Mozambique: Validation des résultats de la présidentielle - Une victoire au goût amer

Après que la police anti-émeute ait dispersé une foule à proximité du siège local du Frelimo, les gens ont érigé des barricades en feu pour bloquer la circulation.
24 Décembre 2024
analyse

Déclaré vainqueur par l'autorité électorale au Mozambique, à l'issue de la présidentielle du 9 octobre dernier, Daniel Chapo, candidat du Front de libération du Mozambique (Frelimo), parti au pouvoir, présidera aux destinées du pays pour les cinq prochaines années.

En effet, sa victoire a été confirmée, le 23 décembre 2024, par la Cour constitutionnelle, et ce, malgré les irrégularités relevées par plusieurs missions d'observation internationales. Les grands juges ont, en effet, validé la victoire de l'ancien gouverneur provincial, avec 65,17 % des voix, soit 5 points de moins que le score établi par la Commission électorale, il y a deux mois de cela, déclarant, par la même occasion, que les irrégularités enregistrées au cours du scrutin, « n'ont pas substantiellement influencé les résultats ». Une victoire confirmée qui n'empêche pourtant pas le Mozambique d'être dans la tourmente.

A preuve, les partisans de l'opposant Venancio Mondlane qui a obtenu 24,29% des voix, selon les grands juges qui ont siégé, rejettent les résultats et entendent poursuivre les manifestations de rue. C'est dire si la pilule ne passe pas. Du reste, pas plus tard que le 23 décembre dernier, ils sont descendus dans la rue pour manifester leur désapprobation face à ce qu'ils qualifient de « vol ».

Le décompte macabre est déjà trop lourd pour qu'on veuille en rajouter

Toute chose qui n'augure rien de bon, quand on sait que les manifs qui ont éclaté au lendemain du scrutin, ont fait déjà 130 morts, selon l'ONG locale Plataforma Decide. Une répression qui prouve que le parti à la tête de l'Etat mozambicain depuis un demi-siècle, n'est pas prêt à céder à la pression. Et son candidat âgé de 47 ans, rejeté par une partie de la rue, fera tout pour succéder au président sortant Filipe Nyusi frappé par la limite des deux mandats constitutionnels.

Car, faut-il le rappeler, la passation du pouvoir entre les deux hommes issus du parti Frelimo, est prévue pour le 15 janvier 2025. Cela dit, au regard de la détermination du clan de Daniel Chapo à ne pas courber l'échine, il faut craindre que la liste des victimes post-électorales, ne s'allonge davantage. Toute chose que les uns et les autres redoutent surtout que le pays se trouve déjà dans l'oeil du cyclone.

En effet, le Mozambique est en proie à une crise sécuritaire liée au terrorisme, qui endeuille des familles. A cette crise, est venue s'ajouter la crise politique en cours, sans oublier les 73 personnes disparues, il y a quelques jours de cela, suite au passage du cyclone Chido qui a balayé une partie du territoire. Ce qui devrait faire réfléchir le Front de libération du Mozambique, et inviter l'ensemble de la classe politique à plus de retenue. Car, le décompte macabre est déjà trop lourd pour qu'on veuille en rajouter.

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