Ile Maurice: Ambiance - De l'Assemblée à... Macondé

La réponse à la PNQ avait des allures de monologue. Le ministre des Infrastructures publiques Bobby Hurreeram semble avoir fait mieux que son leader, Pravind Jugnauth, qui donne d'habitude de longues réponses afin de répondre à un minimum de questions.

La réponse du ministre a en effet duré 27 minutes, alors que le temps alloué à cette tranche est de 30 minutes... Pourtant, dès le départ, le leader de l'opposition, Shakeel Mohamed, avait attiré l'attention du speaker, en soulevant un point de droit, peu après que le ministre a déclaré qu'il fallait faire preuve de patience car sa réponse allait être extensive.

Il est alors 11 h 38. «Je rejette votre point de droit. Vous donnez des ordres au speaker. Vous n'avez pas le droit de le faire», lâche Phokeer. «Ce n'est pas un ordre, mais seulement une demande», fait valoir Mohamed. 11 h 55. Le leader de l'opposition ainsi que d'autres élus commencent à perdre patience. «Sé enn diskour sa», déclare Patrice Armance à son leader, Xavier-Luc Duval.

Pour sa part, Reza Uteem échange quelques mots avec le whip, Patrick Assirvaden, tout en secouant la tête d'un air désolé. «Inacceptable», ajoute Stéphanie Anquetil, alors qu'Aadil Ameer Meea convainc Shakeel Mohamed que le ministre n'a pas le droit d'agir ainsi. «Ki létan mo resté pou poz kestion», se demande-t-il. À 11 h 57, face aux agitations des membres de l'opposition, Sooroojdev Phokeer semble faire un geste. Il demande, avec peu d'autorité, au ministre de ne pas s'égarer dans sa réponse. En vain. «Aster-la linn fini al Macondé», ironise Patrick Assirvaden alors que le ministre parle des projets dans divers endroits du pays.

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«Je vous arrête»

La pendule de l'Assemblée nationale affiche midi quand Bobby Hurreeram annonce qu'il va maintenant élaborer sur ce qui a été fait dans des régions de Port-Louis, affectées par les inondations, alors qu'il est prévu que la PNQ se termine à 12 h 08. «Est-ce que l'honorable ministre pourra faire circuler le document comme c'est la pratique», réclame le chef de l'opposition.

Le speaker intervient immédiatement auprès du... député de l'opposition. «Est-ce un point de droit ? Vous ne devez pas crier et vous mettre débout. Vous devez suivre les procédures tout en soulevant poliment un point de droit», maintient le président de la Chambre. «Je ne suis pas débout. Je soulève un point de droit. Il a pris plus de 25 minutes. S'il vous plaît, pouvez-vous intervenir auprès du ministre...» réclame Mohamed. «Vous mettez en doute ma juridiction ? Je rejette votre point de droit», rétorque Sooroojdev Phokeer.

Il est 12 h 04 quand Bobby Hurreeram termine son marathon verbal. «J'espère que j'aurai droit à cinq questions», lance Shakeel Mohamed au speaker, mais il n'aura droit qu'à deux questions supplémentaires. Le leader de l'opposition exige en outre que Bobby Hurreeram s'excuse auprès des familles affectées par les inondations à Tranquebar, dimanche. «Je vous arrête. Vous n'avez pas le droit de lui demander de s'excuser», insiste le speaker. À 12 h 09, Sooroojdev Phokeer met fin la séance dédiée à la PNQ. «Il a pris 27 minutes pour donner sa réponse», proteste une nouvelle fois Shakeel Mohamed.

Durant la tranche réservée aux questions adressées aux ministres, Ehsan Juman a droit à une leçon du speaker, qui lui montre comment poser une question parlementaire, et ce, avant même que le député n'ait ouvert la bouche. Le parlementaire de Port-Louis tente quand même de savoir si le ministre de la Santé estime normal que des heures supplémentaires n'ont pas été payées. «Vous n'avez pas le droit de demander son opinion à un ministre», intervient Sooroojdev Phokeer.

Pourtant, lors de la séance du 12 décembre dernier, ce même speaker avait permis à Ashley Ittoo de rechercher l'opinion du Premier ministre Pravind Jugnauth sur la présence d'Ehsan Juman dans la zone portuaire. Il avait demandé au chef du gouvernement de «react» sur deux cas impliquant ce député.

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