Depuis quelques années, la société gabonaise, à l'instar des autres pays africains, est exposée au phénomène de dépravation de mœurs par des images obscènes dans les établissements scolaires. On entend par dépravation des mœurs, l'ensemble de comportements dénaturés ou une manière immorale de se conduire en particulier sur plan sexuel et social ou des règles de la morale sociale à une époque donnée.
Pour rappel, il y a trois ans, la sortie d'un rythme musical composé uniquement des instruments, avait apporté un engouement au sein des établissements secondaires. Cela a eu pour conséquence, un challenge sur les réseaux sociaux qui consistait à exposer son postérieur au rythme de la cadence. Plusieurs élèves s'étaient mis dans le bain en prenant des images obscènes pour voir qui était le meilleur.
Aujourd'hui, le Lycée Technique Omar Bongo revient avec les images qui ternissent la moralité du plus grand nombre. Cette fois, on voit dans la vidéo un jeune homme en uniforme allongé par terre avec sa braguette baissée, et une jeune fille qui trémousse sur lui avec sa jupe levée et son sous-vêtement dehors. Tout cela au rythme d'une cadence orchestrée par le tambourinage de leurs collègues.
Cette scène relance le débat sur une problématique dénoncée par plusieurs médias nationaux et internationaux. Puisque ce fait est observable dans la majorité des pays africains. En Côte-d'Ivoire, au Bénin, au Togo et Cameroun, il était nommé "tontine sexuelle", c'est-à-dire que les jeunes élèves se cotisent et tirent au sort un couple ou une bande d'amis qui doit avoir des rapports sexuels dans un motel.
Dans cet article, nous allons insister sur les pistes de solutions à porter pour endiguer cette gangrène. Mais avant, soulignons brièvement les causes et les conséquences de ce phénomène de la dépravation des moeurs chez les jeunes.
La toute première cause est le problème lié à la cellule familiale. La dislocation ou la non maîtrise de la structure familiale laisse libre court à l'influence extérieure, aux méfaits d'internet, des réseaux sociaux, à l'accès au contenu obscène, aux films de Novelas ; aux manuels scolaires dépravants, la distribution des préservatifs, etc.
Parmi les conséquences, on à ces actes immoraux des obscénités, la violence en milieu scolaire, l'usage des drogues dures, la prostitution, etc.
Au vue de tout cela, on est en même de proposer quelques pistes de solution. Il faut dire qu'il n'y a pas de solution miracle, toutefois, nous pensons qu'un certain nombre de précautions aideraient à diminuer la probabilité d'une dépravation des moeurs chez les jeunes.
· Le retour aux rites traditionnels
Le retour à l'initiation chez les jeunes filles comme chez les garçons permettra de revenir aux fondamentaux qui faisaient la fierté de nos ancêtres. En effet, le passage de l'enfance à l'adolescence était caractérisé par l'initiation des jeunes. Pendant ce processus, on leur apprenait à devenir homme et femme. Les enfants recevaient des conseils qui faisaient en sorte qu'il y ait une crainte des représailles de la société mais surtout des entités célestes invisibles. Il y avait des interdits qu'il ne fallait pas braver. L'obscénité, l'exhibitionnisme étaient interdits.
· La reconstitution de la cellule familiale en montrant le bon exemple
La base de toute éducation commence au sein de la cellule familiale. Il est vrai que le capitalisme effréné a réifié l'être humain au point de mettre en avant seulement le négoce et les biens matériels, mais il est possible de reconstituer la famille. Cette reconstitution passe par la prise en compte de l'exemple à montrer aux enfants.
Les enfants imitent généralement tout ce que font les adultes. Il est inutile d'interdire à un enfant certains comportements si on n'est pas un exemple en la matière. L'usage du langage vulgaire, l'habillement indécent, avoir des relations avec plusieurs partenaires, poser des actes de prostitution, banaliser la sexualité et la nudité, s'exposer aux pratiques adultes telles les bars, etc. sont autant des faits qui exposent l'enfant à la dépravation des moeurs.
L'adulte doit servir de bon exemple auquel l'enfant voudrait toujours se référer. C'est bien d'entendre un enfant dire « je voudrai être comme papa ou maman ». Avoir soi-même un comportement qui reflète ce qu'on leur recommande de faire est déjà un pas vers la bonne éducation.
· Le contrôle parental
Le contrôle parental permet de surveiller leurs accès aux réseaux sociaux et à internet, sans oublier de veiller à leurs fréquentations. Car, il y a trop de cybercriminalité. Il faut veiller également aux contenus de télévisions. Vérifier qu'ils ne visionnent pas des contenus inappropriés susceptibles d'imprégner dans leur esprit des images indécentes. Mettre ses enfants aux prises avec les Novelas, les expose aux dangers de devenir adulte très vite. Car, on y voit des personnes s'embrasser et s'habiller de façon dépravée. Veiller aussi à ce qu'ils ne s'identifient pas aux stars qui se dénudent dans les chaines de musique. Car à force de les voir, ils finiront par vouloir les imiter.
· Le retour aux contes traditionnels
Jadis, chaque soir autour du feu, les grands-parents racontaient toujours des petites histoires à leurs petits-enfants. Considéré comme moyens de transmission des enseignements, des valeurs et des leçons morales aux générations futures, les contes sont souvent empreints de symbolisme et d'allégories. Ils mettent en scène des personnages mythiques ou des animaux anthropomorphes, et sont souvent utilisés pour expliquer l'origine du monde, des coutumes ou des phénomènes naturels, etc.
Ces contes mettent également en avant des thèmes tels que la justice, la sagesse, la bravoure, l'amour et la loyauté. Ils peuvent être humoristiques, dramatiques, satiriques ou fantastiques, et sont parfois accompagnés de musique, de chants ou de danses pour renforcer leur impact émotionnel. Les narrateurs de contes sont souvent respectés au sein de leur communauté pour leur capacité à captiver leur public et à transmettre des connaissances et des valeurs endogènes essentielles.
Ce sont donc des récits didactiques souvent utilisés pour véhiculer des maximes et des morales. Le soir, dans les temps anciens, ils étaient racontés au coin du feu, pour enseigner la morale aux plus jeunes. De plus, ils évoquent un contexte culturel bien défini, des histoires et des lieux familiers, auxquels il est facile pour celui qui écoute de s'identifier.
Loin des personnages envoûtants des contes fées occidentaux repris et diffusés par le groupe Disney par exemple, les contes africains, et par là même ceux du Gabon, mettent en scènes des êtres et des situations qui traduisent l'imaginaire immatérielle des sociétés traditionnelles.
· Briser les tabous
Protéger nos enfants passe par une communication éclairée sur le corps humain, ses changements physiologiques et le rôle de la sexualité. En adoptant bien sûr un vocabulaire à leur âge, leur niveau de compréhension et surtout aux valeurs culturelles qu'on souhaite inculquer. Leur parler des dangers du proxénétisme et de la pédophilie quand ils entrent dans l'adolescence ; afin que nul ne puisse les manipuler et abuser d'eux.
· Repanser le système éducatif en le réorganisant
Le système éducatif de l'Afrique en général et celui du Gabon en particulier a besoin d'être repanser. Car on n'y note plusieurs irrégularités dans la façon de procéder. On doit proposer aux élèves des pratiques alternatives au lieu de se contenter uniquement à l'enseignement général. Contrairement aux pays asiatiques qui misent sur la technique, nos pays sont plus sur les théories qui n'aboutissent pratiquement à rien. Or, pendant que les jeunes africains s'exhibent avec des contenus obscènes, les asiatiques sont dans les laboratoires pour des recherches ou des ordinateurs pour travailler. Ces jeunes de Capo n'ont certainement pas tout le matériel didactique pour leur apprentissage. Conséquence, ses actes immoraux.
Repanser le système passe aussi par la cohabitation entre le corps administratif des établissements et les parents de ces enseignés. La communication ne doit pas s'estomper. Dans les établissements privés, cela est perceptible. Et l'on note moins de dépravation dans ces derniers. Car, il y a de la rigueur et les parents sont convoqués à la moindre occasion des dérives de la part de l'apprenant. Le public doit s'y arrimer.
· L'éducation par le bâton
Hériter de l'éducation coloniale, l'éducation africaine d'autrefois était appliquée au bâton. Lorsque l'apprenant n'arrivait pas à saisir les enseignements, on procédait à la chicotte. Même si cette méthode a montré ses limites, il est quand-même nécessaire de l'essayer. Tout enfant qui sera pris en flagrant délit de dépravation de moeurs, se verra puni publiquement. La seule crainte, ce sont les suicides qui émanent de la honte subie par les commanditaires.
· Arrêter les commanditaires, les isoler et les rééduquer
Il est plus que nécessaire d'arrêter tout apprenant qui sera pris en flagrant délit d'obscénité de pratique immorale. Il sera isolé des autres puis conduit dans des cellules de réinsertion des jeunes. Pendant sa détention, il aura droit à un apprentissage et/ou à un service militaire. La formation qu'il suivra fera de lui homme aguerrit. Car, le contenu des enseignements sera axé sur le respect des valeurs et les dignités humaines.
· Appliquer la législation en vigueur (chercher le texte)
Selon Legigabon du 25 février 2019 (site de la législation gabonaise) dans l'article Chapitre VII, Art 257 du nouveau Code pénal, sont considérés comme des attentats aux moeurs : « les actes contraires aux bornes moeurs commis intentionnellement dans un lieu public ou privé et de nature à offenser la pudeur de témoins, notamment l'exhibition sexuelle [...] ».
Cette description du code pénal correspond bien aux vidéos des élèves du Lycée technique. Pour cela, « les attentats aux moeurs visés aux paragraphes 1 et 2 sont punis d'un emprisonnement de 6 mois à 3 ans et d'une amende de 500.000 à 2 millions de Francs CFA [...] ». Il est donc plus que nécessaire de mettre en pratique cette législation pour empêcher les autres élèves de se soumettre aux mêmes pratiques.
· La création d'une brigade des moeurs
Il est vrai qu'après le scandale des violences inter- établissements d'enseignement secondaire a permis la création d'une police de sécurité au sein des établissements pour la fouille des élèves. Mais il est judicieux d'ajouter à cela une brigade des meurs qui avait fait des échos favorables dans les années antérieures. En effet, cette brigade avait pour mission de traquer toute personne qui avait tendance à s'habiller de façon dépravée et à susciter l'attentat à la pudeur. Elle aura pour mission de suivre les mineurs sur les réseaux sociaux et chercher à appréhender les fauteurs de trouble.