Mozambique: Le principal opposant absent, la réunion pour sortir de la crise électorale tourne court

Au Mozambique, la rencontre entre le président Filipe Nyusi et les candidats à l'élection présidentielle n'a duré que quelques minutes, alors qu'elle devait permettre de trouver une solution à la crise postélectorale. Le principal opposant, Venancio Mondlane, était absent. Depuis les élections générales du 9 octobre, le pays est secoué par une vague de contestation dont la répression a fait une soixantaine de morts, selon la société civile.

La tension politique est toujours très forte au Mozambique. Le président sortant Felipe Nyusi a convoqué ce mardi 26 novembre dans l'après-midi les quatre candidats à la présidentielle du 9 octobre. Trois d'entre eux s'opposent à l'élection de Daniel Chapo, le candidat du Frelimo, le parti au pouvoir, et dénoncent des irrégularités. Ils demandent l'annulation de l'élection. Le candidat du Mouvement démocratique du Mozambique, et celui de la Renamo, les deux principaux partis d'opposition, en ont fait une condition sine qua non, et ce dernier exigeait aussi la présence des quatre candidats.

La rencontre a ainsi été ajournée en raison de l'absence du candidat indépendant Venancio Mondlane, à la tête du mouvement de contestation postélectoral. Toujours en exil, il avait posé ses conditions à la participation à la réunion : entre autres, la fin des poursuites judiciaires à son encontre, des indemnisations pour les victimes de la répression policière et une participation en visioconférence.

Absence du principal opposant

À 16h30, après la fin de la rencontre, Venancio Mondlane s'est exprimé en direct sur Facebook. Il assume son absence. « Je n'ai reçu aucune réponse officielle à mes conditions », explique-t-il. Le candidat assure avoir envoyé à la présidence une proposition d'agenda des discussions. Des thèmes que plus de 40 000 Mozambicains lui auraient suggérés par e-mails depuis la semaine dernière. Fraude électorale, arrestations arbitraires, violences policières, terrorisme, logement... « Le peuple mozambicain veut savoir ce qu'il va manger et où il va dormir », assure Venancio Mondlane. « Mais le président n'a pas l'intention d'avoir un débat sérieux » conclut-il.

Filipe Nyusi a pourtant assuré le contraire après cette réunion expéditive, promettant un report de la rencontre avec les candidats, afin de trouver une sortie de crise. « Venancio Mondlane n'a pas été expulsé du Mozambique. Il n'y a aucune raison pour qu'il ne soit pas dans le pays », s'est étonné le président pour qui ce n'est que partie remise. « Nous ne pouvons pas nous arrêter, nous devons trouver une solution à notre problème », a déclaré le président mozambicain à l'issue de la rencontre. De son côté, Ossufo Momade, candidat de la Renamo, a qualifié l'absence de Venancio Mondlane de « dangereuse ». « Il est le centre du problème. C'est lui qui appelle à manifester », a-t-il conclu.

Des résultats contestés

Les résultats provisoires annoncés par la Commission électorale donnent Daniel Chapo, candidat du Frelimo, élu avec près de 71% des voix lors des élections du 9 octobre. Un résultat contesté par Venãncio Mondlane, arrivé deuxième avec 20% des voix, qui dénonce des irrégularités et a appelé ses partisans à « paralyser le pays ». Selon le décompte de la plateforme électorale Decide publié lundi 25 novembre, au moins 67 personnes ont été tuées durant un mois de mobilisation postélectorale. Au moins 210 autres ont également été blessées par balles et plus de 1 350 arrêtées.

Le Conseil constitutionnel est censé se prononcer sur les résultats, et il s'est fendu d'un communiqué le 25 novembre, une chose très rare : les tensions politiques l'exigent, avance le communiqué. Raison de plus, ajoute le Conseil, pour prendre son temps. Les juges expliquent que ni la Constitution, ni la loi électorale ne leur imposent de délai pour rendre leur décision.

La première session de l'Assemblée nationale doit toutefois se tenir 20 jours après la proclamation des résultats. Or la mandature actuelle s'arrête le 12 janvier 2025. Les juges devraient donc s'exprimer aux alentours du 23 décembre. Ils promettent de faire la lumière sur la « vérité électorale » : une tâche difficile, poursuit le communiqué, compte tenu des menaces reçues par certains membres du Conseil.

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