Colocataire et amant d'Edwin Chiloba dont le corps avait été découvert dans une malle sur le bas-côté d'une route de la vallée du Rift il y a près de deux ans, Jacktone Odhiambo a été reconnu coupable du meurtre du militant LGBTQ+, ce mardi 16 décembre. Il a été condamné à une peine de 50 ans de prison dans une affaire qui avait ému jusqu'au haut-commissaire de l'ONU aux droits de l'homme, Volker Türk.
C'est une affaire qui avait fait beaucoup de bruit au Kenya. Une affaire à propos de laquelle aussi le haut-commissaire de l'ONU aux droits de l'homme, Volker Türk, s'était dit « secoué ». En janvier 2023, le corps sans vie d'Edwin Chiloba, un militant des droits des personnes LGBTQ+, avait été retrouvé dans une malle, sur le bas-côté d'une route de la vallée du Rift.
Près de deux ans plus tard, la justice kényane vient de rendre sa décision dans cette affaire. Ce mardi 16 décembre, la Cour de justice d'Eldoret, dans l'ouest du pays, a reconnu Jacktone Odhiambo, l'ancien colocataire et amant d'Edwin Chiloba, coupable de la mort de l'activiste et l'a condamné à une peine de 50 ans de prison.
Un soulagement en demi-teinte pour la famille de la victime
À l'ouverture du procès, la famille de la victime avait, elle, demandé la peine de mort à l'encontre de l'accusé. Si les juges ne sont pas allés jusqu'à cette extrémité, ils ont néanmoins prononcé une peine très lourde qu'ils justifient par la manière diabolique dont le crime a été commis. Au fil de l'enquête, l'autopsie du corps d'Edwin Chiloba a, en effet, permis d'établir qu'il est mort par suffocation dans la malle où sa dépouille a été retrouvée, des chaussettes dans la bouche et un morceau de jean autour de la tête.
Pour la famille de la victime, cette sentence n'est toutefois qu'un soulagement en demi-teinte. Alors que le mobile du crime n'a toujours pas pu être établi, la police n'a par ailleurs jamais consenti à traiter ce dossier comme une affaire de violence domestique malgré les preuves d'une relation entre les deux hommes. Quant à Jacktone Odhiambo, il a lui plaidé non coupable des faits qui lui sont reprochés et n'a exprimé aucun remord à l'issue du procès, selon les juges.
Les relations sexuelles entre personnes de même sexe étant, au Kenya, punies par la loi - les peines peuvent aller jusqu'à 14 ans d'emprisonnement - les personnes LGBTQ+ y sont souvent confrontées à la précarité et aux discriminations.