En Libye, le pétrole est une nouvelle fois pris en otage et utilisé pour faire pression sur le gouvernement de Tripoli. Les habitants de la ville de Zintan ont fermé mardi les vannes acheminant le pétrole. Ils protestaient ainsi contre l'enlèvement, il y a une semaine, mercredi dernier, de Mustafa al-Whayshi, général de brigade et, directeur du département de la Sécurité centrale au service du renseignement. Un enlèvement pour l'heure non revendiqué. Dans un communiqué filmé, les notables de cette ville montagneuse située à l'ouest de Tripoli tiennent le gouvernement Dbeibah et le Conseil présidentiel pour responsables de cet enlèvement.
Ce mardi, un grand nombre de véhicules armés se sont rassemblés à l'intérieur de la ville de Zintan. D'autres se sont rendus sur le site de Rayayna, en renfort des manifestants en colère qui ont fermé la vanne reliant les champs pétroliers de Sharara et d'el Feel, situés dans le sud-ouest de la Libye, à la raffinerie de Zawiya, à 45 km à l'ouest de Tripoli.
Environ 350 000 barils de pétrole brut par jour, soit un tiers de la production libyenne, sont acheminés vers cette raffinerie avant de prendre la direction de l'Italie.
Les routes menant vers la ville ont également été fermées par les manifestants qui ont brûlé des pneus.
Les protestataires exigent la libération immédiate de l'officier Mustapha al-Whayshi et menacent de mener de nouvelles actions si leur officier n'est pas libéré.
Des membres des services du renseignement ont condamné l'enlèvement de Mustafa al-Whayshi, affirmant dans un communiqué que cette opération s'inscrit dans un contexte « d'enquêtes en cours sur plusieurs affaires liées à des incidents affectant la sécurité nationale libyenne ».
Les milices libyennes ont pour habitude d'enlever des fonctionnaires judiciaires, des parlementaires, des responsables sécuritaires ou des banquiers. Une forme d'intimidation pour qu'ils cessent d'enquêter sur les affaires de corruption impliquant des membres de milices ou des personnalités qui leur sont proches.