et de transmettre ses conclusions au ministère public, qui décidera des suites judiciaires à donner.
Ces investigations font suite à une série de visites de terrain menées par une commission régionale présidée par le gouverneur de Jendouba, Hicham Hassoumi. Les inspections ont mis en lumière de nombreuses défaillances dans la gestion des complexes agricoles de Chimtou, Bedrouna et El-Koudia. Parmi les dysfonctionnements relevés figurent :
· L'incendie délibéré de semences agricoles en quantité significative ;
· La non-concordance entre les revenus déclarés et le potentiel des terres et des arbres fruitiers ;
· L'absence de respect des procédures de passation des marchés publics ;
· L'abandon de véhicules de fonction et la surévaluation des factures liées aux achats, à la restauration et à la location d'équipements agricoles ;
· La négligence des cheptels bovins et ovins, ainsi que des infrastructures et produits agricoles.
Des cas de détournement de biens de l'État ont également été constatés, notamment l'occupation illégale de logements de fonction et l'accaparement de parcelles de terre appartenant à l'OTD. Plus inquiétant encore, une fosse contenant les carcasses de dizaines de bovins a été découverte sur l'un des sites.
Ces abus auraient contribué à l'endettement massif des complexes agricoles, dont la dette cumulée atteint 60 millions de dinars, malgré des ressources considérables, notamment 5.500 hectares de terres fertiles.
Face à cette situation critique, un audit financier et administratif a été ordonné pour identifier les causes de cette gestion défaillante et envisager des solutions pour relancer ces complexes agricoles.
Le ministère public a parallèlement élargi l'enquête judiciaire aux deux domaines de Chimtou et Bedrouna, afin d'identifier et de traduire en justice les responsables de ces irrégularités.
Selon des observateurs locaux, cette affaire pourrait mettre en lumière des défaillances systémiques dans la gestion des terres domaniales en Tunisie, et servir de catalyseur pour une réforme urgente du secteur.