Kenya: Mulot, une petite bourgade rurale devenue la plaque tournante de la cybercriminalité dans le pays

Située à environ 200 kilomètres à l'ouest de la capitale, Nairobi, la petite ville de Mulot est devenue un haut lieu du crime kenyan, selon une enquête menée par l'opérateur de télécommunications Telco. Ses spécialités ? Le vol de cartes SIM et l'usurpation d'identité. Chaque année, des millions de shillings y sont détournés, selon le document.

Après avoir été, de par sa position à la croisée de deux comtés de l'ouest du Kenya, un important centre de commerce, la petite ville rurale de Mulot est progressivement devenue un lieu de trafic de cartes SIM avant d'évoluer vers l'escroquerie en ligne. Dans un pays où la plupart des transactions financières se font par transfert digital, l'affaire s'est vite révélée très lucrative.

L'arnaque, qui consiste à usurper l'identité des usagers des opérateurs télécom pour accéder à leurs portefeuilles numériques, s'appuie sur la corruption de certains de leurs employés. Ces derniers fournissent alors les données récoltées aux petites mains de l'informatique de Mulot, elles-mêmes recrutées par des agents dont les patrons sont à la tête de ce que l'on appelle un « cartel ». Selon un rapport du Centre national de recherche sur le crime, l'escroquerie par usurpation d'identité représente plus du quart des affaires de cybercriminalité au Kenya et des millions de shillings de pertes pour les usagers.

Centres de formation en cybercriminalité

A Mulot, le secteur est à ce point florissant que les cybercriminels ont ouvert des centres de formation. Selon Telco, des jeunes paient jusqu'à 15 000 shillings - environ 110 euros - pour apprendre l'escroquerie en ligne. Afin de lutter contre ce phénomène, les autorités kényanes ont promis de construire sur place un centre industriel informatique pour offrir aux jeunes des perspectives d'emploi et une alternative à la criminalité.

Pour le chercheur Patrick Naef, anthropologue à l'Université de Genève et spécialiste de la violence urbaine et de la criminalité, il s'agit d'« une bonne idée qui peut devenir une mauvaise idée. Le risque, explique-t-il, c'est de former des criminels encore meilleurs qu'avant si l'on n'est pas capable de leur proposer quelque chose sur le long terme. ». Le projet est, lui, dans les cartons depuis deux ans déjà.

Les cartels sont très adaptables, très diversifiés, et deviennent de plus en plus forts dans l'utilisation des nouvelles technologies.

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