Burkina Faso: Expulsion de trois diplomates français du pays - L'épais nuage entre Ouaga et Paris n'est pas prêt à se dissiper

Capitaine Ibrahim Traoré, président de la transition au Burkina Faso

C'est un nouveau coup de froid dans les relations déjà assez glaciales entre le Burkina Faso et la France depuis la prise du pouvoir par le capitaine Ibrahim Traoré. En effet, trois diplomates français viennent d'être déclarés «persona non grata» par les autorités burkinabè sur le territoire national. Selon une note du ministère en charge des affaires étrangères, adressée à l'ambassade de France à Ouagadougou, ces trois diplomates dont deux conseillers politiques de l'ambassade, sont accusés «d'activités subversives» et sont sommés de quitter le pays dans un délai de 48 heures. Paris qui n'a pas tardé à réagir, rejette ces accusations qu'elle qualifie «d'infondées». On le sait, en Afrique, il n'est pas de coutume de mettre un étranger à la porte, à moins que ce dernier ne devienne trop encombrant pour son hôte.

Et visiblement, l'invité gaulois semble devenu, depuis un certain temps, trop encombrant pour ses hôtes burkinabè. Le pays des Hommes intègres semble prêt, en tout cas, depuis l'avènement des nouvelles autorités de la Transition, à couper le cordon ombilical pour, dit-il, assumer pleinement sa souveraineté et son indépendance vis-à-vis de son ancien maître. C'est dire si la décision du gouvernement burkinabè de Transition est loin d'être une surprise. C'est le signe que les choses ne sont pas prêtes à s'arranger entre le Burkina Faso et la France. En effet, ce n'est un secret pour personne.

Le Coq gaulois a laissé assez de plumes dans ce qui était sa basse-cour

Les relations entre les deux pays se sont dégradées si elles ne sont pas au bord de la rupture, depuis le coup d'Etat de septembre 2022. Dès lors, une méfiance d'ennemis jurés s'est installée entre Paris et Ouagadougou. C'est dans ce contexte tendu que les militaires français, de la force Sabre précisément, ont été contraints de quitter le territoire burkinabè. C'est dans ce même contexte que l'ambassadeur de France à Ouagadougou, dont les autorités burkinabè avaient demandé le remplacement, a été rappelé, en janvier 2023, par Paris qui ne l'a, depuis lors, pas encore remplacé. Et ce n'est pas tout. En décembre 2023, quatre fonctionnaires français, accusés d'être des agents de renseignements par les autorités de la Transition, ont été interpellés avant d'être placés en résidence surveillée.

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On se rappelle aussi l'expulsion en septembre 2023, de l'attaché militaire de l'ambassade de France, lui aussi, accusé, à l'époque, «d'activités subversives». Sans oublier le personnel militaire français en service dans les administrations militaires qui a été invité à quitter le pays en mars 2023. Ce sont autant d'éléments qui montrent que le Coq gaulois a laissé assez de plumes dans ce qui était sa basse-cour, à une époque encore récente. En fait, la France est en train de perdre considérablement pied dans son pré-carré sahélien. Parce que les misères qu'elle vit au Burkina, sont les mêmes qu'elle vit au Mali tout comme au Niger. Ces trois pays qui se sont réunis au sein de l'Alliance des Etats du Sahel (AES), ont fait le choix de tourner la page de l'ancienne puissance coloniale et de se diriger vers d'autres partenaires dont la Russie de Vladimir Poutine.

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