C'est une première depuis la fin de l'apartheid : depuis les élections générales du 29 mai, l'ANC ne domine plus sans partage la vie politique sud-africaine. A la suite du scrutin, le parti de Nelson Mandela s'est retrouvé contraint de former une alliance de plusieurs partis pour pouvoir diriger le pays. Une centaine de jours plus tard, l'ANC travaille main dans la main avec neuf autres formations qui ont fait leur entrée au gouvernement. Et les choses se passent plutôt bien.
Avec, en tête, l'expérience d'alliances chaotiques dans plusieurs municipalités du pays, les Sud-Africains étaient pour le moins sceptiques face aux chances de succès d'une coalition au niveau national au lendemain des résultats des élections générales du 29 mai dernier marquées par un recul historique de l'ANC.
Cent jours plus tard toutefois, force est de constater que le partage du pouvoir se fait plutôt bien. « Camarades ! Cent jours ça n'a l'air de rien, mais c'est un jalon important pour estimer si on se dirige dans la bonne direction. Et bien que nous soyons confrontés à d'énormes défis, il y a un engagement certain, de la part de tous, à travailler ensemble pour les relever », s'en est notamment réjoui le président sud-africain Cyril Ramaphosa lors d'un récent rassemblement de l'ANC à Johannesburg.
Les alliés historiques de l'ANC pas ravis de la situation
Des désaccords existent certes entre l'ANC et la deuxième force politique du pays notamment, l'Alliance démocratique. Ils concernent par exemple la loi sur l'éducation ou celle sur la couverture santé universelle. Mais à l'occasion d'un autre événement, le chef de ce parti de centre droit, John Steenhuisen, a lui aussi préféré retenir le côté positif de l'expérience : « La confiance s'améliore, le rand [la monnaie sud-africaine, NDLR] en bénéficie, les taux d'intérêts baissent, et les indicateurs montrent tous qu'il y a une vraie opportunité pour créer de la croissance et des emplois en Afrique du Sud », a-t-il déclaré.
Reste que l'appréciation n'est pas tout à fait unanime. Depuis qu'elle a vu le jour, deux alliés historiques de l'ANC, notamment, ne sont pas ravis de cette coalition : le Parti communiste qui a boycotté la cérémonie menée par Cyril Ramaphosa d'une part, et la Cosatu, la principale centrale syndicale du pays, qui a récemment manifesté contre le manque d'action des autorités face au chômage de masse.