Au Ghana, cinq jours après l'annonce de la victoire de John Dramani Mahama à la présidentielle, clap de fin pour la coalition des fact-checkeurs du pays : cette alliance réunissant plus d'une cinquantaine de vérificateurs d'infos s'était formée en amont des élections générales du 7 décembre pour lutter contre les fausses nouvelles qui submergent de plus en plus les grandes échéances politiques à travers le monde. Rencontre avec l'un des fondateurs de cette initiative.
En une semaine, le journaliste Kwaku Krobea Asante et ses collègues ont dû vérifier plus d'une centaine de contenus mensongers publiés sur les réseaux Snapchat, X, et surtout Tik Tok. « Les thèmes les plus récurrents étaient liés aux partis politiques, explique-t-il. De la désinformation parfois créée par les partis eux-mêmes, et d'autres fois visant ces partis politiques ».
Nouveauté de cette élection, les équipes de Fact-Check Ghana, Dubawa et Ghana Fact - les trois médias de cette coalition - ont dû faire face aux contenus générés par intelligence artificielle reproduisant, notamment, les voix des principaux candidats. « Dans le cas de Mahamudu Bawumia et de John Dramani Mahama, qui en ont tous les deux été victimes, nous mettons dans un logiciel un extrait clair issu d'une de leurs interviews, et la voix artificielle, détaille Kwaku Krobea Asante. Le logiciel les analyse et peut nous dire si le son n'est pas humain ».
Le collectif se rassemblera à chaque échéance politique majeure
Si, comme l'affirme Kwaku Krobea Asante, les fausses nouvelles circulent toujours plus vite que leurs démentis, le journaliste se félicite néanmoins de l'audience conséquente de leurs vérifications, parfois même en tendance sur les réseaux sociaux : « Nous avons reçu plein de messages de personnes disant qu'elles ont utilisé nos contenus pour informer le public, et même remporter des débats ! »
Fort de son succès, le collectif a dorénavant décidé de se rassembler à chaque échéance politique majeure.
Le candidat du parti d'opposition au Ghana John Mahama a remporté la présidentielle avec 56 % des voix face au candidat du parti au pouvoir et vice-président du pays Mahamudu Bawumia (41 %), a annoncé le 9 décembre la Commission électorale. John Mahama, 66 ans, qui a été président du pays de 2012 à 2017 et avait échoué à deux reprises à revenir au pouvoir, a promis de relancer l'économie et de mettre en place des réformes anti-corruption.