Après des fouilles d'archives et deux ans de recherches, Bexelant Cyr Emiland Moassa Ibhenguet publie son ouvrage, l'Anthologie de la littérature congolaise pour donner davantage de visibilités aux auteurs d'hier et aujourd'hui.
Cet ouvrage est une gigantesque bibliothèque regroupant plus de 400 auteurs congolais et leurs oeuvres publiés à ce jour, condensés en deux livres parus aux éditions l'Harmattan. Une fierté pour l'auteur, dont l'objectif était de donner plus de visibilité à ses confrères d'hier et d'aujourd'hui.
« J'ai voulu faire apparaitre la quasi-totalité des productions littéraires congolaises depuis l'origine, donc les années 1930 jusqu'en 2022. Je me suis dit qu'il était important qu'il y ait cette mise à jour et qu'à partir de ce document, on puisse faire revivre les anciens auteurs et connaître les nouveaux. Lorsque vous demandez à n'importe qui de vous parler de la littérature congolaise, on ne vous parlera pas de nom récent. Donc j'ai dû faire cette mise à jour de la littéraire congolaise afin que les personnes parlent au présent. »
Une littérature plus réputée à l'international
Les grands auteurs classiques comme Jean Malonga profitent donc d'une notoriété établie par le temps, contrairement aux contemporains qui ont plus de mal à se faire connaître malgré leurs grands nombres ou réussites littéraires. Et si les Congolais semblent bouder leurs auteurs, ce n'est pas par manque d'intérêt, mais plutôt par manque d'accessibilité aux livres et bibliothèques.
Ces dix dernières années, les auteurs congolais se sont démarqué à l'internationale et ont remporté le grand prix littéraire d'Afrique, le prix Mark Twain, le prix d'Ivoire et bien d'autres. Pour Muriel Troadec, à la tête de la maison d'édition Les Lettres Mouchetées à Pointe-Noire, ce n'est pas tant à l'international que les auteurs ont besoin de visibilité, mais plutôt dans leur propre pays : « Cette littérature du bassin congolais est presque plus réputé à l'extérieur que dans le pays. Elle est accessible à une élite intellectuelle, mais pour l'ensemble de la population, c'est plus compliqué. »
Des prix élevés et un manque de bibliothèques
Le prix des livres, souvent élevés, les rendent difficilement accessibles. Un frein qui pourrait être facilement dépassé s'il y avait plus d'investissements dans les bibliothèques, souligne l'éditrice : « Il n'y a pas véritablement de politique du livre et ça manque parce qu'il n'y a pas de bibliothèque digne de ce nom. C'est bien malheureux lorsqu'on sait la richesse de cette littérature. Il faudrait qu'elle profite avant tout au pays. Et il manque des infrastructures pour qu'elle soit véritablement accessible. »
Un manque d'intérêt pour la lecture qui s'explique aussi par l'analphabétisme, qui concerne 20% des plus de 15 ans dans le pays.