Guinée: Prémices d'une réhabilitation ?

1 Octobre 2024
analyse

L’organisation internationale de la francophonie a annoncé le mardi 24 septembre 2024, sa décision de lever totalement la suspension qui frappait la Guinée, et consécutive au coup d’état du colonel Mamadi Doumbouya, qui a renversé le Président Alpha Condé, il y a trois ans.

En prenant cette décision, le conseil permanent de la francophonie, qui est un organe de l’OIF, ouvre grandement à la Guinée, la porte du 19ème sommet de l’OIF, qui doit se tenir en France les 04 et 05 octobre 2024.  Les raisons officielles évoquées pour la réintégration de la Guinée, laissent néanmoins perplexes certains observateurs ; et ils sont nombreux.

Le communiqué qui a été publié souligne d’emblée « la nécessité pour la Guinée de poursuivre ses efforts sur le volet des droits et des libertés ».  Mais au regard du nouveau mécanisme d’évaluation, mis en place par l’OIF en juin 2024, et du processus d’accompagnement conduit en accord avec le régime guinéen, dans son processus de transition ,  pour l’élaboration d’une nouvelle constitution, la réforme de l’organe électoral, la régulation des médias et la gestion du fichier électoral …,l’OIF a jugé que les avancées nécessaires au retour de la Guinée dans l’enceinte de la francophonie, étaient de nature à lui permettre de reprendre sa place au sein de l’organisation francophone.

Il reste cependant que les autres pays qui sont dans la même situation, qui avaient au départ un agenda de transition, n’ont pas bénéficié de cette même bienveillance de l’OIF.

Est-ce donc pour « récompenser » la Guinée de n’avoir pas rejoint les trois autres pays de l’Alliance des Etats du Sahel (AES) qui avaient, par ailleurs fait l’objet de sanctions de la CEDEAO en plus de celles de la francophonie ?

Le timing choisi également révèle une proximité assez suspecte, synonyme de manœuvre pour faire participer sans délai, la Guinée au prochain sommet, qui doit avoir lieu en moins d’un mois.

La visite de la Secrétaire générale de l’OIF à Conakry peut certes être considérée comme une précaution sérieuse, une observation sur le terrain, de l’évolution de la situation vers un retour à la normale de l’ordre institutionnel en Guinée.

Mais les derniers développements survenus en Guinée avec une violation répétée des droits des acteurs politiques et des médias, laissent penser qu’il s’agit d’une décision hâtive, dans la mesure où tout est préparé pour baliser la voie à une éventuelle candidature du Colonel Doumbouya à la prochaine présidentielle.

D’ailleurs les partisans du Colonel Doumbouya, en l’occurrence le porte-parole de la présidence de la République semble s’inscrire dans cette voie, alors que la charte de la Transition élaborée par la junte juste après le coup d’état excluait de la participation aux élections nationales et locales des membres de la Junte.

La nouvelle constitution présentée le 29 juillet ne l’exclut pas, même si sans doute, avec l’appui des experts de l’OIF, le nouveau texte fixe le mandat du président à cinq ans renouvelable une fois, et préconise une réduction des pouvoirs du Président de la République, en plus de la mise en place d’un parlement bicaméral composé d‘une Assemblée nationale et d’un Sénat.

Est-ce le gage donné par la francophonie pour une adoption du nouveau texte de la constitution et ainsi, permettre à Doumbouya de se présenter pour un double mandat de 5ans, et recouvrer la dignité de membre à part entière de la francophonie et qui sait de la CEDEAO ? La question reste posée

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