Madagascar: Aides financières - La Banque mondiale bloque 468 milliards d'ariary

La Banque mondiale a retardé l'aide budgétaire de 468 milliards d'ariary à Madagascar en raison du non-respect de certaines conditions, comme les réformes dans des secteurs clés tels que la Jirama et des télécommunications.

Une nouvelle peu flatteuse pour Madagascar. La Banque mondiale a suivi l'attitude du Fonds monétaire international pour retarder le décaissement de son aide budgétaire. Sous conditions. Elle commence à faire bruire les salons feutrés. L'information du newsletterAfrica Intelligence qui circule sur les réseaux sociaux. Selon ses révélations, souvent fondées sur des faits avérés, « après le Fonds monétaire international (FMI, AI du 19/11/24), c'est au tour de la Banque mondiale (BM) de reporter un appui budgétaire de 468 milliards d'ariary pour Madagascar. Ce montant aurait dû être validé au plus tard en septembre 2024 pour un versement en décembre. Il est remis à la fin du premier trimestre 2025 ».

Ainsi, « cet appui reste toutefois conditionné à l'application par le ministère des Finances, dirigé par Rindra Hasimbelo Rabarinirinarison, des recommandations de la BM, représentée à Antananarivo par le Sénégalais Atou Seck. À l'heure actuelle, l'institution internationale estime que l'administration d'Andry Rajoelina n'a pas suffisamment satisfait aux prérequis réclamés par le board à Washington. Accès aux services financiers. Parmi ces actions préalables figure le plan de redressement de la Jirama, la société nationale d'eau et d'électricité, en déficit financier depuis plusieurs années. Il n'a, à ce jour, pas encore été validé par le gouvernement ».

Au plus pressé

Sur ce point, la venue de Ron Weiss à la direction générale de la Jirama devait accélérer le mouvement dans ce sens. Mais il semble que la persistance du délestage et la pénurie d'eau à grande échelle aient fait changer d'avis les dirigeants malgaches. Ils ont plutôt opté pour des solutions au plus pressé afin de désamorcer une crise sociale qui commençait à gagner en intensité dans plusieurs quartiers de la capitale dès la nuit tombée.

L'installation des vastes panneaux solaires, l'activation de la centrale thermique d'Ambohimanambola au mois de mars au plus tard, peuvent sauver ce qui peut encore l'être. Mais ne constituent pas, aux yeux des économistes de la Banque mondiale, les vraies thérapies pour soulager les maux qui gangrènent la Jirama depuis des années. Elle suggère un plan de redressement avec des chronogrammes précis et des échéances bien claires pour atteindre des performances tangibles.

La Banque mondiale a déjà exigé de la Jirama de rembourser des dépenses inéligibles, perdues dans les dédales des primes exceptionnelles, d'appliquer le système de tarification Optima et Optima Business, pour les abonnés particuliers et les entreprises. L'application de l'Optima Business a été énoncée dans un récent Conseil des ministres sans que l'on sache son effectivité. Avec encore une autre option moins lourde à supporter pour les industries qualifiées de « stratégiques ».

L'autre pomme de discorde concerne un détail d'une importance capitale. Comme le rapporte Africa Intelligence. « Dans le domaine des télécoms, la libéralisation des codes USSD (Unstructured Supplementary Service Data) n'a pas non plus été actée par l'administration de Andry Rajoelina. Elle doit permettre aux Malgaches, même habitant dans les zones les plus reculées du pays, d'accéder aux services financiers de base sans disposer d'une connexion Internet. Les codes USSD sont souvent utilisés via des téléphones portables pour accéder à des services bancaires, tels que les consultations de solde ou les recharges de crédit ».

Le gouvernement a répondu à cette sollicitation, mais un peu sur le tard. Réactif et non actif, comme c'est parfois le cas. Un atelier dédié à la finalisation du projet de décret sur les codes USSD a été organisé le 4 septembre 2024 dans les locaux de l'Autorité de régulation des technologies de communication, ARTEC, afin de recueillir les avis des acteurs du secteur des télécommunications et ceux du secteur financier concernés par ce projet. Il faudra aussi patienter pour la mise en oeuvre de ce cadre légal.

Africa Intelligence fait le bilan financier de ces couacs à répétition. « Le report de cet appui budgétaire de 468 milliards d'ariary s'ajoute à celui que le FMI était supposé verser à Madagascar. Il s'agissait de 103 millions de dollars, déblocables dans le cadre d'une facilité élargie de crédit (FEC) et d'une facilité pour la résilience et la durabilité (FRD). Ce versement a été remis à février 2025 ».

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