Base Toliara est de nouveau autorisée à poursuivre ses activités d'exploration du sable minéralisé de Ranobe. Près de sept cents millions de dollars d'investissement sont prévus.
C'était dans les tuyaux depuis quelque temps. Le conseil des ministres de mercredi a décidé de lever la suspension du projet d'exploration du sable minéralisé de Ranobe après cinq années de suspension. C'est l'aboutissement des négociations entre l'État et Base Toliara, promoteur du projet. Le communiqué diffusé par cette dernière évoque des avantages accrus pour la partie malgache avec une ampleur « historique » en matière de grands investissements miniers.
« Les conditions sont déjà entièrement remplies. Il se peut que cela prenne un certain délai, mais c'est un processus d'attente pour des résultats positifs. Il reste encore quatorze mois pour procéder aux diverses enquêtes détaillées, telles que les compensations foncières et l'examen des sites funéraires susceptibles d'être affectés », explique Herindrainy Olivier Rakotomalala, ministre des Mines.
Touchant deux communes du district de Toliara II, dont Ankilimalinike et Tsianisia, le sable minéralisé de Ranobe comporte notamment trois minerais dont l'ilménite qui compose la plus grande partie, le zircon et la rutile. La réserve qui s'étale sur quinze kilomètres est estimée à l'heure actuelle à douze millions de tonnes. Base Toliara prévoit une mine à ciel ouvert pour l'exploitation avec un objectif de six cent mille tonnes d'exportation par an, à raison de soixante mille tonnes par mois.
Outre la mine et l'usine d'extraction des minerais, les éléments majeurs des infrastructures sont, entre autres, composés d'une route qui servira à transporter, par des camions-wagons géants, les minerais. Il y a également la jetée qui servira à leur embarquement pour l'exportation. Cette dernière est située sur la plage Batery à Andaboy, à la sortie nord de Toliara.
Risque maîtrisé
C'était en 2019 que l'État avait décidé de suspendre les activités de Base Toliara. Une décision qui faisait suite à des voix de contestation et des manifestations contre le projet. Les contestataires s'appuient surtout sur les risques environnementaux que le projet pourrait entraîner, notamment la pollution marine. Les besoins importants en eau et la radioactivité figurent également parmi leurs chevaux de bataille. De son côté, le promoteur a toujours mis en avant l'existence d'études préalables liées aux inquiétudes des sceptiques et rassure sur un risque faible et maîtrisé avec les mesures déjà prévues.
Depuis quelques mois, voire quelques années, notamment après la crise de Covid-19, des voix qui réclament la reprise de ce projet commençaient à s'élever à Toliara, surtout dans les communes touchées. Associations, notables, techniciens et même des élus sont montés au créneau pour demander cette levée de suspension afin de donner de l'emploi aux jeunes.
« Notre cri de détresse était en tendu. Nous sommes reconnaissants que l'État permette à T oliara de disposer finalement d'une grande industrie », souligne Bokassa, leader des Jeunes influents de Toliara.
Selon les propos du ministre des Mines, Herindrainy Olivier Rakotomalala: « D'après ce que l'on a pu constater, les habitants de Toliara sont plus ou moins consentants à la situation actuelle. Mais qu'en est-il de la réalité de la ville ? Ce qu'il faut savoir, c'est qu'avec ce projet, Toliara va attirer des touristes. De manière générale, plusieurs demandes ont été faites pour approuver ce projet, mais d'autres se sont opposées à cette ouverture. Le gouvernement, après avoir pris en compte ces avis divergents, a finalement décidé de relancer le projet. »
Côté économique, outre la création d'emplois directs et induits, le projet Base Toliara devrait apporter jusqu'à cinq milliards de dollars à l'économie. Ce chiffre représente la redevance, les investissements sociaux et l'impôt sur le revenu qui s'élève à quatre millions de dollars par an. Pour un projet qui devrait durer trente-huit ans, le débat reste certainement ouvert sur ce montant.