Madagascar: Les Malgaches approuvent la gestion de la Covid-19 par le gouvernement, mais doutent de sa préparation pour de futures crises sanitaires

30 Octobre 2024

La majorité des citoyens réclament plus d'investissements dans le secteur.

Key findings

  • Impacts de la COVID-19 : o Environ un dixième (9%) des Malgaches ont dit qu'un membre de leur ménage est tombé malade ou a été testé positif de la COVID-19. o Près de la moitié (48%) des répondants ont affirmé qu'un membre de leur ménage a perdu un emploi, une entreprise, ou une principale source de revenus à cause de la pandémie.
  • Perceptions sur les vaccins contre la COVID-19 : o Seulement près du quart (24%) des Malgaches ont dit avoir reçu au moins une dose de vaccination contre la COVID-19. o Plus de quatre sur 10 (44%) ont estimé qu'il n'était « pas très probable » ou « pas du tout probable » qu'ils essayent de se faire vacciner. o La majorité des citoyens qui ont dit qu'il n'était pas probable qu'ils se fassent vacciner contre la maladie ont évoqué comme principale raison des inquiétudes liées à l'innocuité des vaccins. o Près de la moitié des répondants ont dit faire « partiellement » (30%) ou « beaucoup » (15%) confiance au gouvernement pour garantir la sécurité des vaccins contre la
  • Gestion de la pandémie : o Seulement 15% des citoyens malgaches ont affirmé que leurs ménages ont bénéficié d'une assistance du gouvernement dans le cadre de la pandémie. o Plus des trois quarts (78%) des répondants ont déclaré que l'aide gouvernementale relative à la pandémie a été distribuée de façon inéquitable. o Six Malgaches sur 10 (60%) ont dit être satisfaits de la façon dont le gouvernement a géré la pandémie de la COVID-19, même si beaucoup plus de personnes (69%) pensaient que « certaines » ou « beaucoup » des ressources disponibles pour faire face à la pandémie s'étaient envolées à cause de la corruption.
  • Pour l'avenir : o La majorité (69%) des Malgaches ont estimé que le gouvernement sera « un peu mal » ou « très mal » préparé face aux futures urgences de santé publique. o Sept citoyens sur 10 (71%) ont déclaré que davantage de ressources devraient être investies pour préparer la réponse aux futures urgences sanitaires, même si cela signifie moins de ressources disponibles pour les autres services de santé.

En janvier 2020, le monde a été frappé par la pandémie de COVID-19, apparue en décembre 2019 dans la ville chinoise de Wuhan. Cette crise sanitaire a provoqué une récession sans précédent, entraînant une hausse record de la précarité économique et sociale dans le monde (Nations Unies, 2021). Face à la propagation fulgurante de la maladie, des mesures de confinement drastiques ont dû être mises en place dans beaucoup de pays, accompagnées par la fermeture des frontières (Bouët & Laborde, 2020). En plus des millions de décès causées, la pandémie a simultanément touché le secteur de l'emploi, fragilisé les structures de productivité en général, et gravement détérioré les conditions de vie des populations à l'échelle mondiale (Schady, Holla, Sabarwal, Silva, & Chang, 2023).

Madagascar n'a pas échappé à cette réalité. Suite à la détection de ses premiers cas de COVID-19 le 20 mars 2020, l'état d'urgence sanitaire a été décrété sur l'ensemble du territoire malgache (République de Madagascar, 2020). Différentes mesures de riposte ont été mises en place, notamment la fermeture des frontières, la mise en quarantaine et le dépistage obligatoire de tous les voyageurs, le confinement des villes touchées, la prise en charge des patients aux frais de l'Etat, la restriction des activités commerciales, et la fermeture des écoles (Banque Mondiale, 2020a). Conséquence, le tissu économique et social malgache a été mis à rude épreuve (République de Madagascar, 2021). En juin de la même année, le pays a enregistré un taux de perte d'emplois de 7,7%, et 65,4% des ménages ont constaté une diminution de leurs revenus (Institut National de la Statistique, 2020). Le secteur qui emploie 90% de la main d'oeuvre nationale, a été durement affecté, entrainant une réduction significative des revenus des travailleurs (Programme des Nations Unies pour le Développement, 2020).

Au niveau sanitaire et humain, un total de 68.572 cas de contamination pour 1.428 décès dus à la COVID-19 ont été rapportés (Organisation Mondiale de la Santé, 2024).

Sur le plan social, la fermeture des écoles a perturbé le système éducatif. Le système sanitaire a été fragilisé et l'accès aux autres services sociaux de base a considérablement diminué (Nations Unies, 2021).

Pour aider les citoyens à faire face à ces difficultés le gouvernement malgache a mis en oeuvre une politique d'urgence sociale. Avec l'appui de ses partenaires, l'Etat malgache a lancé un programme de transfert monétaire qui a profité à au moins environ 190.000 ménages (Fonds d'Intervention pour le Développement, 2024).

Cette dépêche rend compte d'un module d'enquête spécial inclus dans le questionnaire de l'enquête Afrobarometer Round 9, menée en avril-mai 2022, pour explorer les expériences et les perceptions des Malgaches vis-à-vis de la pandémie.

Selon les résultats, presque la moitié des ménages malgaches ont affirmé avoir perdu une principale source de revenus à cause de la pandémie. Seulement environ le quart des Malgaches ont dit avoir été vacciné contre la COVID-19, et plus de quatre sur 10 ont affirmé qu'il n'est pas probable qu'ils le fassent à l'avenir. Les raisons les plus régulièrement citées sont liées à la sécurité du vaccin, et plus de la moitié ont déclaré ne pas faire confiance au gouvernement pour garantir l'innocuité des vaccins COVID-19.

Seulement environ un sur sept personnes ont déclaré que leurs ménages ont bénéficié d'une aide gouvernementale liée à la COVID-19. La majorité des répondants ont estimé que la distribution de cette aide a été inéquitable et que des ressources destinées à la riposte contre la pandémie ont été détournées.

Cependant, la plupart des Malgaches se disaient satisfaits de la performance du gouvernement dans la gestion de la pandémie de COVID-19. Ils pensaient que celui-ci n'est pas prêt à faire face aux futures urgences de santé publique et ont demandé plus d'investissements pour être mieux préparé.

Léa Rafzafindrazaka Rakotondraibe Léa Rafzafindrazaka Rakotondraibe is the director of COEF Resources.

Ariel Astant Tianjoky Ariel Astant Tianjoky is a consultant for COEF-Ressources, the Afrobarometer national partner in Madagascar.

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