Mozambique: Élection présidentielle - Vers une victoire du candidat du Frelimo

Daniel Francisco Chapo

Dix-sept millions de Mozambicains étaient appelés hier, aux urnes pour élire leurs parlementaires et leur président de la République, à l'occasion des élections générales.

Pour la présidentielle, quatre concurrents étaient en lice dont Daniel Chapo, candidat du parti au pouvoir, le Front de libération du Mozambique (Frelimo). Face à lui, trois challengers qui ne comptent pas pour du beurre. Il s'agit du général Ossufo Momade, 63 ans, candidat de l'opposition, un ancien de l'ex-rébellion, la Renamo, Lutero Simango, du Mouvement démocratique du Mozambique MDM, troisième force politique du pays et Venancio Mondiane, candidat indépendant, un ancien de la Renamo.

Cet homme de 50 ans jouit d'une grande popularité surtout auprès de la jeunesse. C'est dire s'il constitue le plus sérieux chalenger pour cet ancien présentateur de télé et radio dont le choix pour défendre l'étendard du Frelimo, a plus que surpris. Car, si cet ancien gouverneur de la province d'Inhambane de 47 ans, n'est pas totalement novice en politique, il est le seul candidat du parti historique mozambicain qui n'a pas combattu lors de la guerre civile de 1975 à 1992 mais aussi le plus jeune.

Qu'à cela ne tienne, il bénéficie de l'expérience de la machine électorale du Frelimo qui règne sans partage depuis l'indépendance du Mozambique. En tout cas, sauf tremblement de terre, il devrait sortir vainqueur de cette présidentielle. Ce d'autant qu'il a bénéficié des moyens de l'Etat durant la campagne qui aura duré quarante-cinq jours.

Et ce n'est pas tout : le président de la Commission nationale électorale, bien qu'évêque anglican de son état, est taxé d'être un proche du pouvoir. De là à penser que le scrutin est plié d'avance, c'est un pas que d'aucuns ont vite fait de franchir. En tout cas, aux yeux de nombreux observateurs, il n'y aura pas de miracle. Le Frelimo fera mordre la poussière aux trois autres candidats.

Le moins que l'on puisse dire, c'est qu'au-delà de la fraude que dénoncent déjà certains candidats, le Frelimo continue de jouir de la sympathie des Mozambicains et ce, au regard du rôle historique qu'il a joué pour l'indépendance du pays. Et tout laisse croire que tant qu'il ne dilapidera pas ce riche héritage, il ne faut pas rêver d'une alternative démocratique au vrai sens du terme au Mozambique.

Le plus important, c'est de réussir à faire accepter les résultats par l'ensemble des candidats

Cela dit, si le candidat du Frelimo est bien parti pour remporter la victoire face aux trois autres candidats, il doit se convaincre d'une chose : l'immensité des défis à relever. Au-delà de ceux économiques, politiques et sociaux, il y a celui relatif à la sécurité. A preuve, ces élections générales se déroulent dans un contexte sécuritaire particulier au point que beaucoup s'interrogent sur la bonne tenue du scrutin dans la partie septentrionale du pays.

En effet, depuis 2017, l'hydre terroriste s'est infiltrée dans la région du Cabo Delgado où elle sème terreur et désolation. Les violences terroristes des shebabs, affiliés au groupe Etat islamique, y ont laissé sur le carreau plus de 4000 cadavres et fait plus de 600 000 déplacés. C'est dire si le tout n'est pas de gagner l'élection mais de travailler à apporter la quiétude aux Mozambicains.

En tout état de cause, il faut souhaiter que le scrutin soit transparent et que le meilleur gagne. Et pour ce faire, l'instance chargée d'organiser les élections gagnerait à se montrer à la hauteur du défi. Car, le plus important, c'est de réussir à faire accepter les résultats par l'ensemble des candidats. Un défi qui n'est pas gagné d'avance.

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