Congo-Kinshasa: Tournée de Tshisekedi sur fond de reprise des combats au pays - Une solution diplomatique est-elle encore possible ?

Entretien entre les présidents burundais, Evariste Ndayishimiye, et congolais, Félix-Antoine Tshisekedi, mercredi 23 février 2022 à Kinshasa ( Photo d'illustration)
23 Décembre 2024

Après Brazzaville où il s'est rendu le 21 décembre dernier en visite officielle auprès de son homologue congolais, Denis Sassou Nguesso, le président de la République démocratique du Congo (RDC), Félix Tshisekedi, était le lendemain à Bujumbura pour discuter coopération et questions sécuritaires avec son homologue burundais, Evariste Ndayishimiye. Un ballet diplomatique mené au pas de course par le maître de Kinshasa qui multiplie les initiatives pour trouver une solution à la crise sécuritaire dans l'Est de son pays, devenue un sujet de forte préoccupation depuis la résurgence du M23 en novembre 2021.

Du nom de ce groupe rebelle vaincu en 2013 par les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) soutenues par la force onusienne de la MONUSCO, mais qui occupe désormais de larges pans du territoire depuis qu'il a repris les armes il y a plus de trois ans. Et ce, grâce au soutien du Rwanda qui, en plus d'avoir été épinglé par de nombreux rapports onusiens, a directement été mis à l'index par des puissances occidentales comme les Etats-Unis et la France ; deux pays lui ont demandé de cesser son soutien à ces rebelles qui se rendent coupables des pires exactions sur les populations ainsi que de massacres de civils.

Avec des positions aussi tranchées, on se demande ce que peut encore Denis Sassou Nguesso

Bien entendu, Kigali est dans la dénégation. Mais face à la récurrence des accusations de Kinshasa et les rapports qui s'accumulent, l'implication du Rwanda dans l'aggravation de cette crise qui déchire l'Est de la RDC, ne fait plus l'ombre d'un doute aux yeux de plus d'un observateur. C'est dire si la solution à la guerre qui ravage la partie orientale de la RDC où le M23 donne du fil à retordre à l'armée congolaise, passe aussi par le Rwanda. Et c'est ce qui fait courir le président Tshisekedi qui ne sait plus à quel médiateur se vouer pour trouver une solution afin de ramener la paix dans son pays.

Et c'est ce qui justifie, sans doute, aussi ses récents déplacements à Brazzaville et à Bujumbura qui sont autant de preuves de sa ténacité et de son opiniâtreté dans ce dossier épineux. Toujours est-il que ce sont des visites d'Etat qui interviennent dans un contexte où les combats ont repris sur le terrain en RDC, après l'échec des négociations de Luanda où il était question de la signature d'un accord « pour le rétablissement de la paix et de la sécurité dans l'Est de la RDC ». La question qui se pose est de savoir si une solution diplomatique est encore possible dans cette crise entre le Rwanda et la RDC.

La question est d'autant plus fondée que la médiation angolaise, qui a pris le relais du Kenya dans les conditions que l'on sait, peine encore à trouver le consensus nécessaire pour aller à la signature d'un accord de sortie de crise. Et dans les multiples tentatives de rapprochement entre les deux chefs d'Etat, quand ce n'est pas Félix Tshisekedi qui se fait désirer, c'est Paul Kagame qui est aux abonnés absents comme cela a été le cas dans la capitale angolaise le 16 décembre dernier.

Paul Kagame reste stoïque face à la pression de la communauté internationale

Une absence remarquable et remarquée, qui a douché les espoirs de paix et de réussite du processus de Luanda qui poussait pourtant à l'optimisme quelques jours auparavant. C'est à se demander si les acteurs engagés dans ce processus, sont de bonne foi et si les ego surdimensionnés des deux chefs d'Etat ne sont pas pour quelque chose dans ces nombreux rendez-vous manqués avec la paix. On est d'autant plus porté à se poser la question que dans les discussions, l'homme fort de Kigali ne cesse d'insister sur la nécessité, pour les autorités congolaises, d'engager des pourparlers directs avec le M23, là où le maître de Kinshasa qui ne veut pas sentir ces rebelles, même en peinture, a toujours opposé un niet catégorique.

En tout état de cause, avec des positions aussi tranchées, on se demande ce que peut encore Denis Sassou Nguesso pour tenter de rabibocher les deux chefs d'Etat qui ne sont pas loin de se regarder en chiens de faïence. L'Homme fort de Brazzaville a-t-il l'oreille de Kagamé? Rien n'est moins sûr. Surtout quand on voit comment Paul Kagame reste stoïque face à la pression de la communauté internationale. Quant à Evariste Ndayishimiye dont le pays n'est pas connu pour entretenir les meilleures relations avec le Rwanda, on imagine que cette visite éclair de Félix Tshisekedi vise plus à s'assurer la fidélité et l'appui d'un allié, qu'autre chose dans ce conflit qui est encore loin de livrer tous ses dessous.

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