Tchad: Les dessous de la décision de Ndjamena de dénoncer son accord de défense avec Paris

Le président de la République du Tchad Mahamat Idriss Deby Itno et son homologue français Emmanuel Macron

Depuis jeudi dernier, beaucoup se demandent pourquoi cette décision soudaine et brutale a été prise par Ndjamena juste après la visite du ministre des Affaires étrangère français à Ndjamena, de dénoncer l'accord de défense entre les deux pays.

La visite du président tchadien en France en septembre et sa rencontre avec Emmanuel Macron semblait avoir apaisé les relations entre les deux pays, malgré l'ouverture d'une enquête, d'abord sur les costumes du président tchadien en France, ensuite sur les nombreux biens mobiliers et immobiliers acquis par la famille Deby depuis l'époque du père... Mahamat Idriss Deby avait vu alors rouge...

Lorsque la délégation conduite par le chef de la diplomatie française arrive à Ndjamena jeudi dernier, Mahamat Idriss Deby est déjà irrité par « l'absence de coopération et de collaboration de l'armée française » au moment d'une attaque d'envergure des jihadistes de Boko Haram sur une base avancée de l'armée tchadienne dans la région du Lac Tchad fin octobre dernier, selon nos sources à Ndjamena.

La France n'aurait pas alors fourni des informations à sa disposition, selon toujours nos sources, sur les mouvements des jihadistes et aurait également « refusé » de fournir un appui militaire aérien à ce moment-là, malgré les demandes du Tchad.

Que s'est-il ensuite passé lors de la rencontre entre le président tchadien et le ministre français ? Rien qui fâche apparemment du point de vue français, puisque Paris n'a pas caché sa surprise en apprenant par les médias la dénonciation, le 28 novembre, par Ndjamena de leur accord de défense, peu après le départ de sa délégation.

Nos sources tchadiennes, elles, dénoncent « l'arrogance des Français ». Jean-Noël Barrot aurait insisté sur la question soudanaise et demandé « la neutralité » de Ndjamena, accusé de soutenir le camp des rebelles du général Hemedti, malgré ses dénégations. Début novembre, le Soudan a annoncé avoir déposé vendredi une plainte officielle contre le Tchad devant la Commission africaine des droits de l'homme et des peuples.

Et surtout, le ministre français des Affaires étrangères français aurait plaidé pour un report des législatives et des locales du 29 décembre prochain pour plus d'inclusivité, ce qui aurait fait entrer Mahamat Idriss Deby dans « une grande colère froide ».

La suite ... on la connaît.

AllAfrica publie environ 600 articles par jour provenant de plus de 110 organes de presse et plus de 500 autres institutions et particuliers, représentant une diversité de positions sur tous les sujets. Nous publions aussi bien les informations et opinions de l'opposition que celles du gouvernement et leurs porte-paroles. Les pourvoyeurs d'informations, identifiés sur chaque article, gardent l'entière responsabilité éditoriale de leur production. En effet AllAfrica n'a pas le droit de modifier ou de corriger leurs contenus.

Les articles et documents identifiant AllAfrica comme source sont produits ou commandés par AllAfrica. Pour tous vos commentaires ou questions, contactez-nous ici.