Afrique: Les Nations Unies s'engagent à aider la Somalie à agir 'pour son peuple'.

La Somalie reste résiliente et fortement engagée dans la construction de l'État, mais des efforts supplémentaires sont nécessaires pour maintenir les progrès réalisés dans la lutte contre l'insurrection terroriste, a déclaré lundi le représentant spécial des Nations Unies dans le pays au Conseil de sécurité.

Catriona Laing, qui dirige également la Mission d'assistance des Nations Unies en Somalie (UNSOM), a informé les ambassadeurs de l'évolution de la situation dans huit domaines, notamment la politique, la sécurité, la participation des femmes à la vie politique et les affaires humanitaires.

Elle a exprimé le "soutien indéfectible des Nations Unies au programme de construction de l'État" en Somalie, soulignant que le soutien du Conseil est essentiel à la réussite du pays.

"Grâce à notre soutien collectif, la Somalie démontre qu'un pays peut sortir d'un conflit prolongé pour devenir un pays qui répond aux besoins de sa population et qui agit comme une force positive dans la région", a-t-elle déclaré.

De solides progrès

L'UNSOM travaille avec le gouvernement fédéral de Somalie et les États membres fédéraux pour soutenir la réconciliation nationale et fournir des conseils stratégiques et politiques sur des questions telles que la consolidation de la paix et l'édification de l'État, entre autres tâches mandatées.

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Une force de l'Union africaine (UA) dans le pays, ATMIS, est en cours de retrait. La Somalie a demandé une mission plus petite de l'UA, axée sur la protection, ainsi qu'un soutien logistique des Nations Unies pour renforcer les systèmes et les capacités nationales.

Mme Laing a indiqué que le gouvernement fédéral avait réalisé de solides progrès au cours des derniers mois dans la mise en oeuvre de ses priorités. Parmi ces "réalisations très importantes" figurent l'achèvement d'une feuille de route essentielle en matière de sécurité, l'adhésion au bloc régional de la Communauté d'Afrique de l'Est et la levée d'un embargo sur les armes décrété par le Conseil de sécurité.

Des événements tragiques

Cependant, 2024 a connu un début difficile pour la "famille des Nations Unies" en Somalie, qui continue à travailler pour assurer le retour en toute sécurité du personnel à bord d'un hélicoptère des Nations Unies qui aurait été saisi par des militants d'Al-Shabaab le 10 janvier.

Le lendemain, un membre d'une unité de la force de garde des Nations Unies a été tué lors d'une attaque par tirs indirects d'Al-Shabaab contre le complexe des Nations Unies dans la capitale, Mogadiscio.

"Malgré ces événements tragiques, nous restons déterminés à soutenir la Somalie dans son programme très ambitieux pour l'année à venir", a-t-elle assuré au Conseil.

Maintenir l'élan, parvenir à un consensus

Sur le plan politique, Mme Laing a indiqué que le nouveau modèle électoral proposé pour la Somalie continue de faire l'objet d'un débat intense. Le large soutien de l'opinion publique à la transition vers des élections fondées sur le principe "une personne, une voix" s'est accompagné d'une prise de conscience du caractère trop ambitieux du calendrier proposé.

Les Nations Unies travaillent avec les autorités à l'élaboration d'un plan réaliste qui garantira le maintien de l'élan vers le principe d'une personne et d'une voix. L'organisation mondiale s'est également félicitée de l'approbation par le Parlement des règles de procédure pour les changements constitutionnels.

"Il est maintenant urgent de parvenir à un consensus inclusif sur le cadre électoral. En ce qui concerne la constitution, nous encourageons toutes les parties à s'engager dans un esprit de compromis pour finaliser le processus", a-t-elle déclaré.

"Sans une constitution approuvée, la Somalie reste vulnérable à des crises permanentes sans règles du jeu convenues pour permettre leur résolution.

Un accord controversé

Abordant les développements régionaux, Mme Laing a informé le Conseil du protocole d'accord annoncé le mois dernier par l'Éthiopie et le "Somaliland", la région sécessionniste du nord. L'accord accorderait à l'Éthiopie un bail de 50 ans sur 20 kilomètres de côtes en échange de certains avantages politiques et économiques.

Bien que tous les détails ne soient pas disponibles, les déclarations publiques concernant le protocole d'accord ont suscité de vives réactions hostiles. En outre, le groupe terroriste Al-Shabaab a exploité la situation comme outil de recrutement, ce qui est inquiétant.

"Nous reconnaissons que les fortes émotions en Somalie font pression sur le gouvernement pour qu'il réagisse, et nous encourageons le président à rester mesuré dans sa réponse", a déclaré Mme Laing.

"Je me fais l'écho des propos du Secrétaire général qui a rappelé que le Conseil de sécurité a affirmé à plusieurs reprises son respect pour la souveraineté, l'intégrité territoriale et l'unité de la Somalie, et a appelé toutes les parties à s'engager dans un dialogue pacifique et constructif et à s'abstenir de toute parole ou action incendiaire susceptible d'aggraver les tensions".

Combattre Al-Shabaab

Entre-temps, la lutte contre Al-Shabaab reste une priorité absolue du gouvernement, et les autorités se préparent maintenant à reprendre des opérations à grande échelle après les fortes pluies et les inondations qui ont entravé l'activité vers la fin de l'année dernière.

La stabilisation des zones nouvellement récupérées a connu une évolution positive, notamment en ce qui concerne l'État de droit, la gouvernance, la réconciliation et la fourniture de services de base, et elle a exhorté les partenaires à soutenir les programmes des Nations Unies déployés dans ces endroits.

Le transfert des responsabilités en matière de sécurité aux autorités en décembre a également constitué une étape symbolique importante pour la Somalie, et la deuxième phase du retrait de l'ATMIS s'est achevée avec succès à la fin du mois de janvier, malgré des retards.

Comme la planification d'une nouvelle mission dirigée par l'UA est en cours, Mme Laing a déclaré que les plans de retrait pourraient devoir être révisés afin de permettre une transition en douceur et d'empêcher l'apparition d'un vide en matière de sécurité.

Respecter les quotas

La participation et la représentation politiques des femmes restent un autre défi de taille et les Nations Unies continuent de soutenir les efforts visant à atteindre un quota de 30 % parmi les parlementaires.

Mme Laing a rencontré des femmes leaders qui ont insisté sur le fait que le minimum de 30 % doit être inscrit dans la constitution actuellement en cours de révision. Elles ont également exprimé leur soutien à l'approche "une personne, une voix" et se sont fermement opposées au protocole d'accord, avertissant qu'il pourrait déclencher des conflits qui affecteraient de manière disproportionnée les femmes et les jeunes filles.

Elle a indiqué au Conseil que la crise humanitaire en Somalie restait grave. L'année dernière, la Somalie a connu la pire sécheresse depuis des décennies, suivie de fortes pluies et d'importantes inondations qui ont touché plus de 2,4 millions de personnes.

Un plan humanitaire de 1,6 milliard de dollars pour cette année vise à aider 5,2 millions de personnes les plus vulnérables. Bien que cela représente une réduction de près de 40 % par rapport à 2023, cela correspond à une nouvelle approche plus ciblée, compte tenu de la diminution du financement humanitaire à l'échelle mondiale.

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