Au Nigeria, le conflit entre le milliardaire Aliko Dangote et les autorités du secteur pétrolier pourrait affaiblir un peu plus l'économie et la réputation du pays, selon les observateurs.
Aliko Dangote a investi 20 milliards de dollars pour construire une méga raffinerie capable d'assurer l'autosuffisance en carburant de toute l'Afrique de l'Ouest. Si ce n'est qu'il peine toujours à s'approvisionner localement en pétrole brut. Ces dernières semaines, le milliardaire multiplie les accusations contre les acteurs du secteur pétrolier, soupçonnés de vouloir lui barrer la route.
C'est une guerre de communication qui semble enclenchée entre Aliko Dangote et les agences étatiques du secteur pétrolier.
Le magnat accuse notamment l'Autorité nigériane de régulation du secteur intermédiaire et aval (NMDPRA) de permettre l'entrée sur le marché de carburant bon marché et de très mauvaise qualité -- qui fait concurrence à celui produit au sein de sa raffinerie. Celle-ci avait été inaugurée en grande pompe en mai 2023 par le président Buhari et était estimée en capacité de raffiner quelque 650 000 barils par jour, soit environ deux fois et demie la consommation du Nigeria. Pour autant, la gigantesque raffinerie n'atteint toujours pas sa pleine capacité de production d'essence.
Aliko Dangote est allé encore plus loin en affirmant publiquement que des cadres de la Compagnie nationale pétrolière du Nigeria, la NNPC, « ont ouvert une usine pour produire des produits pétroliers mélangés [à d'autres substances chimiques] au large de l'île de Malte ».
Ce mardi, le patron de la NNPC a été contraint de publier un communiqué pour démentir en personne ces accusations. Quant au chef de l'Autorité de régulation, il a mis en garde contre le monopole que pourrait exercer Aliko Dangote sur le marché des produits raffinés.
Une remarque qui a suscité l'indignation des chefs de file de l'opposition nigériane... Le patron de la Banque africaine de Développement, Akinwumi Adesina, a lui aussi pris position en faveur du milliardaire : « Qui voudrait investir dans un pays qui dénigre son plus grand investisseur ? », a-t-il notamment mis en garde.