Jusqu'en début d'année, elle était la dernière commune de la province du Poni (Gaoua), région du Sud-Ouest, sous emprise terroriste. Depuis sa libération par les forces combattantes, il est désormais possible de vivre dans le chef-lieu de la commune, mais aussi dans un autre un village rattaché. Jour après jour, les populations de cette partie du pays reprennent la saveur de la liberté, autrefois confisquée par des hommes sans foi ni loi. Aujourd'hui, hommes et femmes ont choisi de reconstruire leur vie là où tout semblait perdu. Reportage, en ce début du mois d'octobre 2024.
Mardi 1er octobre 2024. C'est la rentrée des classes dans le chef-lieu de cette commune rurale de la province du Poni, tout comme sur l'ensemble du territoire burkinabè. Un vent glacial soulève un léger nuage de poussière sur la route en terre « trouée » par des sillons d'engins. En face, des enfants jouent à saute-mouton, riant aux éclats. Des rires insouciants ! A un jet de pierre de là, dans une concession, constituée de plusieurs bâtiments construits en terre cuite, visiblement animée, un groupe de femmes s'affaire autour d'un grand mortier. Elles pilent du maïs.
Le mouvement des pilons, l'un après l'autre, crée un rythme cadencé auquel se mêlent les chants des tisserins gendarmes (oiseaux, NDRL), le tout assorti d'un concert naturel ..., leurs mouvements synchronisés par des années de pratique et de solidarité. Non loin, des
enfants jouent, profitant de cette scène quotidienne qui symbolise à la fois, la continuité de la vie et la reconstruction, après la crise. Les habitants de cette commune, après avoir connu l'exil forcé et la perte de leurs biens (troupeaux, greniers vandalisés ...) réinvestissent aujourd'hui leur terre.
Assis à l'ombre d'un grand manguier au centre d'une gigantesque cour construite à l'aide de matériaux traditionnels, un sexagénaire, l'air interrogateur, est visiblement heureux. Il est le chef du village. D'une voix posée et rassurante, le vieillard porte l'histoire de son peuple : « lorsque l'armée a repris notre village, ce fut un grand jour. Nous avions vécu dans la peur et l'incertitude. Nous avions fui, laissant derrière nous nos maisons, nos champs, nos vies entières.
Mais dès l'annonce de la libération, beaucoup d'entre nous ont commencé à revenir ». En sa qualité de gardien des traditions, le chef de terre du village, raconte qu'à leur retour, les terres agricoles avaient été laissées en friche. « Nous avions tout perdu », déclare-il, un peu dépité. Malgré tout, selon lui, les habitants sont revenus, armés d'un courage sans faille et d'une volonté de reconstruire ce qui avait été perdu.
« Notre CSPS, c'est la vie »
Après avoir échangé avec le chef du village, nous nous dirigeons vers le Centre de santé et de promotion sociale (CSPS), situé à quelques pas du « palais » du chef. Infirmier chef de poste (ICP) du CSPS, cet agent de santé, depuis la libération de la commune, vient en aide aux populations réinstallées en leur procurant des soins de santé. Déterminé, il nous accueille dans un bâtiment bien entretenu.
L'agent de santé nous fait visiter, tour à tour, la maternité, le dépôt pharmaceutique et les salles d'hospitalisation. Les stigmates du terrorisme sont toujours visibles sur certains bâtiments notamment la maternité : des traces de flamme laissées par les incendies, les trous creusés par les balles ... C'est la peur au ventre que l'infirmier affirme avoir repris service.
« Les premiers jours après notre retour (5 juin 2024, NDLR), nous avons trouvé cet hôpital dans un état déplorable. Les médicaments avaient été pillés et les salles laissées à l'abandon, étaient impraticables. Nous avons retroussé nos manches et avons commencé à remettre les choses en place », se souvient-il. Il souligne avoir également bénéficié du soutien des autorités et d'une ONG, pour l'acquisition de tentes et de consommables médicaux.
Désormais, les femmes viennent pour les consultations prénatales, les enfants sont vaccinés et l'espoir renaît peu à peu entre ces murs. En moyenne, l'équipe de santé peut accueillir 80 patients par jour, bien qu'elle soit réduite à quatre personnes, dont trois infirmiers et un maïeuticien. Une patiente, assise dans la salle d'attente, ne cache pas sa joie. « Cet hôpital, c'est la vie. Pouvoir venir ici et être soignée, c'est pour nous le premier signe que tout est en train de rentrer dans l'ordre », témoigne-t-elle, l'air visiblement heureuse.
« Lorsque nous sommes revenus, c'était le premier service que nous voulions voir rouvrir. Nous savons que sans soin, il n'y a pas de vie », indique-t-elle. Malgré la réouverture du CSPS, les défis demeurent importants, comme l'absence d'une source d'eau, le manque de produits, et les difficultés de communication. Toutefois, l'équipe reste déterminée plus que jamais à fournir des soins de qualité aux populations, selon l'ICP.
L'école, un avenir pour les enfants
A quelques pas, l'école, fermée en 2021 à la suite des actes de vandalisme, se prépare à rouvrir ses portes. Des femmes du village ont pris l'initiative à la veille de la rentrée scolaire 2024-2025 (lundi 30 septembre, NDLR), de nettoyer les salles de classes, de les balayer de fond en comble, de dépoussiérer, afin que ce temple du savoir soit prêt à accueillir ses pensionnaires.
Ce 1er octobre, jour de rentrée, les tableaux n'attendent que les premières traces de craie qui marqueront le début de cette nouvelle vie. Aussi, grâce au soutien d'un particulier, le domaine scolaire a été pulvérisé. « Nous sommes sortis pour nettoyer les salles de classe. Nous voulons que nos enfants apprennent, qu'ils aient des rêves au-delà de ce que nous avons vécu.
Cette école est notre fierté, et nous ferons tout pour qu'elle fonctionne », laisse entendre une habitante de la localité, heureuse de contribuer à la reprise de la rentrée. Même son de cloche chez le chef de terre présent ce jour-là à l'école primaire. Il explique que les enfants ont été privés de leur droit à l'éducation.
« Nous ne laisserons plus cela se reproduire. L'école va rouvrir et les enfants vont retrouver leur place sur les bancs », s'exclame-t-il, fièrement. Dans cette école, seul le bureau du directeur n'a pas pu être nettoyé en raison de l'incendie qu'avait subi le local. Cela ne décourage pourtant pas le directeur de l'école qui, avec l'aide d'un particulier, s'active à débarrasser son bureau des casiers, chaises et tout le matériel pédagogique incendiés.
Il se dit déterminé à relancer les activités pédagogiques et scolaires avec l'appui de la communauté. Pour cet enseignant « soldat de l'éducation », la mobilisation des femmes pour nettoyer les salles de classe est un signal fort de solidarité et une source de motivation à reprendre son travail d'éducateur.
Le Chef de circonscription d'éducation de base (CCEB), en tournée dans la zone pour encourager et saluer la résilience des acteurs de l'éducation, annonce que pour cette rentrée scolaire 2024-2025, sur les 26 écoles publiques fermées dans la circonscription de
base, 14 vont rouvrir, avec un effectif de 27 enseignants pour environ 400 élèves déjà inscrits. L'objectif, selon lui, est de réintégrer progressivement les autres écoles, une fois la situation stabilisée.
Cependant, affirme-t-il, le manque de tables-bancs et d'autres équipements didactiques reste entier. L'espoir de voir une année scolaire réussie est permis en attendant d'étoffer l'effectif des enseignants. Mais les autorités éducatives comptent sur l'engagement de tous pour assurer la reprise.
Le poumon économique respire à nouveau
Cap est mis sur le marché, poumon économique de la localité. Plusieurs commerçants sont revenus installer leurs étals. Ils proposent divers articles de première nécessité qui attendent des acheteurs. Bien qu'ils soient dans le besoin, nombreux sont ceux-là qui manquent de quoi s'en procurer. Cet employé de commerce, parle d'une reprise progressive de l'activité commerciale.
« Avant, le marché était un lieu de vie, un lieu de rencontres. Quand les terroristes ont pris le contrôle, tout s'est arrêté. Plus personne ne venait ici par peur. Mais aujourd'hui, les gens reviennent », ajoute-t-il. Le sourire aux lèvres, il remercie l'armée qui, grâce à son intervention, a permis au village de retrouver son lustre d'antan. « Certains ont dû se réinventer, d'autres ont repris leur commerce comme si rien ne s'était passé. Nous avons tous traversé des moments difficiles, mais ce marché représente la résilience de notre village. Nous sommes unis et nous continuerons à avancer », poursuit-il.
Non loin du marché, se retrouve un groupe de personne, dont le vice-président de la
jeunesse de la commune. Ce dernier a passé trois années à Kampti loin de sa terre natale. Assis sous le hall d'un magasin, ce groupe de jeunes échange autour d'un thé.
« Lorsque nous sommes revenus, tout semblait dévasté, mais nous avons retroussé nos manches pour recommencer. Aujourd'hui, nous sommes heureux d'avoir retrouvé notre localité », soutient le vice-président des
jeunes.
Reprendre des couleurs
Après une journée passée dans le chef-lieu de commune, notre route nous mène dans cet autre village qui a connu le même sort : occupé, déguerpi puis finalement libéré. Il est 21 heures quand nous y arrivons. La nuit tombée, le village s'est assoupi sous la lumière des étoiles. Situé à 20 kilomètres du chef-lieu de commune, le village a traversé de sombres périodes d'occupation terroriste pendant trois ans. Libéré depuis mars 2024, il renaît progressivement de ses cendres.
Ce soir-là, nous déposons notre baluchon à l'école primaire, notre abri pour la nuit. Les cris des grillons résonnent dans le silence paisible. Ici, le calme semble avoir repris ses droits. Dans un « maquis », les derniers clients finissent leurs verres, les rires et les débats se mêlant à la musique. Ces moments de convivialité sont précieux pour les habitants, car ils symbolisent le retour de la vie, loin des craintes et de l'oppression. Mercredi 2 octobre 2024. Il est 5 heures du matin lorsque les chants des coqs envahissent l'air frais.
Au lever du jour, les premiers habitants sortent de leurs cases encore enveloppées de léger brouillard. Le froid matinal est perçant, mais cela ne les empêche pas de reprendre leurs activités quotidiennes. Dans un coin du village, une femme, pilon à la main, « broie » des feuilles de haricots. Ses mouvements sont rythmés, réguliers. Derrière elle, des enfants enlèvent de l'eau au puits. Leurs rires s'élèvent dans le ciel, brisant le silence de l'aube.
C'est un moment simple mais lourd de signification, témoignant de la vie qui reprend son cours. Pendant ce temps, les Volontaires pour la défense de la patrie (VDP) veillent au
grain. Armés de fusils, ils patrouillent pour s'assurer que personne ne s'introduise dans le village en vue de troubler la quiétude si chère aux habitants. Leur présence rassure les occupants.
Chaque soin administré est un acte de résistance
Bien que l'école soit fermée à notre passage, le CCEB se veut rassurant. Cette année, elle sera rouverte. En attendant la réouverture, le recensement des élèves se poursuit et des maitres y ont été affectés. Le CSPS est déjà en activité. Dès 7 heures, les agents de santé sont à leurs postes, administrant les soins aux premiers patients. Un infirmier est sur pied depuis l'aube. Avec sa collègue, agent itinérant de santé et d'hygiène communautaire, ils travaillent inlassablement pour soigner la population.
Dans le couloir, certains patients, venus en consultation, attendent leur tour. L'infirmier nous fait visiter les lieux tout en expliquant les défis auxquels ils font face. « Nous manquons de personnel, de matériels, mais chaque jour nous essayons de faire de notre mieux pour répondre aux besoins de la population », dit-il. Les difficultés de prise en charge des malades, notamment en raison du manque de médicaments et de l'absence d'ambulance pour évacuer les cas graves sont autant de questions qui perturbent le bon fonctionnement de ce centre de santé, renchérit l'agent itinérant de santé. La maternité, longtemps fermée, a rouvert ses portes symbolisant un retour progressif à la normalité.
Devant la petite salle d'attente, les visages marqués par la fatigue mais aussi par l'espoir, des familles attendent l'appel de l'agent soignant. Soudain, les pleurs d'un bébé résonnent mêlés aux échanges réconfortants des infirmiers. Pour beaucoup, le CSPS est la première lueur d'espoir après des années de privation au droit aux soins de santé de qualité. « Le CSPS a rouvert grâce à l'appui de l'armée et des autorités du département en charge de la santé », explique l'infirmier, avec un sourire rassurant.
« Nous avons reçu des médicaments et des équipements de première nécessité. C'est un premier pas vers un retour à la vie normale », rassure-t-il. Mais pour lui, chaque soin administré est un acte de résistance et de résilience, un geste qui témoigne de la volonté des habitants de reprendre leur destin en main. Concernant l'affluence, l'agent de santé indique que le personnel est débordé. Il note que le nombre de patients est considérable, surtout en raison du fait que certains services n'avaient pas fonctionné pendant un certain temps, ce qui avait conduit à des cas difficiles à gérer.
Assis sur un banc en bois, cet homme tient son enfant malade contre lui, le visage marqué par l'inquiétude. Le nombre de patients lui rappelle que l'attente pourrait être longue, mais il garde espoir. Déjà, il se réjouit de la réouverture de ce centre de santé resté fermé pendant trois longues années à cause du terrorisme. « Cela fait trois ans que nous attendions ce jour », dit-il. A côté de lui, une dame accompagnant sa fille malade, réagit avec une certaine reconnaissance.
« Nous sommes contentes même si tout n'est pas encore correct », affirme-t-elle, d'une voix calme et rassurée. Elle exprime un sentiment partagé par le nombre de patients dans la salle d'attente, reconnaissant les efforts des autorités pour restaurer les services essentiels après des années de difficultés. « L'hôpital a rouvert, et c'est déjà beaucoup. Mais, il y a encore du travail à faire », ajoute-t-elle, consciente que la route vers une véritable normalisation reste longue.
Pour améliorer le service, l'infirmier souligne qu'il est essentiel d'assurer la disponibilité des médicaments dans la pharmacie car, de nombreuses molécules manquent, ce qui posait un problème sérieux. Il suggère également de renforcer le personnel parce qu'un soutien supplémentaire est nécessaire. Il évoque le besoin de matelas pour assurer un minimum de confort aux patients. L'agent de santé insiste sur l'importance d'une source d'énergie, car le personnel utilise actuellement des lampes solaires fournies par les ressortissants du village. Il ajoute qu'il arrive parfois de travailler la nuit avec la lumière des téléphones portables. Malgré cela, rien n'entame le moral du personnel. L'agent itinérant de santé s'est porté volontaire pour venir en aide au CSPS du village.
Elle explique qu'elle est venue donner un coup de main à la communauté à titre gracieux
malgré le manque de ressources. Sa motivation, selon elle, vient de l'amour du travail et de son engagement à aider. Elle encourage les autres volontaires à continuer leur travail malgré le contexte difficile, car leur contribution est essentielle. « Malgré ma présence, l'hôpital a besoin d'aide. Nous accueillons trop de malades et nous manquons de produits. On prescrit les ordonnances mais ils sont obligés d'aller dans le chef-lieu de commune », fait-elle savoir.
« Revenir ici, c'est retrouver une partie de moi-même »
Non loin du CSPS, le kiosque à café de ce jeune homme est de nouveau ouvert. Ce petit commerce, détruit en 2021, est aujourd'hui en pleine activité. Le propriétaire a tout perdu lors de l'attaque, sauf l'espoir. « Nous disons merci à l'armée. Sans elle, il était impossible d'arriver ici », déclare-t-il, tout en rangeant des sachets de bonbons sur son étal. Pour lui, rouvrir son kiosque est un acte de vie, un moyen de montrer que le village est de retour, malgré les difficultés. Le marché se remet sur pied également.
A 8h30, les premiers commerçants ouvrent leurs commerces. Le marché est encore modeste, mais il semble revivre. Les échanges, les sourires, les négociations se déroulent dans une ambiance qui rappelle les jours de gloire d'avant l'occupation. Pour les habitants, revenir au marché n'est pas seulement une question économique, c'est aussi une manière de recréer du lien social, de communier, de se retrouver après des années de séparation. Un réparateur de téléphones portables est assis dans son petit atelier à quelques encablures du marché.
Il est occupé à démonter un portable, les yeux rivés sur l'appareil. Résident du village depuis 2003, il l'avait quitté en 2022 pour fuir la violence. « Revenir ici, c'est retrouver une partie de moi-même. J'avais peur de ne jamais pouvoir reprendre mon activité. Aujourd'hui, je suis là et je suis prêt à reconstruire ma vie », confie-t-il.
Ce qui est frappant dans ces deux localités, c'est la volonté des habitants de ne pas se laisser définir par ce qu'ils ont subi. La réouverture des écoles, la remise en état des centres de santé et la reprise de la vie économique montrent une détermination inébranlable. Chaque sourire, chaque étal de marché, chaque banc réparé à l'école est un symbole de leur résilience.
Le Président de la délégation spéciale (PDS) communale
« Ce qui me donne espoir, c'est avant tout l'esprit patriotique et la résilience de la population »
Le chef-lieu de la commune a récemment été libéré après plusieurs mois d'occupation terroriste. Comment se déroule la reprise des activités dans la commune ?
Avant de répondre, permettez-moi de rappeler brièvement la situation sécuritaire qui prévalait dans le département.
En effet, courant 2021, la commune était sous la menace terroriste, avec des incursions causant des pertes en vies humaines et des dégâts matériels. Cela a entraîné un déplacement massif des populations vers des zones plus sûres. Lors du passage du Président du Faso, le capitaine Ibrahim Traoré, dans la région du Sud-Ouest en décembre 2023, la principale doléance des populations de la commune était le désir de retourner dans leur localité d'origine.
Quelques mois plus tard, une vaste opération militaire a été lancée pour la reconquête et la sécurisation du département, ce qui a permis la reprise et la sécurisation du territoire en mars dernier. Je tiens à remercier le chef de l'Etat pour sa réponse rapide et pour nous avoir permis de regagner notre département. Je remercie également les Forces de défense et de sécurité (FDS) et les Volontaires pour la défense de la patrie (VDP), qui, depuis plusieurs mois, sont à nos côtés pour sécuriser le territoire et protéger toute la population.
Pour revenir à votre question, je peux vous rassurer que la vie reprend progressivement son cours normal dans le département avec la reprise des activités économiques et la réouverture de certains services déconcentrés. Nous avons également organisé plusieurs journées de salubrité et tenu des échanges avec les leaders communautaires sur le vivre-ensemble et la cohésion sociale. Après ce que la commune a traversé, il est clair pour tous que la cohésion sociale est vitale pour une commune stable et prospère.
Quelles sont les principales actions entreprises pour relancer les services administratifs ?
A ce niveau, la majorité des services ont rouvert, bien que certaines infrastructures aient été détruites par les terroristes. Je tiens à louer le courage et l'esprit patriotique des agents des services déconcentrés qui font de leur mieux pour répondre aux besoins de la population malgré les difficultés. Très bientôt les travaux de réhabilitation de certains bâtiments administratifs vont commencer. Des procédures administratives engagées sont en cours. Je remercie particulièrement tous les directeurs provinciaux des différents services déconcentrés, car ils répondent toujours favorablement aux sollicitations en vue de la réouverture des différents services.
Comment la commune gère-t-elle la situation des déplacés internes qui reviennent peu à peu ?
La gestion des déplacés internes dans la commune concerne essentiellement deux groupes de personnes retournées. Aux premières heures de la reconquête du territoire, nous avons invité les habitants à la mairie de Kampti pour les informer de la reconquête et de la sécurisation effective de leur commune par nos forces combattantes. Dans les jours qui ont suivi cette rencontre, nous avons enregistré un retour massif des populations vers leurs localités d'origine. Face au nombre élevé de personnes retournées et aux nombreux besoins, nous avons assisté à une crise humanitaire.
Cependant, avec l'assistance du gouvernement, notamment à travers le ministère en charge de l'action humanitaire, des vivres ont été distribués pour répondre aux besoins urgents. Pour le second groupe, il s'agit de nos compatriotes qui avaient migré vers la Côte d'Ivoire et qui, en raison de l'amélioration de la situation sécuritaire, ont décidé de revenir dans leur localité d'origine, entraînant un autre déplacement massif vers le chef-lieu de la commune. Dans ces deux cas, nous avons pu apporter une assistance humanitaire grâce au soutien des plus hautes autorités du pays. Malgré nos moyens limités, nous faisons de notre mieux pour répondre aux besoins chaque fois qu'il y a un afflux de personnes retournées.
Malgré ces difficultés, qu'est-ce qui vous donne espoir pour l'avenir de la commune ?
Ce qui me donne espoir, c'est avant tout l'esprit patriotique, la résilience de la population et leur détermination à reconquérir et sécuriser leur terre. A cela s'ajoute le soutien indéfectible des responsables de notre pays et la détermination du président du Faso à nous sortir de cette crise qui dure depuis déjà une décennie. C'est tout cela qui nous donne la force et le courage de continuer malgré tout ».