Les zones minières sont moins dotées de services publics et d'infrastructures que les zones non minières.
Key findings
- Comparés à leurs compatriotes vivant hors des zones minières, les Guinéens qui résident dans les préfectures minières : o Ont moins accès aux services et infrastructures tels qu'un réseau électrique (31% contre 48%), un système d'adduction d'eau (14% contre 27%), un système d'évacuation des eaux usées (10% contre 26%), une école (82% contre 97%), un centre de santé (56% contre 64%), un moyen de transport payant (50% contre 59%) et un marché (31% contre 41%). o Sont moins nombreux à qualifier de bonnes leurs conditions de vie (27% contre 33%). o Sont plus touchés par une forte pauvreté vécue (55% contre 47%). o Ont plus régulièrement manqué de revenus en espèces (78% contre 64%), de médicaments ou de soins médicaux (52% contre 42%) et d'eau potable (48% contre 34%).
- L'écrasante majorité des Guinéens désapprouvent la performance de leur gouvernement dans la création d'emplois (88%) et l'amélioration des conditions de vie des pauvres (84%). Ces évaluations sont presque identiques chez les répondants riverains des préfectures minières et non minières.
La Guinée possède un vaste potentiel minier qui représente un pilier essentiel de son économie nationale, au même titre que l'agriculture et l'énergie. Avec l'une des plus grandes concentrations mondiales de ressources naturelles, le pays dispose de plus de 40 milliards de tonnes de bauxite, 20 milliards de tonnes de fer de haute qualité, ainsi que des quantités significatives d'or, de diamants, d'uranium, de graphite, de cuivre et de pétrole. Ce secteur, qui contribue entre 12% et 15% du produit intérieur brut national, joue un rôle clé dans la croissance économique (Legisement.info, 2022).
Cependant, malgré ce potentiel, une grande partie de la population vit sous le seuil de la pauvreté, et la Guinée figure parmi les pays ayant les plus faibles indices de développement humain (Programme des Nations Unies pour le Développement, 2024).
Pour remédier à cette situation, la Guinée mise sur l'exploitation des ressources minières à travers des initiatives clés. Le Fonds de Développement Local prévoit que 0,5% et 1% du chiffre d'affaires des entreprises minières soient alloués aux communautés directement impactées et vivant à proximité des sites d'exploitation minière (République de Guinée, 2017). Aussi, conformément au Code Minier, 15% des revenus miniers nationaux sont réservés au financement des collectivités locales afin de promouvoir un développement inclusif (République de Guinée, 2011).
Théoriquement, l'exploitation des ressources minières devrait améliorer les conditions de vie des populations environnantes grâce aux revenus générés pour les gouvernements et à la création d'emplois. Cependant, dans de nombreux cas, les populations vivant près des sites miniers ne bénéficient pas directement de ces avantages, et dans certains cas, elles peuvent même subir des impacts négatifs (Chuhan-Pole, Dabalen, & Land, 2017).
Ainsi, l'exploitation des ressources minières améliore-t-elle réellement les conditions de vie des populations environnantes par rapport à celles des autres régions de Guinée qui ne sont pas minières ?
D'après les résultats de la plus récente enquête Afrobarometer, les zones minières sont moins dotées de services publics et d'infrastructures que les zones non minières. Les Guinéens riverains des zones minières sont moins nombreux à percevoir leurs conditions de vie comme bonnes et subissent davantage de pénuries d'eau potable, de soins médicaux et de revenus que les autres Guinéens. Cette situation s'ajoute à une insatisfaction généralisée envers la performance du gouvernement dans la lutte contre la pauvreté et la création d'emplois, sentiment partagé tant par les résidents des zones minières que non minières.
Mohamed Sylla Mohamed Sylla est le responsable de la communication à Stat View International, partenaire national d'Afrobarometer en Guinée.