Le 1er décembre 1944, des « tirailleurs sénégalais » démobilisés et renvoyés en Afrique après la seconde Guerre mondiale, sont tués par l'Armée française alors qu'ils réclamaient le paiement de leurs indemnités et le versement du pécule qui leur était promis depuis des mois par les autorités politiques et militaires de la France.
En novembre 1944, 1 280 soldats - selon des chiffres officiels - issus de différents territoires de l'Afrique-Occidentale française -- intégrés dans les « tirailleurs sénégalais » -- sont regroupés dans le camp de Thiaroye, à une quinzaine de kilomètres du centre de Dakar.
Ces tirailleurs viennent des colonies de la Côte d'Ivoire, du Dahomey (actuel Bénin), du Gabon, de la Haute-Volta (actuel Burkina-Faso), de l'Oubangui-Chari (actuels Tchad et Centrafrique), du Sénégal, du Soudan français (actuel Mali), du Niger, et du Togo.
Pour accélérer leur retour en Afrique après la libération de la France, les autorités promettent de payer leurs soldes une fois arrivés à Dakar... Arrivés au Sénégal le 21 novembre 1944, ils sont installés en tant qu'anciens combattants dans un camp militaire, à Thiaroye, dans la banlieue de Dakar. Les soldats continuent la procédure pour se faire payer leurs indemnités et le versement du pécule, qui couvrent quatre ans (1940-44), correspondant à la période où ils sont restés prisonniers.
Sur leur insistance, le commandant leur donne rendez-vous sur la place des armes. Le 1er décembre 1944, à l'aube, ils sont réveillés au clairon. Le haut-commandement leur demande de se rassembler sur l'esplanade du camp. Là, ils s'aperçoivent que le camp est complètement encerclé par divers régiments. Le haut-commandement de l'Armée française fait alors ouvrir le feu sur des centaines de soldats démobilisés.
Encore aujourd'hui, il y a divergence sur le nombre de morts dans ce massacre. Si deux rapports officiels différents parlent respectivement de 35 et 70 morts, certains historiens considèrent que le bilan pourrait atteindre plusieurs centaines d'hommes tombés sous les balles de leurs collègues soldats. L'historien sénégalais Mbaye Gueye dénombre 191 tués. Aucune de ces hypothèses ne peut encore être étayée sérieusement, parce que les archives militaires françaises n'ont pas été ouvertes.