Le moins que l'on puisse dire, c'est que le Président kenyan, William Ruto, traverse des moments difficiles. Face à la fronde contre la loi des finances 2024-2025, il cherche à éteindre le feu, mais la mission s'avère délicate.
Pour calmer la rue qui n'a de cesse de gronder, William Ruto a limogé la quasi-totalité des ministres de son cabinet. Le procureur général en a aussi fait les frais, le chef de l'Etat ayant pris cette décision pour, dit-il, contenter le peuple. L'homme fort de Nairobi avait promis un nouveau gouvernement dont une partie des membres a été dévoilé, il y a quelques jours. A défaut de jeter l'éponge comme le réclament les manifestants, le président kenyan a préféré retoucher le gouvernement, que de le renouveler à 100 %.
Dans sa première série de nominations, William Ruto a conservé six anciens ministres, parmi lesquels ceux de la Défense et de l'Intérieur, particulièrement critiqués à cause de la répression sanglante des manifestants. Plus de 30 personnes ont perdu la vie dans les manifestations anti loi des finances, entamées depuis juin 2024 et les frondeurs tiennent le régime Ruto pour responsable.
En attendant de découvrir le visage du nouveau ministre des Finances dont relève la loi controversée, les protestataires ne sont pas satisfaits du remaniement de Ruto. La rue réclame un chamboulement, un nouveau départ, un trait sur le passé carrément.
Dans les rangs de la société civile et de l'opposition, il n'est pas question de changer de gouvernement, encore moins de le revoir, en y maintenant des ex-ministres, jugés corrompus, incompétents et bourgeois. Pour les protestataires, il importe de changer de pouvoir pour espérer des lendemains plus prometteurs.
En l'espèce, les manifestants appellent de tous leurs voeux au départ du président kenyan. A la tête du pays depuis près de deux ans, William Ruto n'est manifestement plus en accord avec son peuple.
La crise autour de la loi des finances instruit à souhait sur cet état de fait. Le chef de l'Etat kenyan a beau clamer que la loi des finances querellée va permettre de dégager des marges financières pour réduire le poids de la dette publique, une bonne partie de ses compatriotes ne voient que du feu. De toute évidence, la loi des finances, votée contre la volonté générale, implique une augmentation de taxes sur certains produits de première nécessité.
Ce qui est de nature à renchérir davantage le coût de la vie. William Ruto est donc dans une mauvaise posture. Il passe pour un chef d'Etat qui ne travaille pas à soulager les souffrances des populations, mais plutôt à en rajouter. Une rupture de confiance entre lui et ses compatriotes semblent être consommée. Le président Kenya va-t-il remettre sa loi au placard pour mettre fin au mécontentement général ou garder le cap à ses risques et périls ?