Kaffrine — La campagne de commercialisation de l'arachide a démarré sans couac dans la région de Kaffrine, mais les opérateurs privés stockeurs peinent à trouver des financements pour collecter une grande quantité.
"La campagne a bien démarré depuis le 5 décembre avec 11 engagements pris par l'Etat du Sénégal. Nous nous en félicitons, mais nous constatons en même temps que les banques n'ont pas encore sorti l'argent pour aider les paysans et certains producteurs peinent à avoir des financements", a déclaré à l'APS, Ali Diaw, le président du conseil national de concertation et de coopération des ruraux (CNCR) de Kaffrine
Selon cet opérateur économique, cette situation peut s'expliquer par les impayés que l'État doit aux opérateurs privés stockeurs.
Il ajoute que les paysans sont toujours dans les champs pour terminer les derniers travaux.
Au marché de Kaffrine, dans certains points de collecte, on constate un rush de paysans qui viennent très tôt le matin vendre leurs graines d'arachide.
De loin, on aperçoit des dizaines de sacs bien rangés sur des charrettes. A côté, des ouvriers effectuent le déchargement sous la surveillance du commerçant, assis sur sa bascule de pesage.
Plusieurs sacs d'arachide sont rangés çà et là. Un décor habituel en cette période de campagne de commercialisation.
"Les choses commencent à bouger à un rythme normal, sans couac pour le moment", d'après l'opérateur économique, Ibrahima Sy.
Dans les allées du marché central de la capitale du Ndoucoumane, c'est une ambiance bon enfant. Des camions benne de seize mètres attendent leur chargement avant de prendre la direction des usines de la SONACOS, la société nationale de commercialisation des oléagineux du Sénégal.
Les points de vente ne sont pas encore validés de manière officielle, renseigne le directeur régional du développement rural de Kaffrine, Mamadou Badiane.
"Cette année, les clients viennent en masse pour vendre leurs arachides. Nous respectons dans ce magasin en tant qu'opérateur économique les prix fixés par l'État du Sénégal à savoir : 305 francs le kilo. C'est vrai, il n y a passez de quantité, mais les prix sont abordables", souligne l'opérateur Ibrahima Sy.
Il relève toutefois le manque d'argent auquel font face les opérateurs économiques. Mais, indique-t-il, »la SONACOS, cette année, a apporté des changements dans la campagne, car elle paie à temps les chèques et le temps d'attente à l'usine est réduit au grand bonheur des opérateurs économiques".
L'opérateur félicite le gouvernement pour le prix fixé à 305 francs le kilogramme et les différentes mesures prises pour assurer une bonne campagne de commercialisation.
A quelques encablures, le décor reste le même au magasin de l'opérateur économique, El Hadji Diaw, trouvé à l'intérieur, au milieu des sacs de maïs, de mil et d'arachide.
"La campagne a bien démarré avec un bon prix, certes, mais nous souhaiterions que l'Etat nous appuie davantage, car nous avons des charges liées aux manutentions, l'abattement, l'achat des sacs et le paiement du gérant à la SONACOS. Ce sont des frais supplémentaires, alors qu'il n'y a pas d'argent", note-t-il.
L'opérateur qui achète à 305 francs CFA le kilogramme d'arachide pour le vendre à l'usine à 335 francs CFA sollicite auprès de l'Etat l'augmentation du prix sur le marché
Il révèle avoir transporté, depuis le démarrage de la campagne, plus de 4 camions de la commune de Kaffrine, en direction l'usine de Sonacos. Pour chaque camion, ils (les opérateurs privés stockeurs) payent 10 millions de francs CFA, précise-t-il.
Les ouvriers, dont le travail consiste à charger et décharger les camions convoyant l'arachide, soutiennent que la campagne bat son plein, contrairement à l'année dernière, où à pareille époque c'était presque le statuquo.
"Nous nous frottons les mains pour cette campagne, car presque chaque deux jours, on charge et décharge un camion ou deux entre Birkilane et Kaffrine et on gagne dans la journée 25 000 francs CFA", témoigne l'un d'entre eux.
La campagne de commercialisation de l'arachide suit également son cours dans le département de Birkilane. Ici, les paysans soutiennent que les récoltes ne sont pas bonnes cette année, car il n'y a pas assez d'arachide.
Une équipe de l'APS s'est rendue au village de Keur Sassy, dans la commune de Diamal, pour rencontrer, Aliou Diouf, un jeune producteur agricole très attaché à la terre.
Ce samedi matin, la famille Diouf, déjà réveillée, est en train de préparer le petit déjeuner. Agé d'une cinquantaine d'années, habillé en t-shirt noir, Aliou Diouf est un passionné des champs. Après avoir fini de prendre le petit déjeuner, il demande à ses enfants de préparer la charrette pour se rendre au champ.
Le jeune producteur a emblavé cette année 10 hectares. Arrivés, sur les lieux, on voit des tas de paille d'arachide aménagés, en attendant le battage. Cette opération consiste à séparer les grains ou les gousses avec la portion de la plante de l'arachide.
Après cette phase, on procède au vannage des graines de l'arachide. Il s'agit de soulever la bassine contenant les graines d'arachide après décorticage à hauteur de la tête puis les verser lentement dans une autre posée sur une bâche.
Aliou Diouf a plaidé pour l'acquisition des équipements et des subventions. Pendant la campagne agricole, il emploie engage sept personnes pour l'aider dans les travaux du semis à la récolte.
Pendant ce temps, à l'intérieur du champ, des femmes venues du village de Keur Sassy et les autres localités procèdent au ramassage des graines d'arachide en coque. Une activité pas du tout rentable cette année, confie une femme de taille moyenne, une bassine entre les mains.
"Notre travail consiste à ramasser les graines d'arachide en coque pour les vendre et acheter des vivres et même changer les mobiliers de nos chambres", explique Astou Fall, ajoutant que cette année, tout est presque à l'arrêt, car il n'y a pas d'arachide dans les champs.