Les coupures d'électricité et les pénuries d'eau qui sévissaient depuis plusieurs semaines à Antananarivo ont connu une réduction significative depuis le week-end dernier. Selon les techniciens, la Jirama a pu accroître sa production pour desservir la Capitale.
Ce changement fait suite à une vague de manifestations citoyennes, marquées par une mobilisation des usagers de la Jirama dans divers quartiers de la capitale. Face à cette contestation, les autorités malgaches se sont empressées de trouver des solutions pour répondre à la crise, qui est rapidement devenue une affaire d'État, sous l'impulsion du président de la République, Andry Rajoelina.
Lors d'une conférence de presse tenue la semaine dernière, le ministère de l'Énergie et des Hydrocarbures (MEH), la Jirama et la compagnie Jovena ont expliqué les causes des coupures récurrentes. Selon les autorités, le déficit en production électrique était lié à un problème d'approvisionnement en fioul lourd, essentiel pour faire tourner les centrales thermiques. La centrale d'Ambohimanambola - l'une des principales sources de production électrique pour le RIA (Réseau interconnecté d'Antananarivo) - souffrait d'un manque de carburant. En réponse à cette crise, un effort concerté a été déployé pour garantir l'acheminement du fioul et relancer la production.
Résultats
Depuis la semaine dernière, les effets de cette mobilisation des usagers ont été perceptibles. Auparavant en effet, de nombreux quartiers d'Antananarivo n'avaient accès à l'eau de la Jirama qu'une heure par jour. Aujourd'hui, la situation s'est sensiblement améliorée. Les bornes fontaines des fokontany, qui ne fonctionnaient que de nuit, sont désormais opérationnelles durant la journée, réduisant considérablement les files d'attente au niveau des bonbonnes mises en place comme dispositifs temporaires de distribution d'eau, dans une situation d'urgence.
Progressive mais fragile
En ce qui concerne l'électricité, le constat est similaire. Les coupures intempestives qui frappaient la capitale ont été réduites, tant en durée qu'en fréquence. Jusqu'à récemment, de nombreux quartiers étaient privés d'électricité de 22h00 à 6h00 du matin, une situation devenue quasi normale. Depuis samedi dernier, les coupures nocturnes se sont progressivement réduites, passant de huit heures de temps à cinq heures, puis à quatre heures dans certains quartiers centraux.
Ce progrès témoigne d'une volonté de la Jirama, soutenue par le MEH, de rétablir une certaine normalité dans la fourniture d'énergie, même si cela s'accompagne de lourds sacrifices budgétaires, au niveau étatique. Le président Andry Rajoelina a reconnu ces efforts et les dépenses qu'ils impliquent pour l'État. La réduction des coupures et le rétablissement d'une meilleure fourniture en électricité nécessitent des sacrifices financiers, avec un impact potentiel sur d'autres secteurs. Cela montre l'ampleur du défi auquel le gouvernement doit faire face pour garantir un service de base décent à ses citoyens.
Défis persistants à l'horizon
Toutefois, tout n'est pas réglé pour autant. La Jirama a évoqué des problèmes techniques comme cause de certaines coupures. La semaine dernière, une explosion à la sous-station d'Anosizato a mis en lumière la vétusté et la fragilité du réseau de distribution électrique. Avec l'arrivée de la saison des pluies, les risques d'incidents techniques pourraient se multiplier.
Si les pluies peuvent accroître la production des centrales hydroélectriques, elles augmentent également la probabilité de coupures liées à la vétusté des infrastructures. Bref, les efforts des autorités et la pression populaire démontrent que des solutions d'urgence peuvent être trouvées, bien qu'elles soient provisoires. Il reste à savoir si, une fois la crise actuelle passée, les engagements pris seront maintenus pour la modernisation des infrastructures et l'accroissement de la production d'électricité.