Un an après sa libération de la prison de Libreville, Jean Rémy Yama a animé une conférence de presse ce mercredi 02 octobre 2024. Une conférence de presse au cours de laquelle, l'enseignant, le syndicaliste et l'homme politique témoigne non seulement sa reconnaissance au Président de la Transition, Brice Clotaire Oligui Nguema, mais rend hommage à toutes et tous ceux qui de près ou de loin, l'ont soutenu dans son combat, même étant dans le milieu carcéral de la capitale gabonaise.
Excellences, Mesdames, Messieurs les représentants des corps diplomatiques accrédités dans notre pays, Mesdames, Messieurs les parlementaires de la Transition, Mesdames, Messieurs issus de la Société Civile, distingués invités,
Avant de donner la parole aux journalistes, je tiens à remercier notre Créateur, Dieu le Très Haut pour sa Bonté et sa Grâce car c'est par sa Seule volonté que je me tiens debout ici devant vous aujourd'hui.
Je voudrais remercier en cet instant solennel, mes compagnons de lutte de la Société civile gabonaise qui s'étaient battues contre vents et marées aux côtés de ma famille syndicale Dynamique Unitaire et de ma famille biologique, dans le but d'obtenir ma libération. Ainsi par le truchement du mouvement les « Témoins Actifs », ils se sont déployés dans le département de Mulundu pour présenter et défendre ma candidature aux dernières élections générales où j'ai été plébiscité avec 64% des suffrages exprimés.
Mais je suis convaincu que même avec cette victoire, si l'imposture se serait encore accrochée au pouvoir, je ne serais pas du tout en liberté ; d'où le renouvellement de mes remerciements au Comité pour le Transition et la Restauration des Institutions (CTRI) avec à sa tête le président de la Transition, le Général de brigade Brice Clotaire Oligui Nguema, de m'avoir permis de recouvrer la liberté le 5 septembre 2023. Qu'il trouve encore ici mon entière gratitude.
Je voudrais également remercier toutes les mains qui, bénévolement se sont investies pour la tenue de cette rencontre d'aujourd'hui.
Je voudrais enfin remercier tous ceux qui ont accepté, journalistes et autres invités, de faire le déplacement de cet après-midi pour assister à la présente conférence de presse.
Mesdames et Messieurs,
Chers journalistes,
Chers officiels,
Chers invités présents dans la salle et participants de loin,
Une fois de plus, bienvenue à tous à cette conférence de presse qui a lieu, dans un contexte sociopolitique et institutionnel exceptionnel depuis le 30 août 2023 avec le coup de la Libération.
La rencontre d'aujourd'hui aurait dû se tenir le 05 septembre dernier, correspondant à un an exact depuis ma libération. Mais, l'homme a son calendrier que le Temps ne permet pas de dérouler, puisque le maître du Temps et des circonstances c'est Dieu : l'homme propose, Dieu dispose.
Comme vous le savez, mon arrestation en 2022 s'est accompagnée de ma radiation à la Fonction Publique par un arrêté pris par le Premier Ministre de l'époque. Qui dit radiation, dit coupure de salaire.
A vous tous qui m'avez soutenu pendant ces moments les plus sombres de ma vie, trouvez ici mon entière reconnaissance.
Depuis ma libération du 05 septembre 2023, que devient Jean Rémy Yama ? La question vaut son pesant d'or, compte tenu de l'homme public que je suis. Ma petite mise en réserve a été naturellement dictée par le besoin de réparer ma santé physique et moral, en même temps par le besoin de rétablir mon honneur en attendant la fin des instructions judiciaires contre moi, le besoin d'être réhabilité professionnellement à cause d'une radiation abusive des effectifs de la Fonction publique en octobre 2022, et le besoin d'observer profondément ce qui se passe.
Pendant ce temps de réparation, j'ai successivement été nommé au Sénat de Transition, au bureau du Dialogue National Inclusif puis à la Commission sociale du Comité de suivi des actes dudit dialogue par volonté du président de la Transition que je remercie.
Sur le plan judiciaire, je suis toujours dans l'attente de l'issue des enquêtes des trois mises en examen prononcées contre ma personne par les juges d'instruction.
La première mise en examen date de juillet 2016 pour trouble à l'ordre public et destruction de biens privés et publics ; la deuxième, de mars 2022 pour abus de confiance ; la dernière, de juin 2022 pour détournement de fonds publics.
J'attends de la justice qu'elle fasse son travail pour ces 3 affaires qui m'ont valu des placements sous mandat de dépôt.
Je refuse à nouveau d'être sous le rouleau compresseur de l'appareil judiciaire dans une nouvelle affaire judiciaire orchestrée à des fins politiciennes. C'est pour cela que je prends à témoins l'opinion publique, en rappelant que le fondement d'un État de droit est la séparation des pouvoirs pour une Justice libre de toute emprise.
Au niveau administratif, mon salaire a été rétabli en décembre 2023 mais je suis toujours dans l'attente de ma réhabilitation totale par la prise d'un arrêté du Premier ministre qui annule celui relatif à ma radiation.
Mesdames et Messieurs,
Chers journalistes,
Chers officiels,
Chers invités présents dans la salle et participant de loin,
Le Gabon est à mi-parcours d'une opportunité historique. Un développement n'est logique que s'il est accompagné du partage, de l'inclusivité et de l'équité, en un mot d'une rupture systémique avec l'ordre ancien. Trop de gens ont en souffert et en souffrent encore. S'attendre à des résultats différents en utilisant les méthodes d'une gouvernance passée qui a échoué relève de l'absurde.
Le Gabon est confronté à de sérieux défis et la période de la Transition doit servir à mieux faire. Mais permettez-moi de dire ceci et d'être absolument clair, l'objectif principal de cette conférence de presse est d'échanger précisément à l'épreuve des périodes que nous vivons et comment nous devons les ressentir. Asseoir à tout prix les principes de la gouvernance démocratique, de l'État de droit et de contre-pouvoirs qui se neutralisent est devenu aujourd'hui plus vital que jamais. N'oublions jamais : un Gabon sans ces principes fondamentaux est un pays qui n'est pas libéré.
Le processus de Transition en cours dans notre pays mérite d'être soutenu par tous afin qu'il réponde aux attentes légitimes des populations gabonaises, c'est pourquoi j'en appelle à tous, à vous excellences Messieurs les Représentants des corps diplomatiques, et surtout à Dieu par l'Esprit Saint d'assister tous les acteurs de la Transition en tête desquels le Président de la République dans les décisions capitales à prendre, notamment celles concernant la Constitution et le Code électoral qui constituent la colonne vertébrale de la Transition.
Par vos questions, vous me donnerez l'occasion d'affirmer et d'expliquer mon positionnement.
Enfin, ce jour du 02 octobre 2024 me permet de m'exprimer devant vous, à coeur ouvert, par cette conférence de presse qui est ma première, après un an de Transition, et surtout après 18 mois de détention abusive et difficile à bien des égards avec le lot de chagrins et de questionnements que les épreuves de la vie vous soumettent.
Cette période d'introspection à la prison centrale de Libreville m'a fortifié, et m'a permis de constater sans grande surprise que ma détention était une forfaiture pour beaucoup de Gabonais au regard des messages de soutien, des donations anonymement envoyées et du suffrage universel direct majoritairement reçu par ma candidature aux élections législatives du 26 août 2023 dans le canton Ogooué-aval du département de Mulundu.
Tous ces actes de témoignages à l'endroit de ma modeste personne ont donc conforté ma responsabilité, la légitimité du combat que je mène depuis la fin des années 1990. Cela induit donc des devoirs, précisément le devoir de ne pas décevoir, le devoir d'être toujours de votre côté, c'est-à-dire du côté du peuple, du côté des plus faibles, d'être le défenseur de la dignité humaine et du progrès pour tous.
Permettez-moi de dire un mot à l'endroit des travailleurs, retraités et même les chômeurs gabonais.
Chers camarades, vous m'avez découvert grâce à mon engagement syndical depuis le SNEC et depuis 2015 avec la Confédération Syndicale Dynamique Unitaire (DU) ; rappelez-vous que du fond de ma cellule à la prison centrale de Libreville, je vous adressais un message dans lequel je vous ai fait la promesse de ne jamais vous abandonner même si vous vous m'abandonniez.
Je voudrais vous réitérer que mon engagement pour la défense des droits humains demeurera intact peu importe où je pourrais être appelé à servir notre patrie.
Je ne vous abandonnerai jamais pour rien au monde, ces devoirs qui me sont chers quel que soit les circonstances je les assumerais. C'est l'être que je suis et que je resterai !
Je vous remercie.