Au Tchad, la recrudescence de violences faites aux femmes et aux filles et des cas de viols fait débat. Même des agents de la police sont accusés d'être impliqués et sont sous la procédure de sanctions disciplinaires.
Cette situation a poussé la ligue tchadienne des droits de la femme à mettre en ligne une pétition internationale pour lutter contre ce fléau et pour exiger des actions urgentes des autorités et des organisations humanitaires.
A l'origine, de la pétition: l'agression sexuelle présumée d'une jeune lycéenne dans un sous poste de police du 7ème arrondissement de la capitale. La ligue tchadienne des droits de la femme entend recueillir 1000 signatures en trente jours pour exiger des autorités de N'Djamena et autres acteurs humanitaires des actions fortes et urgentes pour garantir la sécurité des femmes.
"On aimerait que beaucoup de gens signent cette pétition pour alerter l'opinion nationale et internationale pour que le monde soit au courant des vécus quotidiens des femmes et des cas de viols et des féministes sur les enfants. On a recueilli 500 signatures pour le moment mais nous avons sensibiliser les gens pour atteindre notre objectif", affirme Epiphanie Dionrang est la présidente de la ligue tchadienne des droits des droits de la femme.
Répondant à la préoccupation de ces femmes, le chef de l'Etat le Maréchal Idriss Deby Itno signe dans la foulée une ordonnance portant prévention et répression des violences à l'égard des femmes et des filles.
Tout en saluant la bonne volonté des autorités à travers la prise de cette ordonnance, elle soulève toutefois l'incohérence dans le texte qui selon, elle n'est pas de nature à éradiquer le phénomène surtout en ce qui concerne l'avortement.
"L'avortement est qualifié de violence et cette formulation pose un sérieux dilemme. Ça veut dire que les femmes qui auront des grossesses non désirées notamment à la suite de viol, sont condamnées à porter ces grossesses et cela représente une violence morale et psychologique qui ne fera qu'aggraver leur souffrance. Parce que le plaidoyer pour la ratification (du protocole) de Maputo qui permet l'avortement sécurisé et cette ordonnance fait l'amalgame et montre que le Tchad n'est pas encore prêt pour ratifier ce protocole malgré l'ampleur du problème", assure Epiphanie Dionrang.
Pour le sociologue Mbété Félix la recrudescence des violences physiques et psychologiques faites aux femmes a un facteur commun lié à l'impunité
"Beaucoup des gens pensent qu'ils peuvent le faire ce n'est qu'une femme et la plupart des coupables arrivent à échapper dans les mailles de filets du service de sécurité. et ces derniers même les responsables de la police à N'Djamena qui devait protéger les mineurs c'est eux qui les violent. Je disais en tant que sociologue il y a quelques années que le Tchad c'était un peu l'âge de la malhonnêteté mais maintenant c'est l'âge de l'irresponsabilité. Parce que ceux à qui l'État confie le pouvoir de protéger la population c'est eux même qui en abusent où sont complices" , lance le sociologue Mbété Félix.
Le ministre d'Etat, ministre de la femme et de la petite enfance Amina Priscille Longoh, exige la radiation des policiers présumés violeurs et estime que l'ordonnance prise par le chef de l'Etat peut contribuer à réduire ce phénomène qui gangrène la société.
"Si on était d'accord avec cette pratique je ne demanderais peut-être pas même la radiation de certaines personnes qui sont supposés protéger qui malheureusement n'assument pas ce rôle capital qui est le l'heure. Pour nous les droits des femmes ne sont pas négociables et peu importe la personne qui exerce une violence que ce soit physique, sexuel ou psychologique contre les femmes subira la rigueur de la loi. Pour exemple, le chef de l'Etat vient de signer l'ordonnance portant prévention et répression des violences faites aux femmes et des grandes décisions vont suivre pour montrer la rigueur à l'encontre des contrevenant", indique Amina Priscille Longoh.
La ligue tchadienne des droits de la femme affirme qu'elle A enregistré au courant de ce mois de janvier plus d'une quinzaine de cas de féminicides et de viols au Tchad.