L'éditeur Gallimard a dénoncé lundi 18 novembre des attaques « diffamatoires » à l'encontre de l'auteur franco-algérien Kamel Daoud, prix Goncourt 2024 pour son roman Houris. L'auteur franco-algérien est accusé, par une victime de la guerre civile en Algérie, d'avoir exploité son histoire et ses traumatismes pour écrire son roman.
Si Houris est inspiré de faits tragiques survenus en Algérie durant la guerre civile des années 1990, « son intrigue, ses personnages et son héroïne sont purement fictionnels », affirme Gallimard dans un communiqué. Il revient également sur le fait que « Houris » est interdit en Algérie.
C'est une femme, Saâda Arbane, ayant survécu à un massacre au cours de la « décennie noire » (1992-2002) de la guerre civile, qui porte les accusations contre l'auteur. Saâda Arbane reconnaît sa propre histoire dans celle du personnage d'Aube, héroïne du roman de Kamel Daoud.
Lors d'un entretien accordé à une chaine de télévision algérienne privée, la jeune femme affirme qu'il existe, dans le roman, des similitudes frappantes avec sa propre vie : la nature de sa cicatrice, le tatouage qu'elle porte, la canule, sa pension, l'avortement, le salon de coiffure, le lycée Lotfi, sa relation compliquée avec sa mère adoptive ou encore son amour des chevaux.
Cette championne d'équitation se dit choquée par ce qu'elle a lu dans Houris : « Je n'aime pas évoquer mon histoire, c'est quelque chose qui me perturbe dans la vie », déclare-t-elle.
Saâda Arbane soutient, documents à l'appui, qu'elle a été suivie en psychiatrie par la femme de Kamel Daoud, à Oran, entre 2015 et 2021. Elle lui reproche d'avoir violé le secret de son dossier médical et « l'intimité de sa vie privée ». Selon Saäda Arbane, Kamel Daoud avait fait plusieurs demandes, mais a publié le roman sans son consentement ni celui de ses parents.
De son côté, Gallimard, sans revenir sur le fond de ces accusations, dénonce « des violentes campagnes diffamatoires orchestrées par certains médias d'un régime dont nul n'ignore la nature », dans un communiqué faisant allusion au pouvoir algérien. Le dirigeant de la maison d'édition s'est vu interdire de présenter ses ouvrages lors du salon international du livre d'Alger, qui s'est terminé samedi 17 novembre. L'interdiction de participer à ce salon a été notifiée aux éditions Gallimard début octobre, quand Houris, était déjà vu comme l'un des grands favoris du Goncourt.