Le 24 juillet dernier, une délégation nigérienne est arrivée à Cotonou pour rencontrer le président Patrice Talon. Une visite qui s'inscrit dans le cadre des recommandations des deux anciens chefs d'Etat béninois, Nicéphore Soglo et Boni Yayi, qui avaient fait le déplacement de Niamey quelques semaines plus tôt, pour plaider en faveur d'une décrispation entre les deux pays que sont le Bénin et le Niger.
C'est donc un Patrice Talon plutôt attentif, qui n'a pas mis du temps à recevoir en audience les émissaires de son homologue nigérien au nombre desquels le Général Mohamed Toumba, ministre d'Etat en charge de l'intérieur et N°2 de la junte, et son directeur de cabinet, Dr Soumana Boubacar. Pour la circonstance, le locataire du palais de la Marina qui était assisté de son ministre des Affaires étrangères, s'est fait entourer de ses deux prédécesseurs ci-dessus cités, qui ont pris l'initiative de jouer les facilitateurs pour apaiser les tensions.
Ils ont plus à gagner dans l'union que dans la division
En rappel, les relations entre les deux voisins se sont dégradées depuis le coup d'Etat du 26 juillet 2023 qui a renversé le président Mohamed Bazoum à Niamey, suivi des sanctions de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) sur fond de menaces d'intervention militaire de l'organisation communautaire ouest-africaine pour rétablir l'ordre constitutionnel au Niger.
Par la suite, elles sont devenues exécrables suite aux accusations de Niamey contre son voisin du littoral, soupçonné d'abriter « des bases militaires françaises où s'entrainent des terroristes en vue de déstabiliser le Niger ». Des accusations balayées du revers de la main par les autorités de Cotonou qui poussaient plutôt à la roue pour la réouverture de la frontière nigérienne gardée fermée par Niamey malgré la levée des sanctions de la CEDEAO. C'est dire combien le torchon de la méfiance brûlait entre ces deux pays qui n'étaient pas loin de se regarder en chiens de faïence.
Et de voir aujourd'hui le Général Tchiani dépêcher des émissaires chez le président Talon en réponse à la démarche des deux anciens chefs d'Etat béninois qui avaient fait le premier pas en faisant le déplacement de Niamey, a de quoi convaincre que les lignes sont en train de bouger dans ce dossier brûlant entre les deux voisins. Se dirige-t-on alors à petits pas vers la désescalade entre Niamey et Cotonou ? C'est tout le mal qu'on leur souhaite. Et on espère que cette étape des concertations au haut niveau, marquera l'amorce d'une décrispation en vue de la normalisation des relations entre ces deux pays liés par l'histoire et la géographie, mais aussi par l'économie et la politique.
C'est le lieu de rendre un hommage appuyé aux anciens chefs d'Etat béninois, Nicéphore Soglo et Yayi Boni, pour leur sens élevé de la responsabilité et du patriotisme, qui les a poussés à sortir du douillet confort de leur retraite pour s'investir dans cette mission hautement délicate. Et il est heureux de voir que leur initiative est en passe de porter fruit.
Il appartient aux deux pays de savoir jouer balle à terre
Comme quoi, on peut toujours se montrer utile à son pays, même après avoir quitté le pouvoir. Pour en revenir aux deux pays en conflit que sont le Bénin et le Niger, autant il appartient à Cotonou de savoir montrer patte blanche par rapport aux accusations portées contre elle, autant il revient à Niamey de savoir juger de la bonne foi de son voisin. En tout état de cause, comme le dit l'adage, « mieux vaut tard que jamais ». Et l'Ecclésiaste ne dit pas autre chose quand il enseigne qu'il y a un temps pour tout : un temps pour faire la guerre, et un temps pour faire la paix.
Vivement donc que les deux pays s'engagent résolument dans une volonté commune d'aplanir les dissensions dans l'intérêt supérieur de leurs populations ! Car, ils ont plus à gagner dans l'union et la bonne entente au sommet des deux Etats, que dans la division. Non seulement sur le plan économique en raison des échanges commerciaux qui sont négativement impactés dans les deux sens par la situation, mais aussi sur le plan sécuritaire en raison de la menace terroriste qui n'épargne aucun pays.
Il appartient donc aux deux pays de savoir jouer balle à terre pour travailler au rétablissement de la confiance entre les deux capitales. Et cette première rencontre qui, on l'espère, en appellera d'autres, est déjà un bon signal de la volonté des deux Etats de trouver une issue heureuse à une crise qui leur est plus préjudiciable que profitable.