Dans un communiqué rendu public ce lundi 14 octobre, le ministère congolais des Hydrocarbures annonce l'annulation du processus d'attribution de 27 blocs pétroliers qui avait été lancé en juillet 2022 et détaille les raisons qui l'ont poussé à prendre une telle décision.
Absence de candidatures, offres non-recevables, dépôts tardifs, offres inappropriées ou irrégulières, défaut de concurrence : dans le communiqué publié lundi 14 octobre par le ministre des Hydrocarbures, Aimé Sakombi Molendo, les raisons évoquées pour justifier l'annulation de l'appel d'offres portant sur l'attribution de 27 blocs pétroliers congolais sont multiples. Elles « empêch[ent aussi] la poursuite de la procédure » lancée en 2022, souligne celui-ci.
Faute de candidats, la mise aux enchères de ces blocs avait déjà été prolongée en mars 2023. Pour expliquer le peu d'intérêt qu'ils suscitent, les experts avancent, d'abord, un défaut de confiance dans le contexte congolais en général, mais aussi dans les données les concernant. Elles sont considérées comme insuffisantes.
« Le gouvernement congolais a une extrême mauvaise réputation dans le monde des affaires. Il y a eu beaucoup trop d'investisseurs qui ont été échaudés par les gouvernements congolais successifs pour se lancer dans de telles opérations, décrypte Thierry Vircoulon chercheur associé à l'Institut français des relations internationales (Iris) et spécialiste de la région. Il faut d'ailleurs rappeler que la mise sur le marché de ces blocs pétroliers par le gouvernement de Félix Tshisekedi a, en fait, déjà été faite une première fois en 2010 par le gouvernement de Joseph Kabila. Et à l'époque, les choses ne s'étaient pas très bien passées pour ceux qui avaient mordu à l'hameçon ! »
« Les blocs qui sont sur la Cuvette centrale se trouvent dans un environnement très fragile et en partie protégé »
Certains de ces blocs pétroliers se trouvent, en outre, dans le Graben Albertine, une zone frontalière de l'Ouganda réputée instable sur le plan sécuritaire, tandis que d'autres se situent dans des régions très enclavées, si bien que l'exportation du pétrole extrait de leur sous-sol nécessiterait de gros investissements en infrastructures.
Enfin, d'autres encore sont localisés dans la Cuvette centrale, une zone de forêts et de tourbières très sensibles. Ici, les considérations environnementales et un éventuel bras de fer avec les ONG et la société civile pourrait donc jouer un rôle supplémentaire dans l'hésitation des investisseurs. « Les blocs qui sont sur la Cuvette se trouvent en pleine forêt tropicale, la deuxième plus grande au monde. Il s'agit d'un environnement très, très fragile et en partie protégé », confirme encore Thierry Vircoulon.
Autant d'obstacles qui, pourtant, ne semblent pas décourager les autorités congolaises : dans son communiqué, le ministre des Hydrocarbures fait effectivement part de son intention de relancer « la même procédure » sous peu... Seuls les trois blocs gaziers sur lesquels portait également l'appel d'offres ont trouvé preneur.