La République démocratique du Congo (RDC) est-elle victime de ses immenses richesses naturelles ? C'est la question que l'on peut se poser, au regard de la guerre qui n'en finit pas de déchirer ce vaste pays d'Afrique centrale devenu un véritable chaudron en raison de la prolifération de groupes armés dont le principal objectif est l'occupation et le contrôle de zones minières.
Une stratégie qui est loin d'être anodine d'autant plus qu'elle permet à ces groupes rebelles de se procurer le nerf de...leur guerre à travers des trafics illégaux de minerais qui font de la RDC, une véritable caverne d'Ali Baba pour certaines multinationales. Celles-ci agissent en vraies prédatrices obnubilées par le seul appât du gain et engagées dans une course effrénée à l'enrichissement. La conséquence est que sans véritable emprise sur ces importants flux de minerais qui échappent totalement à son contrôle et à son économie, la RDC se retrouve au milieu de la fournaise d'une guerre dont elle a du mal à supporter le fardeau et qui profite à des intérêts cachés dont les ramifications vont au-delà des frontières du pays. Un véritable pillage organisé des ressources naturelles du pays, qui se fait sur le sang d'innocentes populations. Lesquelles, en plus d'être spoliées de leurs terres et de leurs richesses, sont condamnées à vivre les tourments d'une guerre qui leur a tout enlevé.
Les intérêts en jeu sont énormes
C'est dire le contexte d'instabilité chronique sur fond de crise sécuritaire complexe dans lequel est plongé la RDC dont les autorités ne savent plus à quel saint se vouer pour ramener la paix dans leur pays. Toujours est-il que c'est aussi dans ce contexte qu'on apprend que l'Etat congolais a déposé une plainte contre les filiales du groupe Apple, le géant mondial de la technologie, en Belgique et en France, accusé d'utiliser dans ses produits, des minerais « exploités illégalement » en RDC. Une procédure judiciaire qui s'annonce, d'ores et déjà, comme un combat de titans ; tant les intérêts en jeu sont énormes.
L'Etat congolais accusant la célèbre marque à la pomme, de s'approvisionner en minerais de contrebande convoyés depuis l'Est du pays plongé dans une crise sécuritaire d'ampleur liée à l'activisme des rebelles du M23, via le Rwanda voisin où ces minerais du sang sont blanchis et « intégrés dans les chaînes d'approvisionnement mondiales ». La question qui se pose est de savoir jusqu'où ira cette plainte et si la RDC aura gain de cause contre le géant mondial de la technologie et le Rwanda qui rejettent tous en bloc les accusations portées à leur encontre. La question est d'autant plus fondée que ce n'est pas la première fois que Kigali est pointée du doigt dans le conflit à l'Est de la RDC. Au-delà des accusations de Kinshasa, le Rwanda a été épinglé par plusieurs rapports onusiens pour son soutien aux rebelles du M23.
Les responsabilités sont partagées
Cette plainte tend à révéler les dessous de ce conflit sans fin au pays de Mobutu Séssé Séko où des prédateurs tapis dans l'ombre, travaillent toujours à attiser le feu de la guerre pour mieux tirer leurs marrons... de la fournaise congolaise. A ce rythme, on se demande si la RDC connaîtra un jour la paix. Déjà, l'étendue du pays constitue un véritable handicap sérieux pour le contrôle des immenses réserves minières par le gouvernement de Kinshasa. Si l'on ajoute à cela, le dénuement en équipements militaires conséquents, de l'armée qui n'arrive pas à mettre au pas les groupes armés qui pullulent dans le pays, on comprend que le terrain soit largement favorable aux pêcheurs en eaux troubles qui tirent profit de l'exploitation illicite des minerais.
Aujourd'hui, c'est Apple qui est pointé du doigt par les autorités congolaises. Et tout le mal qu'on souhaite, c'est que la vérité éclate dans ce dossier boueux. Mais Dieu seul sait combien de multinationales voire de puissances étrangères sont trempées dans le trafic de ces minerais du sang en RDC, ou d'autres métaux précieux ailleurs sur le continent noir. Mais si les multinationales sont souvent incriminées, il faut admettre que les responsabilités sont souvent partagées. Car, on ne peut pas toujours absoudre à bons comptes les dirigeants africains dont certains se rendent parfois complices de pratiques mafieuses qui expliquent bien des volontés de s'accrocher ad vitam aeternam au pouvoir. Et c'est le pauvre peuple qui récoltera toujours les pots cassés.