En raison de la fluctuation persistante sur le marché des devises, la Banque de Maurice (BoM) prévoit de mettre en place des mesures pour y remédier et lutter contre le «marché noir» qui s'est développé dans le pays. Lors d'un point de presse hier après-midi au siège de la BoM, le gouverneur, Rama Sithanen, a annoncé des mesures «à court terme» pour «éliminer les distorsions» affectant la valeur de la roupie.
Réglementation des opérations
La première mesure concerne les Foreign Exchange Brokers opérant sans permis de la BoM pour l'achat et la vente de devises. Ils devront désormais soumettre une demande à la BoM pour régulariser leurs activités. Le gouverneur a également averti que les entreprises collaborant avec ces courtiers commettaient une «infraction».
La deuxième mesure vise les activités non réglementées de certaines entreprises détenant un permis d'opération délivré par la Financial Services Commission (FSC). «Aucun détenteur d'un permis de la FSC n'est autorisé à s'engager dans l'achat et la vente de devises étrangères», a averti le gouverneur, ajoutant que cela contribuait à la création d'un «marché noir». La troisième mesure cible les transactions dites Customer-to-Customer, où une personne possédant des dollars les crédite à une autre, qui les rembourse en roupies. «Cette pratique est illégale, car aucun individu ne peut effectuer ce type d'opération», a-t-il déclaré et a demandé l'arrêt immédiat de ces pratiques.
Le gouverneur a également annoncé que la BoM surveillerait de près le Forward Pricing et les Swaps. Il a ajouté que les comptes Vostro et Nostro feraient l'objet d'un examen approfondi car les flux financiers associés ne sont pas normaux. Il a par ailleurs critiqué le paiement des frais universitaires à l'étranger en roupies et estime que cette pratique est inappropriée.
Ventes d'IRS
La conduite des opérateurs sera également examinée, a-t-il affirmé. «Nou kone kisann la pe fer kwa ek kisann la pe abiz sistem», a-t-il déclaré. Il a précisé qu'une stratégie de communication sera mise en oeuvre pour accompagner ces mesures. Il a également annoncé que 85 % des ventes d'IRS (Integrated Resort Scheme) devront être effectuées en roupies mauriciennes, le reste étant payable en devises. Lorsque ces biens sont vendus à des Mauriciens, la transaction devra se faire intégralement en roupies.
Le gouverneur a dénoncé le fait qu'une minorité profite du marché des devises, tandis que la population subit les conséquences de l'inflation et de la dépréciation de la roupie. «Ceux qui exportent en devises en bénéficient, car ils reçoivent plus d'argent. Les banques profitent également, tout comme les ventes d'IRS réalisées en devises», a-t-il affirmé.
D'ajouter que les bénéficiaires de la Mauritius Investment Corporation (MIC) ont également tiré avantage de la faible valeur de la roupie. Selon lui, entre 2020 et 2024, la BoM a injecté Rs 225 milliards pour stabiliser la roupie face à une demande soutenue. Malgré ces efforts, la monnaie locale s'est dépréciée de 27 %. Le Monetary Policy Committee sera également reconstitué. Le calendrier des réunions et les rapports des délibérations seront désormais rendus publics.
Le conseil d'administration de la MIC a également été remanié. Les nouveaux membres sont Rajeev Hasnah, Gérard Sanspeur, Bhavna Ramsurrun, Rehana Kasenally, Vedna Mulloo, Verena Tandrayen-Ragoobur et André Chung Shui.