La route est longue vers l'auto-suffisance promise en carburant au Nigeria. À Lekki, dans la banlieue de Lagos, un an après son inauguration en grande pompe, la gigantesque raffinerie construite par le milliardaire Aliko Dangote n'atteint toujours pas sa pleine capacité de production d'essence.
La raffinerie n'arrive pas à s'approvisionner en pétrole brut en quantité suffisante, un paradoxe pour le pays présenté comme le premier producteur de pétrole d'Afrique. Après s'être tourné vers les États-Unis et le Brésil pour se fournir en brut, Dangote regarde à présent sur le continent africain. « Des discussions sont en cours avec la Libye », déclarait ce week-end le vice-président de la société Dangote à l'agence de presse Reuters. Devakumar Edwin ne donne pas de détails sur les négociations, mais évoque aussi l'Angola et peut-être d'autres pays africains pour se fournir en pétrole brut.
En principe, la gigantesque raffinerie Dangote - l'une des plus grandes d'Afrique dont la construction a coûté vingt milliards de dollars - doit atteindre une capacité de production de 650 000 barils/jour d'essence, gasoil et kérosène. Mais, depuis le lancement de ses activités, en janvier, elle n'a pas pu s'approvisionner en quantité suffisante de pétrole brut.
La NNPC, la compagnie pétrolière nationale nigériane, devait fournir 300 000 barils de brut à raffiner par jour, mais à cause des vols, des détournements sur les oléoducs ou encore par manque d'investissement, elle ne parvient pas à respecter ses engagements.
Le milliardaire Aliko Dangote promettait de mettre fin à la dépendance du Nigeria aux importations de carburant étranger en répondant intégralement à la demande intérieure. Pourtant, une partie du gasoil que sa raffinerie a déjà commencé à produire - une fois racheté par les géants Trafigura, Vitol et BP - est destinée à l'exportation.