La COP29 sur le climat entre dans sa 4e journée ce 14 novembre et entre dans le dur des négociations. L'objectif de cette édition est de réévaluer à la hausse les financements en provenance des pays riches à destination des pays en développement afin que ces derniers puissent financer leur transition et s'adapter aux conséquences du réchauffement climatique.
La justice est un enjeu majeur de cette COP29 ont rappelé hier, mercredi, de nombreux chefs d'État et de gouvernement à la tribune, étant donné la responsabilité historique des pays riches dans le réchauffement.
Le Premier ministre de la Grenade, Dickon Mitchell, a adopté un ton grave à la tribune, alors que son pays est en ce moment frappé par des pluies et des inondations. Il a rappelé l'impératif d'augmenter les financements pour les États en développement.
Il a été rejoint par de nombreux autres chefs d'État et de gouvernement, comme le Bangladais, Muhammad Yunus, qui a dénoncé la situation « humiliante » des pays pauvres, contraints selon lui de « mendier de l'argent pour résoudre les problèmes » causés par les plus riches.
L'objectif, c'est de multiplier par 10 la somme actuelle de 100 milliards de dollars par an. Alors que les chefs d'État et de gouvernement quittent Bakou, le travail se fait désormais dans les salles de négociation.
L'Afrique au centre des discussions
L'absence de nombreux représentants du G20 a notamment laissé la place aux dirigeants africains, qui se sont exprimés en nombre. L'occasion d'exposer les conséquences déjà bien réelles du réchauffement climatique sur la région. Afin de peser dans les négociations, ils entendent cette année parler d'une seule et même voix.
Le sommet des chefs d'État aura été l'occasion pour les représentants africains de mettre en lumière l'intensification des catastrophes climatiques dans la région. Les inondations dévastatrices qui ont touché l'Afrique de l'Ouest ces derniers mois sont dans toutes les têtes.
Jean-Baptiste Havugimana de la Communauté des pays est-africains en appelle à plus de solidarité internationale. « Le manque d'adaptation climatique en Afrique est plus ou moins une question d'infrastructure. Si vous installez par exemple au Nigeria les mêmes systèmes de contrôle des zones inondables que ceux disponibles aux Pays-Bas, alors beaucoup d'inondations n'auraient pas lieu en Afrique. Mais de fait, les infrastructures nécessitent des financements ».
Des fonds toujours plus élevés
S'accorder sur le montant du Fonds de financement climatique à destination des pays en développement, c'est justement l'enjeu principal cette année. Un minimum de 1 000 milliards de dollars seraient nécessaires afin de compenser, entre autres, les pertes et dommages liés au changement climatique. Un engagement bénéfique à tous, affirme le conseiller de la République démocratique du Congo, Joseph Malassi.
« Il y a des pays qui se comportent comme s'ils pouvaient être dans un frigo en train de se rafraîchir quand ça brûlera. Mis en fait, on brûlera tous ou on survivra tous. Chaque dollar qui est investi pour guérir la planète, l'est pour des raisons qui sont profitables à tous ».
Les effets du changement climatique font perdre chaque année entre 7 et 15 milliards de dollars aux pays africains. Le continent n'est pourtant responsable que de 3% des émissions de gaz à effet de serre depuis 1850.
Un final qui s'annonce tendu
En vue de la conclusion de cette COP29, un nouveau brouillon d'accord a été présenté, bien plus long que le précédent, soit plus de 30 pages. Mais cette inflation témoigne-t-elle de tensions entre les parties ?
Des tensions illustrées par le départ de la délégation argentine, rappelée au pays par le président climato-sceptique Javier Milei. La décision, destinée à ne pas cautionner les décisions prises dans le cadre de la conférence, n'implique pas une sortie de l'accord de Paris à ce stade, selon le sous-secrétariat à l'environnement argentin. Elle s'inscrit dans le rejet de l'agenda 2030 de l'ONU par le président argentin, qui considère le réchauffement climatique comme un phénomène cyclique indépendant de l'activité humaine.
Des tensions également affichées avec les propos du président azerbaïdjanais contre la France, responsable à ses yeux de crimes en Nouvelle-Calédonie. La réponse de Paris ne s'est pas fait attendre. La ministre de l'Environnement n'ira finalement pas à Bakou pour la dernière ligne droite des négociations.