Mali: Condamnation d'un djihadiste malien par la CPI - Les leçons à tirer

21 Novembre 2024

Remis en avril 2018 par les autorités maliennes à la Cour pénale internationale (CPI), Abdoul Aziz Ag Mohamed Ag Mahmoud alias Al Hassan, du nom de ce tristement célèbre commissaire de la police islamique de Tombouctou sous l'ère djihadiste d'Ansar dine, a été condamné à 10 ans de prison ferme par la Justice internationale pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité, viols et esclavage sexuel commis dans le contexte de mariages forcés et destruction de mausolées.

Ce procès fait suite à un autre qui avait abouti à la condamnation, en 2016, d'un autre djihadiste malien, Ahmad Al Faqi Al Mahdi, à 9 ans de prison pour avoir pris part, en 2012, à la démolition de mausolées protégés à Tombouctou, un site inscrit par l'Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture (UNESCO), au patrimoine mondial de l'humanité. En cela, ce jugement est déjà porteur d'espoirs.

De ce point de vue, l'on peut dire que le procès s'est même fait trop attendre pour cet ingénieur du mal qui, selon de nombreux témoignages, a joué un rôle de premier plan dans le calvaire subi par les habitants de la « ville aux 333 saints ». L'on garde tous, en effet, en mémoire les scènes moyenâgeuses de l'application de la charia avec son lot de châtiments et de mutilations corporels sur fond de lapidations à mort. Tout aussi vivaces sont les images des tombeaux des saints de la ville s'effondrant les uns après les autres sous les coups de houes et de burins des miliciens fanatisés d'Ansar Dine.

Mais aussi tardive qu'elle soit, la condamnation d'un des bourreaux de la population de la ville de Tombouctou en 2012, est à acclamer. Et pour cause. D'abord, elle vient apporter du baume au coeur des victimes et des parents des victimes qui, en plus d'avoir assisté impuissants à leur propre martyre ou au supplice d'un des leurs, continuent de traîner ou de gérer les séquelles physiques, psychiques, sociales et économiques de cette barbarie qui s'était abattue sur le Nord-Mali.

Elle est aussi un signe d'espoir pour la Nation malienne tout entière dont la situation socio-politique et économique marquée aujourd'hui par une précarité sans précédent, reste largement tributaire de l'ordre suranné que les groupes djihadistes tentent d'imposer au Mali depuis l'éphémère succès du Mouvement pour le djihad en Afrique de l'Ouest (MUJAO) et de Ansar dine en 2012.

Au-delà du Mali, c'est toute la communauté humaine meurtrie par les agissements des djihadistes au Mali, qui retrouve des raisons d'espérer face à un monde malmené par les marchands de la haine. Mais ce qu'il faut saluer le plus à travers ce procès, c'est surtout sa valeur pédagogique.

Il constitue, en effet, un signal fort et un avertissement sans frais pour tous les adeptes des idéologies extrémistes qui continuent, au Mali ou sous d'autres cieux, de répandre la terreur ou de se repaître du sang d'innocentes personnes. Iyad Al Ghali, Amadou Kouffa et tous les autres chefs des Katiba djihadistes dans le Sahel, devraient comprendre, à travers ce procès, que s'ils échappent à l'enfer de la mort par les balles des mitrailleuses ou des bombes, ils devront répondre un jour de leurs actes devant la Justice des hommes avant celle de Dieu.

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