En Tanzanie, Tundu Lissu, le vice-président du principal parti d'opposition, Chadema, a officialisé mardi sa candidature à la présidence du parti. En cas de victoire, il deviendrait le candidat du Chadema pour la prochaine élection présidentielle de l'an prochain, et entrerait ainsi en confrontation directe avec l'actuel président du parti, Freeman Mbowe, en poste depuis près de vingt ans.
« De nouveaux problèmes appellent de nouvelles solutions » : c'est ainsi que Tundu Lissu a annoncé vendredi dernier sa candidature à la présidence du Chadema, principal parti d'opposition en Tanzanie.
En désaccord avec la ligne actuelle du président du mouvement, Freeman Mbowe, Lissu critique une approche jugée trop conciliante vis-à-vis du parti au pouvoir, le CCM. Selon lui, Chadema a trop cédé sans obtenir de véritables avancées, notamment sur les réformes électorales promises par la présidente tanzanienne, Samia Suluhu Hassan.
Pour Tundu Lissu, le CCM continue de monopoliser le pouvoir, comme en témoigne son quasi sans-faute lors des dernières élections locales, un scénario similaire à l'ère de John Magufuli. Cette candidature à la présidence du parti d'opposition met en lumière des tensions internes et des désaccords stratégiques au sein du Chadema, à l'approche des élections générales de décembre 2025. La bataille pour le leadership s'annonce serrée et déterminante.
« La fracture entre Mbowe et Tundu Lissu est évidente »
Selon Nicodemus Minde, chercheur à l'Institut des études de sécurité de Nairobi, ces divergences internes pourraient soit renforcer Chadema, soit le fracturer.
« Par le passé, certains ont tenté de défier Freeman Mbowe pour la présidence du Chadema : l'un a quitté le parti, l'autre a eu des ennuis. Aujourd'hui, la fracture entre Mbowe et Tundu Lissu est évidente. Toutefois, une telle compétition entre les deux pourrait également renforcer le parti, à condition que le résultat soit respecté. Mais d'un autre côté, certains pensent qu'il pourrait y avoir une manipulation de la part du parti au pouvoir, le CCM, dans le but de déstabiliser Chadema en s'attaquant au leadership de Mbowe, qui est devenu une figure symbolique du mouvement », décrypte-t-il.
Première étape de ce duel : les élections internes prévues en début d'année prochaine. Freeman Mbowe, lui, entretient le suspense sur sa candidature pour un nouveau mandat, lâchant simplement cette phrase sibylline : « Le temps nous le dira. »