Afrique: Dernier hommage rendu au président Hage Geingob par les Namibiens et chefs d'États africains

« Homme d'État visionnaire », « héros de l'indépendance », « un pilier de soutien »... Plusieurs chefs d'États africains ont rendu hommage samedi 24 février 2024 au président de la Namibie, Hage Geingob, mort le 4 février dernier d'un cancer à l'âge de 82 ans. L'émotion, ce samedi, était forte lors de ses obsèques au stade de l'indépendance dans la capitale Windhoek.

Enveloppé dans le drapeau de la Namibie, le cercueil de Hage Geingob est porté en procession par des militaires, devant un stade rempli. Tout premier ministre de la Namibie indépendante en 1990 puis président de la République à partir de 2015, Hage Geingob a marqué les esprits.

Dans les tribunes, plusieurs chefs d'États africains sont présents. L'Angolais João Lourenço dit partager « la douleur du peuple namibien ». Le Burundais Évariste Ndayishimiye salue « l'un des plus grands hommes d'État d'Afrique ». La présidente éthiopienne Sahle Work Zewde honore « le combat livré par Hage Geingob en faveur du peuple namibien ».

De son côté, le président de la République Démocratique du Congo, Félix Tshisekedi, rend hommage à « un combattant de la liberté [...]. Le docteur Geingob aura marqué d'une empreinte indélébile la destinée de tout un peuple et inspirée bien des leaders par sa vision d'une Namibie harmonieuse et prospère, mais aussi par son combat pour une Afrique intégrée, développée et mieux représentée, notamment dans le concert des Nations »

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Un militant anti-apartheid respecté, Hage Geingob a passé près de 30 ans en exil au Botswana et aux États-Unis. Durant sa présidence de 2015 à 2024, il a fait face à la pandémie de Covid-19, la récession mondiale et le changement climatique, qui a provoqué une grave sécheresse.

Unification de la nation, mais des inégalités encore très fortes

Le président namibien a oeuvré à rassembler la nation, estime Henning Melber, professeur à l'Université de Pretoria et spécialiste de l'histoire namibienne. « Hage Geingob faisait partie de la première génération de la lutte anticoloniale. Il garde aussi l'image d'un modernisateur. Je pense qu'il a laissé une marque en tant que troisième président de la République indépendante de Namibie en proposant la métaphore de la maison namibienne. C'est une maison où chacun doit avoir sa place, où personne ne doit être laissé de côté. »

Mais Henning Melber nuance toutefois ce bilan, car le président Geingob n'a pas su effacer les inégalités dans le pays : « La Namibie reste le deuxième pays le plus inégalitaire au monde. Les disparités sociales n'ont pas reculé sous sa Présidence. Quand il était en fonction, il a souvent été critiqué pour ne pas avoir tenu ses promesses. Mais lorsque la nouvelle de sa mort a été annoncée, tous les Namibiens ont été sous le choc. Donc je pense que cette réaction générale a simplement montré qu'il était un homme du peuple, qu'il fait partie de la nouvelle Namibie et du trésor des Namibiens. »

Le corps de Hage Geingob est resté exposé au stade de l'indépendance toute la nuit de samedi. Ce dimanche, il sera inhumé au Heroes Acre, un monument national, dans le sud du pays. Plus de 40 000 personnes ont assisté à ses obsèques nationales au stade de l'indépendance dans la capitale Windhoek.

Félix Tshisekedi et Joseph Kabila présents aux obsèques du président namibien

Depuis la passation de pouvoir entre les deux présidents, le 24 janvier 2019, les deux hommes n'étaient pas apparus au même évènement. Après cette investiture, ils étaient un temps restés en contact alliés au Parlement jusqu'à la rupture à la fin de l'année 2020. Depuis, Félix Tshisekedi et Joseph Kabila n'ont officiellement pas eu de contact. Le camp de l'ancien chef de l'État a même boycotté le dernier cycle électoral qui a vu l'actuel président être réélu. Lors de la cérémonie d'investiture, en janvier, Joseph Kabila, bien qu'invité, n'était pas présent. Officiellement retenu en Afrique du Sud dans le cadre de ses recherches universitaires. En dépit de ces rapports tendus, il n'était pas question pour les deux hommes de ne pas se rendre en Namibie. « Il faut saluer cette figure de l'indépendance et souligner les bonnes relations entre les deux pays », expliquait il y a quelques jours un proche de Félix Tshisekedi. Le président Hage Geingob devait d'ailleurs assister à son investiture le 20 janvier dernier à Kinshasa, un contre-temps de dernière minute l'en avait finalement empêché.

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