La base militaire de Ndoromo, à 3 km de Bunia en Ituri, abrite depuis le 11 novembre 2024 une formation d'opérateur d'excavatrice ou pelleteuse, organisée par les Casques bleus bangladais de la MONUSCO. C'est à la demande du Parlement des jeunes de cette ville de plus d'un million et demi d'habitants, où trouver un emploi demeure une véritable gageure.
Depuis plusieurs années, cette structure de la jeunesse organise ainsi diverses formations, notamment en coupe et couture, langue anglaise, froid et climatisation, électricité et informatique de base à l'intention des jeunes. Des formations qui sont assurées par les Casques bleus bangladais de la MONUSCO.
Pour cette nouvelle session de formation, ils sont vingt-neuf jeunes, dont quatre jeunes femmes, à suivre une formation en conduite de pelleteuse. Ce sont ces gros engins automoteurs, utilisés notamment pour des travaux de terrassement et d'enfouissement.
Jusmine Kamango Kyakimwa, 31 ans, participe à la formation. La jeune femme affirme qu'elle « se cherche ». Diplômée d'université en planification régionale depuis 2022, elle n'a jamais véritablement trouvé un emploi « stable ». Pour subvenir à ses besoins, elle fait ce qu'elle qualifie elle-même des « petits boulots ». Actuellement, elle se « débrouille comme agent de sécurité dans une société de gardiennage, mais pour un salaire dérisoire », affirme-t-elle.
Face à ces gros engins, être femme ne l'a pas du tout découragé, bien au contraire : « J'ai pris le courage pour servir demodèle à d'autres femmes, qu'elles puissent nous suivre, c'est un peu ça aussi ma motivation ». Cette formation d'opérateurs de machines excavatrices est une ligne de plus sur son CV qu'elle affirme vouloir étoffer. Même si, se tempère-t-elle, cette formation ne l'aidera pas à trouver un emploi dans l'immédiat. « Cette formation va me servir, même si ce n'est pas aujourd'hui, ce sera pour l'avenir. Parce que, grâce à ça, je peux trouver un emploi partout où les grands engins sont utilisés », déclare-t-elle.
Alex Shabdina est le président de la Jeunesse islamique de la ville de Bunia. Il ne compte plus le nombre de formations qu'il a déjà suivies avec les Casques bleus bangladais de la MONUSCO. Mais celle-ci lui tient particulièrement à coeur : « Ça nous ouvre des opportunités. A Bunia, c'est un peu difficile de trouver facilement [du travail dans ce domaine], mais ailleurs, c'est possible. Par exemple à Durba dans la province du Haut-Uélé, les opérateurs sachant manier cet engin sont recherchés là-bas. À Mongbwalu dans les carrés miniers, à Mambasa et ailleurs, il y a des opportunités dans ce sens. Donc cette formation n'est pas du tout inutile. »
D'autant plus que, le jeune en est convaincu, une pelleteuse peut servir à beaucoup de choses : « La pelleteuse ou excavatrice a beaucoup de fonctionnalités : ça aide d'abord à faire la réhabilitation des routes. Ça aide, par exemple, dans les carrés miniers à creuser de l'or. Ça aide même par exemple dans la ville ici à creuser des piscines et à faire des terrassements et aussi à aplanir. On nous a aussi dit qu'en une heure de temps, cette machine peut faire le travail de 200 personnes ».
Les multiples formations dispensées par les Casques bleus de la MONUSCO, aux jeunes de Bunia, font partie des outils pour les détourner de la tentation de rejoindre les groupes armés qui recrutent en majorité dans cette catégorie de population.