Libye: Le représentant spécial des Nations Unies démissionne

Abdoulaye Bathily, commission UA

L'émissaire des Nations unies pour la Libye, Abdoulaye Bathily, a rendu sa démission le 16 avril, évoquant une impossibilité pour l'organisation d'« agir avec succès » pour soutenir le processus politique face à des dirigeants qui placent « leurs intérêts personnels au-dessus des besoins du pays ».

Abdoulaye Bathily se dit « très déçu et très découragé » du comportement des responsables libyens, accusés d'égoïsme. Il a fini par présenter sa démission au secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, avant de l'annoncer lors d'une conférence de presse à l'issue d'une réunion du Conseil de sécurité où il a dressé un tableau très sombre de la situation en Libye, déchirée par une guerre civile depuis 2011.

« Depuis la fin de 2022, les efforts déployés par les Nations unies pour aider à résoudre la crise politique en Libye, par le biais d'élections, se sont heurtés à des pressions nationales et régionales, révélant un défi intentionnel à s'engager sérieusement et une ténacité à retarder perpétuellement les élections », a-t-il déclaré.

La Mission des Nations unies pour la Libye «a fait beaucoup d'efforts ces dix-huit derniers mois sous ma direction », mais « ces derniers mois, la situation s'est détériorée », a noté Abdoulaye Bathily, dénonçant « le manque de volonté politique et de bonne foi des dirigeants libyens qui sont contents de l'impasse actuelle ». « C'est très triste, parce qu'en Libye aujourd'hui, l'essentiel de la population veut sortir de cette galère ». Mais « dans ces circonstances, il n'y a aucun moyen pour l'ONU d'agir avec succès », a-t-il jugé, ne voyant « pas de place pour une solution politique ».

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Lors de la réunion du Conseil, Abdoulaye Bathily avait annoncé le report de la conférence nationale de réconciliation inter-libyenne prévue le 28 avril, à une date indéterminée. « Il est décourageant de voir des individus en position de pouvoir mettre leurs intérêts personnels au-dessus des besoins de leur pays », a-t-il lancé, partageant son « profond sentiment de déception ».

« La détermination égoïste des dirigeants actuels à maintenir le statu quo par des manœuvres et tactiques dilatoires, aux dépens du peuple libyen, doit stopper », a-t-il plaidé. Il a notamment regretté que ses tentatives de répondre aux préoccupations des diverses parties aient été accueillies par « une résistance obstinée, des attentes déraisonnables et une indifférence face aux intérêts de la population ».

Abdoulaye Bathily a exhorté les dirigeants libyens à parvenir à un règlement politique ayant pour base « des négociations et des compromis » et a déclaré : « Nous ne pouvons pas laisser les aspirations de 2,8 millions d'électeurs libyens enregistrés être éclipsées par les intérêts étroits de quelques-uns ».

« Je pense que ce qui l'a convaincu de jeter l'éponge, c'est la conviction que les choses ne bougeaient pas. À chaque fois qu'il y avait un nouvel acquis, il était devenu difficile de consolider cet acquis pour franchir une nouvelle étape et d'avoir un horizon pour la résolution de cette crise. Il n'a pas eu le sentiment que les parties libyennes étaient prêtes à trouver une solution », a dit Seidik Abba, président du Centre international d'études et de réflexion sur le Sahel.

Historien et homme politique sénégalais, Abdoulaye Bathily a été nommé à la tête de la Mission des Nations unies en Libye en août 2022, après des mois de vacances du poste suite à la démission abrupte de son prédécesseur Jan Kubis en novembre 2021. Il a pris ses fonctions à l'automne suivant et a mené plusieurs initiatives pour rapprocher les Libyens et mener le pays vers les élections qui devraient sortir la Libye de la période de transition qui s'éternise depuis 2011.

L'impasse politique en Libye se poursuit entre le gouvernement d'unité nationale reconnu par les Nations unies, basé à Tripoli et dirigé par le Premier ministre, Abdul Hamid Mohammed Dbeibah, et le gouvernement de stabilité nationale, dirigé par le Premier ministre, Osama Hamad, et aligné avec la Chambre des représentants et l'Armée nationale libyenne sous le commandement du général Khalifa Haftar.

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