Qui sera le prochain président du Ghana ? Telle est l'équation à résoudre par les dix-huit millions d'électeurs qui sont appelés aux urnes ce samedi 7 décembre 2024, pour élire le nouveau chef de l'Etat. Douze candidats sont en lice pour la succession de Nana Akuffo-Addo frappé par la limite des mandats et ce, après huit ans de règne.
Ce dernier a accepté de s'effacer au profit de son vice-président, Mahamudu Bawunia désigné porte-étendard du parti au pouvoir, le New patriotic party (NPP), dans une volonté affichée de respect des règles constitutionnelles. Dans une Afrique en pleine mutation démocratique rongée par la tentation de troisièmes mandats, c'est un acte qui mérite d'être salué à sa juste valeur. Car, au regard des violences que l'obstination de certains chefs d'Etat à briguer ce mandat de trop, a engendrées par-ci par-là sur le continent noir, c'est un geste qui vaut son pesant de paix sociale dans un pays déjà confronté à de nombreux défis.
C'est aussi un geste qui honore toute la classe politique du pays de Kwame Nkrumah, en plus de témoigner du niveau d'avancement et de maturité de la démocratie ghanéenne. Toujours est-il qu'une fois de plus, l'exemple vient d'un pays anglophone là où les pays francophones semblent se complaire dans leur situation de cancres de la démocratie s'ils ne s'en disputent pas la palme de fossoyeurs. Pour en revenir au scrutin de samedi, en face du NPP, le candidat du National democratic Congress (NDC), l'ancien président John Dramani Mahama, s'annonce comme le principal challenger. Sera-t-il le Donald Trump du Ghana, qui reviendra au pouvoir après l'avoir perdu ? On attend de voir.
Les piques et autres fléchettes ne manquent pas
En tout cas, l'ancien chef de l'Etat qui a échoué à se faire réélire en 2016, croit en ses chances et mise sur la frustration de ses compatriotes confrontés à de nombreuses et grandes difficultés économiques, pour revenir au pouvoir. A côté des candidats de ces deux grandes formations politiques qui ont toujours dirigé alternativement le pays depuis le retour du multipartisme en 1992, les autres candidats au nombre desquels l'homme d'affaires Nana Kwame Bediako et l'ancien ministre démissionnaire du NPP, Alan Kyerematen, ne paraissent pas plus que des outsiders.
C'est dire les enjeux de ce scrutin présidentiel dont la campagne a été plutôt apaisée, malgré les piques et autres fléchettes que ne manquent pas de se décocher les candidats en pareille circonstance. Une élection qui pourrait, une fois de plus, se jouer entre le NPP et le NDC. L'autre pari de ce scrutin, est de tenir le vote dans le calme et la discipline. D'autant plus que l'on se demande si la sortie de l'opposition accusant l'armée de préparer le trucage des élections en faveur du parti au pouvoir, est une manoeuvre visant à obtenir une plus grande transparence du scrutin, ou si elle prépare déjà le lit de la contestation.
Les Ghanéens auront aussi à élire leurs députés dans 275 circonscriptions
A côté de cela, le taux de participation ne paraît pas moins important dans un contexte où le poids des difficultés économiques toujours persistantes malgré les changements de régimes, peut jouer sur la motivation des électeurs à se rendre aux urnes pour s'acquitter de leur devoir citoyen. C'est dire si les jeux restent ouverts dans cette élection qui s'annonce aussi indécise que serrée. Car, si dans ce contexte de crise économique sur fond de renchérissement du coût de la vie, le bilan du président sortant paraît plus un handicap qu'un atout pour Mahamudu Bawumia qui en est aussi comptable, son principal rival, l'ancien président John Dramani Mahama ne paraît pas pour autant logé à meilleure enseigne ; tant les Ghanéens ne gardent pas forcément les meilleurs souvenirs de son passage à la tête de l'Etat, en raison des nombreux délestages qui avaient émaillé son mandat au point de mettre à mal l'économie nationale.
Donnant lieu à des manifestations qui avaient vu de milliers de Ghanéens descendre dans la rue. Entre les deux, on ne sait pas si un troisième larron viendra jouer les trouble-fêtes dans cette présidentielle dont l'issue du premier tour reste encore largement incertaine. Pour le reste, les Ghanéens auront aussi à élire leurs députés dans 275 circonscriptions du pays, dans un scrutin uninominal à un tour à la majorité simple. Et ce, contrairement à la présidentielle où un second tour sera organisé entre les deux candidats ayant obtenu les plus grands nombres de voix, si personne ne franchit le seuil des 50% au premier tour. Que le meilleur gagne !