Après le malaise engendré dans cette unité spéciale des forces de l'ordre en 2016 et 2019 par le suicide de certains membres de la SSU, leurs préoccupations n'ont fait que s'accumuler. Ils reviennent avec leurs doléances car leur qualité de vie ne s'est pas améliorée pour autant.
Des policiers de la Special Support Unit (SSU) signalent des problèmes sur la surveillance d'un site mis à la disposition de la police à Fort George pour entreposer ses vieux véhicules ainsi que des véhicules de trafiquants saisis par la brigade antidrogue (ADSU) et conservés comme pièces à conviction pour ses enquêtes. Ces policiers, allant de sergents à assistants surintendants, sont appelés à surveiller ce lieu à tour de rôle. Bon nombre de policiers de la SSU se demandent si c'est une nécessité.
N'est-ce pas un gaspillage de ressources ? Ne vaudrait-il pas mieux d'avoir des caméras sur le site en cas de vol ? Souvent ces officiers sont confrontés à une enquête du Central Criminal Investigation Department (CCID) s'il y a un vol sur le site.
Ils maintiennent aussi qu'une fumée émanant de la Mauritius Chemical Fertiliser Industry (MCIF) qui se trouve à côté et incommoderait les policiers pendant qu'ils travaillent sur les lieux. Ce site, qui appartenait à la police portuaire, existe depuis deux ans et les unités chargées de le surveiller étaient la Special Mobile Force et la National Coast Guard.
Les langues se délient : pourquoi les membres de la SSU sont-ils concernés ? Pourquoi les policiers de l'ADSU ne sont-ils pas chargés de cette tâche ? Ce qu'ils déplorent à Fort George, c'est que le lieu n'est pas éclairé le soir lorsqu'ils sont seulement à deux officiers en service. «Est-il nécessaire de mettre deux officiers pendant deux heures, à tour de rôle, pour surveiller ce lieu, ces véhicules étant un amas de vieille ferraille ?»
Quant aux véhicules saisis dans des affaires de drogue, ne serait-il pas judicieux, après enquête, de les retourner à leurs propriétaires ? Dans la plupart des cas, ce sont des voitures de location qui ont été saisies et souvent les agences de location ne savent même pas qu'elles ont été utilisées pour transporter de la drogue. Si l'affaire prend plus de dix ans en cour, à quoi bon garder ces voitures tout ce temps ? Entre-temps, elles rouillent et ne sont plus en état.
«Barracks» mal entretenues
D'autres plaintes reçues indiquent que la SSU a été laissée à son propre sort, avec des barracks qui manquent d'entretien. Chaque officier n'a pas de casier propre à lui, et des cinq toilettes existantes, seules trois sont opérationnelles par unité. L'état des toilettes est déplorable et les salles de bains n'ont pas de porte, privant les policiers d'un minimum d'intimité. «Nous sommes tous des hommes qui travaillent, mais parfois cela nous met les nerfs à vif lorsque nous faisons des shifts de 24 heures. Ce n'est pas facile de se reposer dans de telles conditions.»
Lits et véhicules infestés de punaises
Dans les dortoirs de cette unité, le problème d'infestation de punaises reste entier. «Malgré de nombreuses plaintes, les responsables n'ont jamais trouvé de solution.» Non seulement les lits sont infestés, mais aussi les véhicules de la SSU. «Malgré plusieurs sessions de désinfection, la situation n'a pas changé. Certains matelas sont restés les mêmes.» Cette astreinte de 24 heures, où un policier commence un lundi à 7 heures et termine le mardi à 8 heures, ne permet pas de travailler dans de telles conditions. Ils ne peuvent pas se reposer avec la crainte d'amener ces punaises chez eux. Cela démoralise, dit-on.
Ce qui choque, c'est qu'après les inspections des agents de santé et sécurité de la Mauritius Police Force, il y a cinq ans, ces barracks ont été condamnées et les Health and Safety Officers du ministère de la Fonction publique ont recommandé de trouver un autre lieu pour installer les six unités. Mais rien n'a été fait ; la situation est restée inchangée, voire aurait empiré au fil du temps. Tous les six mois, malgré les recommandations des agents sanitaires, les problèmes perdurent. «À chaque rencontre, quand nous leur demandons s'il y aura une amélioration de notre qualité de vie, ils ne peuvent nous répondre et préfèrent quitter la salle sans un mot. Cela devient une aberration», nous dit-on.
Manque d'infrastructures appropriées
On soutient même que ces casernes manquent de ventilation. «Oubliez l'air conditionné auquel nous n'avons pas droit, mais la moindre des choses serait d'avoir quelques ventilateurs par unité de la SSU pour ne pas souffrir de la chaleur pendant l'été. Ce serait bien si nous pouvions bénéficier de ventilateurs, alors que d'autres unités de la police se la coulent douce avec des climatiseurs installés dans leurs bureaux, telles que le CCID, la Major Crime Investigation Team et bien d'autres qui elles ne fonctionnent qu'aux heures de bureau.»
Ils rencontrent également un problème d'espace entre les lits ; la réglementation pour les dortoirs stipule qu'il faut 1 m 50 entre les lits, mais tel n'est pas le cas. De plus, des morceaux de béton se détachent des plafonds qui ne sont pas aux normes et peuvent tomber sur ces officiers pendant leur temps de repos.
Pour conclure, les policiers évoquent l'absence d'escalier de secours dans les unités 2, 3 et 5 de la SSU. Qu'en est-il de l'unité 4 après l'incendie ? Elle est restée dans le même état et les officiers ont été transférés dans deux unités différentes, surpeuplées avec une vingtaine de policiers supplémentaires, alors qu'il y avait déjà une quarantaine d'officiers dans cette caserne. Nous avons été informés que ceux dont les équipements ont brûlé durant l'incendie qui a ravagé l'unité 4 de la SSU aux Casernes centrales en juillet 2022 n'ont pas été remplacés à ce jour.
Déplacement inutile d'un supérieur pendant le shift à la Banque de Maurice
D'autres problèmes auxquels ils font face concernent la sécurité, notamment lorsqu'ils doivent surveiller la Banque de Maurice. «Est-il vraiment nécessaire qu'un chef de la SSU se déplace pour faire une vérification de routine tous les soirs alors qu'à l'intérieur, tout est sécurisé ? Parfois, il faut rester sur ses gardes en cas d'apparition d'un homme armé ou si des voleurs décident de cambrioler ; nous ne sommes pas à l'abri lorsque nous devons ouvrir cette banque pour un contrôle de routine. Ne vientil pas compromettre la sécurité de cette banque ?»
Nous avons sollicité une source aux Casernes centrales, qui explique que toutes les doléances de ces officiers devront être remises aux Health and Safety Officers du ministère de la Fonction publique lors de leur prochaine rencontre avec les membres de la SSU et qu'ils étudieront leurs plaintes et feront des recommandations au bureau du commissaire de police.