Le rapport publié par le WWF, qui documente le travail de centaines de scientifiques issus de divers horizons, dévoile une impressionnante variété de nouvelles espèces, incluant des plantes jusqu'alors inconnues, des invertébrés, des poissons, des amphibiens, des reptiles, des oiseaux et des mammifères.
Le Fonds mondial de la nature (WWF) vient de publier, le 3 décembre 2024, un rapport qui révèle que 742 nouvelles espèces de faune et de flore ont été découvertes dans le Bassin du Congo au cours des dix dernières années. Ce rapport intitulé « Des nouvelles vies dans le Bassin du Congo, une décennie de découvertes d'espèces (2013-2023) », précise cette ONG internationale active dans la conservation, met en lumière la biodiversité remarquable et les besoins urgents de conservation de l'un des écosystèmes les plus vitaux au monde. Il s'inscrit dans la continuité du Rapport-Planete-Vivante 2024 du WWF, qui a révélé un déclin alarmant des populations mondiales de la faune, notamment dans les régions tropicales.
Sur près de quatre-vingts pages, le rapport publié par WWF documente, en effet, le travail de centaines de scientifiques issus de divers horizons dont les universités, les organisations de conservation et les instituts de recherche à travers le monde. Il dévoile une impressionnante variété de nouvelles espèces, incluant des plantes jusqu'alors inconnues, des invertébrés, des poissons, des amphibiens, des reptiles, des oiseaux et des mammifères.
Les espèces ont été découvertes grâce à des recherches de terrain approfondies, incluant la collecte de spécimens, l'analyse génétique et la documentation, souvent en collaboration avec les communautés locales. « Parmi ces découvertes figurent des orchidées uniques, de nouvelles espèces de café, de grenouille griffue, de crocodile, de poisson électrique, de hibou, d'araignée, de tortue, et même une espèce de singe connue localement sous le nom de "lesula" », précise le WWF dans un communiqué qui annonce cette publication.
La protection de ces écosystèmes
Pour le WWF, ces découvertes illustrent non seulement la richesse du Bassin du Congo, mais également l'urgence de mener des efforts de conservation pour protéger ses écosystèmes fragiles. Surnommé les « poumons de l'Afrique », souligne le WWF, le Bassin du Congo est le plus grand puits de carbone au monde. Et de continuer : « Il abrite également la plus vaste tourbière tropicale de la planète. S'étendant sur six pays, sa forêt tropicale assure la sécurité alimentaire et constitue un moyen de subsistance essentiel pour les populations autochtones et locales, tout en offrant un habitat crucial pour les espèces en danger ».
Le rapport de WWF révèle la grande importance du Bassin du Congo du moment où l'Amazonie est de plus en plus menacée par des points de basculement dangereux. « Le Bassin du Congo n'est pas seulement un refuge de biodiversité ; il est essentiel au bien-être de plus de 75 millions de personnes qui dépendent de ses ressources pour leur alimentation, leur abri et leur identité culturelle», a déclaré le directeur régional du WWF pour le Bassin du Congo, Dr Martin Kabaluapa. Pour lui, ce rapport est un appel à l'action pour les gouvernements, les conservateurs et les communautés, afin qu'ils unissent leurs efforts pour protéger ce patrimoine naturel irremplaçable. « Alors que nous célébrons ces découvertes, nous reconnaissons également la responsabilité urgente de préserver cet écosystème vital », a insisté le Dr Kabaluapa.
Alors que de son côté, le responsable de la Conservation pour le Bassin du Congo au WWF International, Jaap van der Waarde, a réitéré l'indéfectible engagement de cette ONG envers le Bassin du Congo. « Le WWF travaille aux côtés des communautés locales, des gouvernements et des groupes autochtones pour protéger ces écosystèmes. Des programmes d'éco-surveillance à la certification Forest Stewardship Council (FSC) des concessions forestières, notre objectif est de garantir que les générations futures pourront admirer les merveilles du Bassin du Congo », a-t-il souligné.
Des connaissances autochtones dans la conservation
Pour le WWF, ce rapport célèbre également le rôle des connaissances autochtones dans la conservation. L'ONG a, en effet, rappelé que les communautés autochtones, qui cohabitent avec ces forêts depuis des générations, sont des acteurs clés dans la préservation et la compréhension de cette biodiversité. « Bon nombre des espèces mentionnées dans ce rapport, bien que nouvellement décrites dans la littérature scientifique, sont connues des communautés locales depuis des générations », a indiqué le WWF dans son communiqué. Pour le coordinateur des Peuples autochtones pour le WWF-Cameroun, Moïse Kono, « Depuis des siècles, les communautés autochtones vivent en harmonie avec les forêts. Reconnaître leurs connaissances est essentiel au succès des initiatives de conservation ». Pour lui, « il est crucial que leurs voix et leurs droits soient respectés en tant que gardiens de ces terres ».
De son côté, le WWF appelle à une action urgente pour protéger la biodiversité unique et menacée du Bassin du Congo. « Les gouvernements de la région se sont engagés à placer 30 % de leurs terres sous une forme de protection d'ici 2030, et ils ont besoin d'un soutien pour identifier ces zones et les protéger efficacement. Les aires protégées existantes nécessitent une gestion efficace », a souligné cette ONG.
Notant une récente étude menée au Gabon et en République du Congo qui a révélé qu'un plus grand nombre de grands mammifères se trouvent dans les concessions forestières certifiées par le FSC, contrairement aux forêts non certifiées, WWF a fait savoir que la certification en matière de durabilité s'avère donc être une méthode éprouvée pour protéger la biodiversité tout en générant des avantages économiques pour les communautés et les gouvernements.
Ce rapport de WWF, note-t-on, couvre six pays dont le Cameroun, la République Centrafricaine, la République Démocratique du Congo, le Guinée Équatoriale, le Gabon et la République du Congo. Alors que cette ONG est active dans cinq de ces pays, à l'exception de la Guinée Équatoriale. Ces découvertes comprennent 430 plantes, 140 invertébrés, 96 poissons, 22 amphibiens, 42 reptiles, 2 oiseaux et 10 mammifères. Alors que dans la répartition par pays, au Cameroun, il a été découvert 238 espèces, en République Centrafricaine, 25 espèces, en République démocratique du Congo, 259 espèces, en Guinée Équatoriale, 59 espèces, au Gabon, 262 espèces et en République du Congo, 65 espèces.
Il est également noté que le Bassin du Congo est confronté à d'importantes pressions environnementales, notamment la déforestation, le braconnage, le changement climatique, l'exploitation minière et les conflits entre humains et faune. « Ces menaces mettent en danger non seulement les espèces nouvellement découvertes, mais aussi des espèces emblématiques telles que les éléphants de forêt et les grands singes », souligne-t-on.