Angola: Isabel Dos Santos et les milliards à problème

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Isabel Dos Santos
2 Décembre 2024
analyse

En Angola, tout comme au-delà de ses frontières, Isabel Dos Santos, fille de l'ancien chef de l'Etat, fait régulièrement l'actualité à cause de ses ennuis judiciaires. Poursuivie dans son pays et par plusieurs tribunaux dans le monde pour détournement de fonds publiques et corruption, cette femme d'affaires affirme être la cible d'une vendetta politique.

Elle crie à une tentative d'usurpation de ses biens, mais le successeur de son père à la tête de l'Etat, Joao Lourenço, engagé dans une bataille contre la corruption, ne l'entend pas de cette oreille. Récupérer les milliards détournés des caisses de l'Etat, sous le règne de son prédécesseur, José Edouardo Dos Santos, est devenu une obsession pour le nouveau maitre du pays au pouvoir depuis 2017.

Isabel Dos Santos qui faisait la pluie et le beau temps sous la gouvernance de près de 40 ans de son père, se trouve tout naturellement au coeur de cette traque. Elle était au coeur des affaires publiques, au point de se faire des milliards et de demeurer jusqu'à présent la femme la plus riche d'Afrique. Isabel Dos Santos possédait un quart de la plus grande société de téléphonie mobile du pays, Unitel et présidait la compagnie pétrolière nationale, Sonangol.

Dans le monde des affaires en Angola, on ne jurait que par elle, tellement elle était devenue une sorte de plaque tournante. Personne n'osait défier cette dame de fer, hyper protégée par son défunt père de président. Isabel Dos Santos se voit donc rattraper par son passé et va devoir assumer son destin. Son frère, José Filomeno connait d'ailleurs le même sort.

Trempé dans une affaire de détournements de deniers publics quand il gérait le Fonds souverain de l'Angola, celui-ci avait été condamné à 5 ans de prison. Sa peine avait ensuite été annulée par la Cour constitutionnelle pour vice de procédure, avant qu'il ne soit libéré en août dernier, le parquet angolais affirmant avoir recouvré tous les actifs financiers et non financiers du Fonds souverain. Même si elle ne s'est pas retrouvée derrière les barreaux comme son frère, Isabel Dos Santos n'est pas en bonne posture.

Depuis l'arrivée au pouvoir de Joao Lourenço, ses déboires s'accumulent. Après son débarquement à la tête de Sonangol et la perte de nombreux contrats de marchés publics, celle qu'on surnomme « la princesse » enchaine les revers judiciaires. En plus du gel de ses avoirs par la justice angolaise et portugaise, la fille de l'ex-président s'embourbe. Un tribunal néerlandais l'a récemment condamnée pour avoir détourné 52 millions d'Euros de la compagnie pétrolière nationale angolaise. Cette somme aurait été dissimulée au profit d'une société qu'elle détenait aux Pays-Bas. Isabel Dos Santos a également perdu sa bataille contre Unitel, devant la justice anglaise qui a ordonné le gel de ses avoirs estimés à 735 millions de dollars.

Ces échecs devant les tribunaux attestent de ce que les accusations portées contre Isabel Dos Santos sont fondées à bien des égards. Peut-on véritablement parler d'une chasse aux sorcières à son sujet ? Elle s'est toujours défendue de détournements de fonds publics, mais les faits semblent têtus. Il a tout l'air, qu'Isabel Dos Santos a profité du parapluie de son père pour détourner des sommes colossales et devenir de fait opératrice économique.

Ce qui est scandaleux. Si elle était issue d'une famille riche à l'origine, le débat sur sa fortune allait faire moins rage. Le cas Isabel Dos Santos instruit à souhait sur la mal gouvernance en Afrique où de nombreux dirigeants confondent les caisses de l'Etat à leurs poches.

Ils se rendent coupables de malversations avec très souvent l'implication de leurs proches, quitte à devoir rendre des comptes après avoir quitté le pouvoir. Un gouvernant qui aime son pays ne doit pas le dépouiller de ses biens. Il doit plutôt travailler à le développer davantage et à en faire un modèle, ce qui ne peut être qu'à son honneur. On est malheureusement loin du compte sur le continent africain...

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