En Côte d'Ivoire, le nombre de mariages célébrés devant la mairie est en baisse. En cause, la tendance à organiser des cérémonies de plus en plus sophistiquées et donc coûteuses. Pour parer à cette situation, certaines entreprises et institutions organisent de manière ponctuelle des mariages collectifs. C'était le cas de la compagnie de transports en commun, la Sotra, et de la société Ivosep. Un exemple en milieu militaire : 280 personnes se sont mariées lors d'une cérémonie commune. Reportage.
Pour cette cérémonie spéciale, chaque couple est venu avec seulement deux témoins. « Les demoiselles ici présentes », commence l'officier d'état-major. Après la lecture des articles du Code civil, l'officier d'état-civil procède de manière assez pragmatique à l'échange du consentement.
Derrière la joie et l'émotion, certains expriment un véritable soulagement après plusieurs années d'attente. C'est le cas du sergent Modeste Nankou Djogo, père de quatre enfants. « Dieu merci, c'est vraiment arrivé. Je suis vraiment, vraiment heureux », confie-t-il. Et lorsqu'on lui demande combien d'années, il a attendu, il répond : « 27 ans. C'était vraiment difficile. Il y avait des problèmes de temps, on bougeait beaucoup, on n'avait pas le temps pour les papiers. C'est comme si un poids venait de disparaître. »
Un allègement des dépenses
Organiser des mariages collectifs permet de réduire le coût de cet événement, car l'un des principaux freins dans la société ivoirienne est le poids financier que représente le mariage. Comme l'explique le sociologue Gnelbin Hlil.
Ce sont les cérémonies qui coûtent cher [...] les fêtes, les réjouissances.
Bineta Diagne Dans ce cadre, cette cérémonie a été financée par l'état-major et le ministre de la Défense, ce qui a permis d'alléger les dépenses liées au mariage civil. Le sergent-chef Gbagbé, père de six enfants, témoigne : « Si ce n'était pas le cas, on aurait dû dépenser entre 2 à 2,5 millions de francs. Il faut payer la mairie, tous les frais, tout... Il y a beaucoup de choses qui sont requises. »
Un besoin de soutien pour les familles de militaires
Cette initiative part d'un constat : la précarité dans laquelle sont plongées les veuves de militaires. Comme l'explique le général Lassina Doubia, le chef d'état-major des Armées. « C'est un véritable parcours du combattant pour certaines d'entre elles, ne pouvant attester de leur qualité d'ayant droit pour accéder au compte de leur défunt mari. »
Des cérémonies collectives, tout aussi festives, sont prévues dans les semaines à venir à Bouaké, Daloa, Korhogo, Man et San Pedro.